Le ministère de l'Education nationale a décidé de renouveler les membres élus représentant les travailleurs au niveau des commissions de wilaya des œuvres sociales. «Pour assurer la continuité du fonctionnement des œuvres sociales au profit des travailleurs du secteur, le ministère de l'Education nationale a, dans sa mission d'accompagnement, engagé à travers la circulaire 473 datée du 29 avril 2015, l'opération de renouvellement des membres élus représentant les travailleurs au niveau des commissions de wilaya», a indiqué dimanche un communiqué de ce ministère. Une concertation avec tous les syndicats du secteur avait été organisée les 4 et 5 mai 2015 en vue de la mise en œuvre du processus de renouvellement des commissions de wilaya. «Tous les représentants des syndicats, au nombre de neuf, étaient présents, à l'exception d'un seul, et ce, malgré l'invitation qui lui a été adressée au même titre que les autres», a précisé le communiqué. Le mode de gestion centralisé de la commission nationale continue de faire réagir les syndicalistes. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) a dénoncé, dans une déclaration rendue publique, dimanche, le «revirement de la tutelle concernant la consultation autour de la méthode de gestion des œuvres sociales et lance un appel au boycott massif de l'élection des commissions de wilaya». «On s'insurge contre la mascarade électorale que met en place le ministère avec quelques lobbies. Nous sommes contre la gestion centralisée des œuvres sociales. Personne ne peut être le tuteur des travailleurs. Nous voulons récupérer les 300 milliards de centimes que veulent siphonner les lobbies avec le soutien de la tutelle», assène Idir Achour, porte-parole du CLA. Qu'a proposé ce syndicat à la tutelle ? «Nous avons demandé une consultation pour connaître le mode de gestion pour lequel opterons les travailleurs. Une fois choisi, on pourra à ce moment-là aller vers l'élection», précise le porte-parole. S'il conteste la centralisation des œuvres sociales, le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a décidé de prendre part aux élections. «Nous sommes pour la décentralisation de la gestion. Ce choix est motivé par la mauvaise gestion passée de ces œuvres par l'UGTA, que le ministère veut rééditer. Nous voulons un changement de la loi et non pas des hommes. La décentralisation permettra une transparence et un contrôle de l'argent des travailleurs. Cela dit, nous ne sommes pas complexés par la première ou la seconde option. Nos représentants participeront aux élections», soutient Meziane Meriane, coordinateur du Snapest. La tutelle veut contrôler les œuvres sociales L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), qui a tranché pour la centralisation, s'en prend aux syndicats qui «veulent gérer eux-mêmes les œuvres sociales». «Il y a huit syndicats qui sont contre ces élections. Ils jouent un double jeu. Ils réclament, dans les rencontres officielles avec le ministère, une désignation pure et simple des représentants qui siégeront aux commissions, alors qu'ils tiennent un autre langage en public. Ces syndicats savent qu'ils ne sont pas représentatifs et que la base, qui a choisi en 2011 la centralisation à 70%, est acquise aux élections», soutient Messaoud Amraoui, chargé de la communication de l'Unpef, qui estime qu'il est «inadmissible» de revenir à l'expérience de l'UGTA, en confiant les rênes des commissions à des syndicalistes dont le rôle légal est de contrôler. Si l'Unpef a décidé de présenter ses membres aux élections, qui auront lieu le 26 mai, elle s'indigne contre la décision de la tutelle d'interdire aux «détachés» de se représenter. «L'article 2 sur les conditions d'élection interdit aux détachés et aux présidents et vice-présidents des commissions de wilaya et nationale de se représenter aux élections après un premier mandat. Cette décision est illégale, puisque rien ne prévoit dans l'instruction une limitation des mandats. Le ministère veut faire contrôler la commission des œuvres sociales par son organe de gestion, qui a pris une année pour être installé. Les membres syndicalistes, qui seront élus à l'avenir, n'auront pas à s'impliquer dans les affaires de la commission vu leur peu d'expérience. L'UGTA a mal géré les œuvres sociales durant 7 ans, et nos représentants se sont mieux occupés des intérêts des travailleurs pendant trois ans», soutient Amraoui.