«C'est le défunt Benzelat, ce grand arbitre d'Oran qui était un grand sportif, resté actif, instructif et un tout d'or massif, qui avait innové l'arbitrage par des gestes expressifs et explicatifs.» Car dans le temps, on demandait aux arbitres d'expliquer, après le coup de sifflet, par le geste, la nature de la faute pour avoir de bonnes notes. De son vrai nom, Abdelkader Hadefi, plus connu et apprécié du grand public sportif par ce pseudonyme de «Benzelat», qui lui a valu son (irrésistible) charisme, ce grand arbitre a vécu 62 ans (né en 1916 à Oran, décédé en 1978). Tous ceux qui l'ont connu de près affirment qu'il avait de la réserve et du caractère pour finir comme un leader. Avant l'indépendance, le défunt Benzelat avait ébloui des responsables de l'arbitrage par ses gestes et son actionnisme, il fut convoqué à rejoindre la France pour y subir son examen de passage au grade fédéral avec les arbitres français qui, pour l'égaler, bénéficiaient de népotisme. Pour réussir le challenge proposé par ceux qui incarnaient, sur sa terre, le colonialisme, il a fait appel à son grand patriotisme. De l'avis de ses anciens élèves encore profondément impressionnés par ses grandes facultés, il était l'entité même du sérieux et de l'autorité. Là où il passait, il était estimé et respecté. En 1968, Benzelat coiffé majestueusement de sa légendaire calotte, sans le moindre signe de pâleur, en atteignant l'âge de 52 ans (dans le temps, il n'y avait pas de limite d'âge fixée aux arbitres) en toute grandeur avec toute sa fraîcheur et sa rigueur, car c'était le moment où il avait connu son «heure» en lui confiant la direction de la finale historique de coupe d'Algérie (NAHD-ESS) avec beaucoup de maîtrise et de bonheur. Par ses déplacements, mouvements sur le rectangle, ses gestes, surtout ses coups de sifflet, ses discernements des fautes, particulièrement les tacles, qu'il appréciait comme par miracle, il accrochait les regards et devenait, à lui seul, un agréable spectacle dans l'autre passionnant spectacle. Après sa retraite arbitrale, il rejoignit la LOFA pour diriger la CRA d'une manière magistrale. Il avait gardé intact son flair et son esprit clair pour toujours bien former et mieux faire. Ses cours, causeries et autres critiques-conseils dispensés à la LOFA, à un très important parterre d'arbitres tous grades confondus, étaient bien entendus et impatiemment attendus par tous les grands arbitres de tout l'Ouest algérien qui étaient devant l'icône Benzelat respectueux, disciplinés et assidus, et où il n'y avait, avec ce maître incontesté, aucun malentendu ni prétendu. Un de ses plus dévoués disciples, l'ancien arbitre international Mohamed Hansal, se rappelle d'un fait avec le goût amer de frustration sentimentale avec relent parental, qu'il a vécu le jour de la finale de Coupe d'Algérie qui s'est jouée un 1er mai 1978 (CMB-USKA), où il avait appris la triste nouvelle du décès (la veille) du «Cheikh» Benzelat, son mentor et son soutien moral. Nos prières pour que Dieu, Le Miséricordieux, accueille le maître de plusieurs générations d'arbitres, Cheikh Benzelat et le récompense par la rétribution d'une place de privilégié au Paradis, pour le trésor en patrimoine inestimable en bonnes manières imbibées aux parfums de moralité, d'impartialité et de probité léguées au monde arbitral. Spécimen de la race des gens humbles, désintéressés, compétents et honnêtes qui n'ont pas vécu pour que leur présence se remarque, mais pour que leur absence se ressente ! Car quand on perd son chemin, il faut (savoir) revenir au point de départ initial.