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Le pouvoir n'a fait que trouver un bouc émissaire
Noureddine Ahmine Membre du collectif des avocats pour la défense des Mozabites détenus à Ghardaïa
Publié dans El Watan le 24 - 07 - 2015

Les détenus des événements de Ghardaïa seront présentés une deuxième fois ce dimanche devant le juge d'instruction. Ils sont accusés de «terrorisme», d'«atteinte à la sûreté de l'Etat» et d'«incitation au meurtre». Me Noureddine Ahmine livre les détails du dossier.
Combien de personnes sont interpellées jusqu'à aujourd'hui et quelles sont leurs conditions en détention ?
Je n'ai aucune connaissance s'il y a eu des interpellations du côté malékite, même si je ne suis pas d'accord avec cette terminologie. Je dirai même que nous pensons qu'il n'y en a eu aucune. Côté Mozabites, 25 personnes ont été interpellées et seules 21 sont détenues, car les autres, qui sont vieux ou mineurs, ont été relâchés. Six personnes demeurent en état de fuite.
Mais il y a autre chose. Apparemment, les autorités font beaucoup plus de publicité concernant l'arrestation des Mozabites par rapport à l'arrestation des Malékites qui, si elle existe, elle s'est faite dans la discrétion la plus totale. La communauté mozabite est celle qui subit d'une manière ou d'une autre toute cette violence.
C'est un aspect très important à relever. Il ne faut pas oublier que nous ne cessons de recevoir des vidéos dans lesquelles on voit clairement les éléments de la gendarmerie et de la police se mettre du côté des émeutiers de la partie malékite, et ce, depuis le début du conflit. Pour les conditions de leur détention, nous n'en savons rien, dans la mesure où nous n'avons pas encore eu de contact direct avec les détenus.
Maintenant, vu que l'affaire est en instruction, nous avons le droit de leur rendre visite en prison pour discuter avec eux sur les conditions de leur détention. Nous avons entendu dire qu'elles sont difficiles.
Le parquet, par le biais du procureur de la République, a nié tout en affirmant le contraire. Nous prenons acte de ses déclarations jusqu'à preuve du contraire. J'ai été le 14 juillet à Ghardaïa pour me renseigner personnellement de leur situation. Des collègues rencontrés sur place m'ont affirmé que les parents étaient autorisés à voir leurs proches en prison.
Sur quelle base ces activistes ont-ils été interpellés ?
Sur la base du chef d'inculpation que nous connaissons aujourd'hui. Les accusations sont très lourdes et d'une extrême gravité. Kameleddine Fekhar et son groupe sont carrément accusés de terrorisme selon l'article 87 du code pénal, d'atteinte à la sûreté de l'Etat et d'incitation au meurtre.
Nous nous sommes constitués en collectif qui commence à grandir, car d'autres collègues ont exprimé le désir de nous rejoindre. Cette affaire dépasse l'entendement. J'ai l'impression qu'on veut les présenter comme les maux de Ghardaïa pour cacher l'échec de l'Etat dans son traitement de cette affaire.
L'Etat n'a jamais tenu ses promesses. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, alors chef de campagne du président-candidat durant la dernière élection présidentielle, avait promis aux habitants de Ghardaïa le retour de la sécurité, une fois que Bouteflika est réélu. Où sont ces promesses ? Nos responsables n'ont fait que trouver un bouc émissaire pour justifier leur impuissance.
Vous n'avez pas peur d'être accusé aujourd'hui de parti pris dans cette affaire en ne défendant que les Mozabites ? Car le défenseur des droits de l'homme que vous êtes est aussi censé chercher à savoir s'il y a des détenus malékites ou non…
Absolument. Personnellement, je ne suis pas contre. Mais jusqu'à présent et depuis les affrontements entre les deux communautés - à Berriane en 2008, à Guerrara ou à Ghardaïa, aucun Malékite n'a fait appel à nous pour le défendre. Sinon, nous l'aurions fait. Si nous défendons que les Mozabites aujourd'hui, c'est parce qu'ils sont les seuls à nous contacter. Je le précise pour que les choses soient bien claires.
