Mme Achouri dirige l'école Wari Nasser, ouverte en 1990 et la seule à l'échelle de la wilaya. Elle compte environ 130 inscrits. Auparavant, les cours étaient dispensés dans deux classes ouvertes par la DAS sur l'avenue de Canastel. Comment entre-t-on dans cette école? Tout se joue avant le début de la scolarité. L'école compte une crèche car notre crédo c'est d'abord l'éducation précoce pour une rééducation et une prise en charge efficace des enfants à partir de 2 ans et demi à 3 ans. Un centre, Hamou Boutlélis, qui est doté d'une éducatrice et d'une équipe d'orthophonistes s'occupe de l'activité d'éveil. Dans l'étape qui précède la scolarité, on parle de «démutisation» et c'est une étape autant importante que primordiale pour tout enfant sourd devant accéder au cycle primaire. Entre 4 et 6 ans, un programme de préparation spécial comporte notamment une éducation sensorielle, un apprentissage du graphisme phonique et du rythme corporel. On leur enseigne les pré-mathématiques, la pré-écriture et la progression phonologue. Il faut que l'enfant soit prêt à entamer la 1ère année primaire. Sinon, à chaque demande d'inscription (avant début novembre), on établit un bilan psychologique, orthophonique, etc. car les enfants présentant des troubles associés lourds ne sont pas acceptés. Qu'en est-il du programme enseigné ici, pour le cycle primaire qui est la vocation première ? De la 1ère à la 5ème année, c'est le programme de l'Education nationale qui est appliqué à la lettre. D'ailleurs l'examen de fin du cycle est passé avec les élèves des autres établissements. Nos candidats ont un numéro d'ordre comme leurs camarades. Les résultats sont probants car l'an dernier, comme souvent d'ailleurs, nous avons obtenu 100 % de réussite, ce qui est encourageant pour notre établissement. L'école assure-t-elle aussi l'enseignement moyen ? Nous avons une classe pour chaque niveau mais pour le moyen, nous sommes associés avec un autre établissement. Auparavant, les élèves qui avaient passé le cycle primaire chez nous étaient orientés vers d'autres établissements du moyen mais ils ne réussissaient pas à cause de la surcharge des classes. La difficulté concerne la lecture labiale lorsque le professeur par inattention ne se met pas face aux malentendants de sa classe. Pour remédier à cette situation, une solution a été trouvée suite à une réunion avec les instances concernées. Le CEM Kadi Boukadour gère le potentiel humain et nous assurons les locaux et la restauration. Les professeurs se déplacent pour assurer les cours avec une feuille de roulement et selon les mêmes procédés que dans n'importe quel CEM. Nous avons 13 élèves qui ont passé l'examen du BEM. Justement y a-t-il des dispositions spéciales pour les candidats malentendants? L'examen est le même pour tout le monde à la différence près qu'un interprète vient «signer» (lire avec le langage des signes) le contenu de l'épreuve et il sort. Le reste c'est exactement la même chose. Cela nous ramène aux méthodes d'enseignement. Quelles sont-elles ? Nous adoptons une méthode mixte verbo-tonale. Pour ce qui est des signes, comme dans toutes les langues, il y a ce qu'on appelle les dialectes avec tout ce que cela comporte comme similitudes et différences. Des rencontres ont été organisées et des études initiées pour tenter d'homogénéiser le langage mais ce n'est pas encre tout à fait au point. Dans certaines wilayas les écoles similaires à celle que vous dirigez disposent d'un internat. Cette option est-elle envisagée? L'internat n'est pas du tout préconisé pour les malentendants à cause des troubles affectifs qu'il peut engendrer. L'enfant même normal a besoin de la chaleur familiale. Nous avons un bus pour le ramassage scolaire à 8 h 15 et à 13 h 30 pour le retour. Il vaut donc mieux poser le problème en termes de renforcement du transport pour couvrir toutes les régions ou de créations d'annexes.