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Quel impact sur la suite du mouvement indépendantiste ?
Mohamed El Korso. Professeur d'Histoire à l'université d'Alger
Publié dans El Watan le 10 - 05 - 2015

Le 8 Mai 1945 est à percevoir sous un double angle. Celui de la terreur sur laquelle a misé le colonisateur. D'inhibitrice, elle s'est transformée en un véritable catalyseur à l'origine de l'engagement aussi bien des moudjahidine que des moudjahidate qui avaient en mémoire les massacres du 8 Mai 1945. Les initiateurs du 1er Novembre 1954 ainsi que ceux qui rejoindront plus tard, aussi bien le
FLN que l'ALN, ont puisé leurs forces et leurs ressources dans cet événement tragique de l'histoire de l'Algérie.
- Depuis 2005, des responsables français se déplacent à Sétif, le premier fut l'ambassadeur Hubert Colin de Verdière. Quelle signification donner à ces «recueillements» ?
Il est indéniable que les déclarations des ambassadeurs Hubert Colin de Verdière (2006), de Bernard Bajolet suivies de celles des présidents Nicolas Sarkozi (2007) et de François Hollande (2012) ainsi que celle du secrétaire d'Etat à la Défense française chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini (19 mars 2015) constituent une avancée dans l'appréhension du fait colonial en Algérie entre 1830 et 1962.
Sauf que toutes ces déclarations ; très bien ciselées par ailleurs ; ne constituent aucunement une rupture avec le passé colonial. Une analyse du discours montre très amplement les limites politiques et idéologiques de ces déclarations. Hubert Colin de Verdière parle d'une «tragédie impardonnable», Sarkozi de «nature injuste de la colonisation» et Hollande de «devoir de vérité». Cela commence par le rétablissement par la France de la vérité sur ce qu'ont enduré les peuples qu'elle a colonisés.
Une tragédie qui dure 132 années, qui avilit tout un peuple le privant de sa liberté, de sa langue, de sa religion , allant même jusqu'à déporter une partie de sa population, contre lequel toute la puissance de feu de l'armée coloniale et de l'OTAN a été mobilisée, pour le réduire en cendres, sinon au silence, avant d'entamer contre lui une guerre atroce qui durera presque huit années avec son lot des détenus (hommes et femmes) qui ont subi en plus de la torture, l'innommable, qui vivent à ce jour le cauchemar des nuits rouges et du napalm pour certains d'entre eux, du sérum de vérité et de la gégène légalisée par les officiers et les politiques au plus haut niveau, des camps de la mort et des exécutions comme à la chasse aux perdreaux ; ne peut pas être qualifié de «tragédie».
La France d'en bas acceptera-t-elle de réduire l'occupation d'une partie de la France par les nazis à une «tragédie» ? Il y a l'histoire de France et l'histoire des peuples colonisés qui continuent malgré les indépendances à être perçues comme telle. La loi 2005 en est la meilleure preuve, elle en dit long sur la perception de la France de son passé colonial et du rôle qu'elle joue et compte jouer dans l'avenir dans ce qui fut ses anciennes colonies.
- La non-reconnaissance des crimes commis par le système colonial fait encore débat sans que cela n'aboutisse. Pourquoi, selon vous ?
Comme hier, l'Algérie divise la France en deux camps. Ceux qui sont pour la reconnaissance et la demande de pardon pour apurer le passé et rapprocher davantage les peuples des deux rives et ceux qui s'y opposent pour des raisons idéologiques et politiques, mais aussi pour garder le pouvoir.
Lors de la rencontre du 22 octobre 1956 à Belgrade, le représentant de la délégation française, Herbault, a répondu en ces termes au représentant de la délégation algérienne, Mohammed-Lamine Debaghine : «Aucun gouvernement français ne peut prononcer le mot ‘indépendance' concernant l'Algérie, sans être immédiatement renversé» (Réda Malek (1995), L'Algérie à Evian,p.26).
Remplacez le mot «indépendance» par «demande de pardon» et vous aurez la réponse à votre question. Mais comme pour le 3 juillet 1962, il faudra prendre son mal en patience. L'Algérie aurait pu décrocher son indépendance en 1956, mais elle ne voulait pas d'une indépendance bon marché.
- Comment jugez-vous l'attitude de l'Algérie officielle par rapport à cette question de la reconnaissance ?
Il est de tradition depuis 1999 que le président de la République prononce un discours à l'occasion des dates historiques, dont celle du 8 Mai 1945. L'ensemble des discours prononcés à cette occasion sont offensifs. Aller jusqu'à qualifier de «cécité mentale» la promulgation de la loi portant glorification du fait colonial est on ne peut plus juste et osée du point de vue diplomatique ; qualifier de «génocide» les terribles et sauvages massacres du 8 Mai 1945 est non seulement juste, en plus cela participe à l'élaboration et à l'enrichissement de notre lexique historique qui souffre d'indigence.
Sauf que la décision politique est plus qu'en retard sur le discours offensif. Il y a un grand décalage. Le discours ne trouve pas sa traduction sur le terrain politique. Bien au contraire. Le colonialisme est condamné comme jamais auparavant, mais comme jamais la France n'a trouvé de facilités dans tous les domaines en Algérie. Les officiels français l'ont si bien compris et assimilé, qu'ils n'ont pas eu à intervenir pour barrer la route au projet de criminalisation du colonialisme en Algérie.
- A quoi est due cette attitude trop timide des autorités algériennes ?
Ce qui est inexplicable, c'est de voir pour des raisons obscures la génération de Novembre faire à la limite le contraire de ce pour quoi ils ont pris les armes contre la France. C'est dommage. C'est ce que retiendra l'histoire avec un grand H.


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