Selon vous, pourquoi ce deux poids, deux mesures que vous dénoncez ?
L'objectif est clair. L'Etat veut faire croire aux Algériens qu'il a mis hors d'état de nuire le groupe qui serait, selon lui, derrière les événements de Ghardaïa. Il se trouve que ce groupe en question n'est composé que de Mozabites ! Ce sont des activistes.
Que nous soyons d'accord ou non avec leurs idées, cela est une autre paire de manches. La question qui se pose actuellement est comment se comporter avec les citoyens algériens dans des situations pareilles. L'Etat doit être impartial, ce qui n'est pas le cas malheureusement.
Qu'entendez-vous par l'échec de la politique de l'Etat ?
Comment un Etat comme l'Algérie puisse être incapable d'assurer la sécurité de ses citoyens et de leurs biens. La sauvegarde des biens et des personnes relève de sa responsabilité, car il a tous les moyens aujourd'hui pour réussir cette mission.
Donc, l'insécurité qui règne à Ghardaïa est aussi la résultante du laisser-aller de l'Etat qui n'assume toujours pas ses responsabilités.
A croire qu'il ne veut pas régler ce problème d'une manière radicale. Nos responsables sont en train de le gérer.
Déployer un dispositif sécuritaire à Ghardaïa ne réglera pas le problème. Les mesures prises par la justice ne doivent être que conservatoires en parallèle aux solutions objectives et adéquates, telles que l'ouverture d'enquêtes pour comprendre d'abord ce qui s'est passé. Ce sont des événements qui remontent à la fin 2013.
Ce qui est anormal c'est de constater que les affrontements perdurent encore deux ans après. Ce n'est pas Fekhar qui est dernière le début des événements.
Lui et son groupe ont peut-être quelque chose à se reprocher, mais ils ne sont pas responsables de ce massacre. J'ai lu dans El Watan, qu'un notable malékite de Ouargla, ayant réuni précédemment les deux communautés dans sa wilaya pour contribuer à ramener la paix à Berriane, avait proposé cette fois-ci une solution pour Guerrara, que le wali de Ghardaïa a refusée.
C'est grave. Autre chose : la proposition faite par une délégation parlementaire du FFS avait connu la même réponse de la part de ce wali. C'est la raison pour laquelle je vous dis que les autorités ne veulent pas de solution mais ne font que gérer le problème.
Comment qualifiez-vous l'affaire ?
A travers ces poursuites, le pouvoir veut réaliser deux choses : la première est de dire à l'opinion publique que le problème est pris en charge après la détention de ces activistes.
Deuxièmement, ce qui s'est passé à Guerrara est une occasion en or pour lui afin de régler les comptes à Kameleddine Fekhar et son groupe qui seront pour lui, très mal vu politiquement. Je pense que cet acte va dans le sens de la politique du pouvoir. Il veut créer un climat de peur pour masquer son échec. Il faut dire aussi qu'il est dans une impasse. Pour dépasser cette crise, il lui a fallu créer des diversions du genre.
C'est aussi un message adressé au peuple afin de lui dire que vous demandez le changement alors que nous n'avons pas encore réglé le problème du terrorisme et des séparatistes. Enfin, ce ne sont que des lectures et des suppositions sur la base de ce que nous avons comme éléments d'analyse.
Que risquent-ils ?
Nous ne sommes qu'au début de l'affaire. Si vraiment, ils seront condamnés sur la base des chefs d'accusation soulevés, ils écoperont certainement de peines très lourdes. Nous ne sommes qu'au début de l'instruction et donc nous aurons assez de temps devant nous avant que le dossier ne soit remis à la chambre d'accusation pour parvenir au stade du jugement. Et pendant toute cette période là, nous aurons forcément notre mot à dire en tant qu'avocats.


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