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Adichie la montante
Parution.la chronique africaine de Benaouda Lebdaï
Publié dans El Watan le 02 - 05 - 2015

Romancière africaine atypique avec une écriture originale parmi les lettres africaines en plein bouleversement, Chimamanda Ngozi Adichie, qui déclare sans hésitation son féminisme, ne cesse de s'imposer. La chanteuse Beyonce, lauréate du Grammy Award 2015, a d'ailleurs mis ses poèmes en chansons.
Adichie est née à Enugu au Nigeria, en 1977, dans la même tribu que celle de son aîné Chinua Achebe. Un héritage motivant et inspirant au plan de la création. Après un début d'études en médecine, elle s'oriente vers la communication et les sciences politiques aux Etats-Unis, à Philadelphie, puis des études de «creative writing» (création littéraire) à Johns Hopkins University, qui la confortent dans son désir d'écriture.
Elle a ainsi commencé à écrire à partir de l'ailleurs pour dire le présent sans négliger le passé.
Bien que migrante, elle se revendique d'abord comme Nigériane, son appartenance étant devenue de plus en plus en forte à son pays, ses senteurs, sa cuisine, ses gens, sa famille... Chimamanda Adichie clame avec force et conviction son africanité. Son long séjour en Amérique a fait d'elle une «Afropolitaine», terme désignant un Africain des grandes villes de l'Occident. Elle vit aujourd'hui une partie de l'année au Nigeria où elle enseigne, et l'autre aux Etats-Unis où elle se consacre à son écriture. Ses premières poésies publiées en 1997 portent sur les événements du Biafra, tout comme l'avait fait Chinua Achebe durant la guerre fratricide nigériane.
Son premier roman, L'Hibiscus pourpre, dont la subtilité et la finesse ont attiré l'attention des critiques littéraires, a reçu le Prix du Commonwealth 2005. Elle a publié ensuite une série de nouvelles sous le titre Autour de ton cou. Puis, elle est revenue au roman avec L'autre moitié du soleil sur la guerre du Biafra, sujet qui lui tient à cœur. En 2014, un film est adapté de cette œuvre par le réalisateur Biyi Bandele.
Ces succès l'ont convaincue de poursuivre une vocation d'autant plus forte qu'elle est une conteuse née à la manière des griots. Elle le prouve de manière magistrale avec son troisième roman, Americanah, soutenu par la critique en Amérique et en Grande-Bretagne. Traduit en français (Gallimard, 2014), c'est un beau succès de vente. Ce long roman de 523 pages donne la forte impression d'être une autofiction. Le personnage de Ifemelu renvoie de manière étonnante à certains faits de la vie de la romancière, ses mésaventures aux Etats-Unis et son retour au Nigeria, avec tout ce que cela comporte de joies et de déceptions après une longue absence.
Le titre est explicite quant à sa relation avec les Etats-Unis. On y perçoit l'espoir d'une vie meilleure dans le rêve américain et, en même temps, l'ironie par rapport à la réalité vécue. Adichie décrit un pays où les relations Blancs-Noirs ne sont pas encore apaisées. Le New York Times a placé Americanah dans la liste des dix meilleurs romans 2013.
Le personnage d'Ifemelu est une jeune Nigériane, partie aux Etats-Unis pour parfaire ses études, qui décide de revenir à Lagos après plus de dix ans. En parallèle, évolue Obinze, son amour de jeunesse, exilé à Londres à la même période pour fuir la dictature de l'époque. Obinze tente de rejoindre Ifemelu aux Etats-Unis, mais les événements du 11 septembre font que l'entrée aux USA lui est refusée. C'est à Lagos qu'ils se revoient, mais Obinze s'est marié et a une fille. Ifemelu tente de renouer l'amour perdu mais, si les sentiments restent forts, leurs vies ont évolué différemment.
Autour de cette intrigue amoureuse, l'essentiel du récit porte une histoire longue, avec moult détails sur l'expérience des vécus aux USA, en Angleterre et au Nigeria. Les histoires parallèles abordées dans le récit s'attachent à l'identité, au racisme, au rapport avec l'autre dans une situation d'exil ou d'émigration. Ifemelu met en scène certaines réactions des Blancs américains qui en disent long sur les préjugés racistes : «Il lui avait raconté que sa femme et lui avaient adopté un enfant noir et que leurs voisins les regardaient comme s'ils avaient choisi de devenir les martyrs d'une cause discutable». Ifemelu trace les rencontres et expériences de son séjour aux USA à travers des scènes succulentes de la vie des Noirs-Américains.
Elle dit, non sans humour, qu'elle a réalisé qu'elle était noire seulement en arrivant aux Etats-Unis. Le lecteur est pris dans un tourbillon d'anecdotes dans une fresque post-coloniale. L'immigration au pays de la statue de la Liberté est traitée de manière frontale, par le biais de personnages hauts en couleur qui racontent leurs déboires et critiquent le fait que si les uns veulent avoir leurs papiers, ils ne pourraient y accéder que par le mariage «bidon». L'humour est présent à chaque page. Le retour auprès d'Obinze fait ressurgir les sentiments enfouis et montre que le premier amour est aussi fort qu'un fort morceau de rock dans un environnement si mondialisé. Americanah est le superbe récit d'une écrivaine africaine qui s'impose.


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