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«Les chemins de l'égalité demeurent escarpés»
Abdelmadjid Merdaci. Sociologue, historien, écrivain et maître de conférences à l'université Mentouri de Constantine
Publié dans El Watan le 15 - 10 - 2015

Pour Abdelmadjid Merdaci, sociologue et écrivain, la société algérienne a de longue date intégré la responsabilité des femmes - et leur autorité- dans de nombreux secteurs d'activité. «Ces mutations, dit-il, peuvent appeler à relativiser certaines thèses sur la régression de l'école algérienne et invitent les observateurs à plus de vigilance quant aux intérêts que masque la ''suridéologisation'' des attaques contre la ministre de l'Education.»
- Ces deux dernières décennies, le secteur de l'éducation nationale connaît un véritable rush de la gent féminine. Du primaire jusqu'au secondaire, elles représenteraient actuellement 80 % du corps enseignant et près de la moitié du corps des chefs d'établissement. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Deux rappels d'histoire : d'abord le montage de l'opération de dévoilement des Algériennes par les autorités coloniales en 1958 et le lancement, la même année, par le général de Gaulle du «Plan de Constantine» dont l'un des objectifs avait été le renforcement de la scolarisation, alors en berne, des Algériens. Cela pour dire qu'autant la question du statut des femmes que celle de l'école auront été au cœur des enjeux de pouvoir et de société. Le premier éclairage que commande votre question est celui du processus de féminisation de l'espace public national, porteur de mutations profondes et irréversibles de la société algérienne.
L'accès massif à l'école qu'allait autoriser l'indépendance, notamment en ce qui concerne la scolarisation des Algériennes, est l'autre dimension décisive de la transformation sociale en Algérie sans laquelle l'emploi féminin en Algérie serait inintelligible. Il convient de rappeler, à ce sujet, l'étude du Crasc, qui souligne, notamment, le taux de 18% des femmes dans la population occupée à rapporter au 1% relevé par le recensement général de 1966.
L'analyse indique aussi, en effet, une progressive féminisation de certains corps de métiers, la santé, la communication, et plus particulièrement le secteur de l'éducation. Il est dans l'ordre des choses que la présence significative des femmes dans le système éducatif puisse se traduire dans l'exercice de l'autorité, de la gestion des établissements. Cet exercice n'est pas soumis à l'appartenance sexuelle qui reste déterminée par les dispositions législatives et réglementaires qui sont l'apanage de l'Etat.
- Selon les estimations des responsables du secteur de l'éducation nationale, d'ici à 2020, avec le départ à la retraite des derniers directeurs d'école, les établissements scolaires seront à 100% dirigés par les femmes. Ces directrices seront-elles en mesure d'imposer leur autorité vu le regard que porte la société algérienne en proie à l'influence de certains courants intégristes sur la femme en général et celle qui travaille, en particulier ?
La société algérienne a de longue date intégré la responsabilité des femmes -et leur autorité- dans de nombreux secteurs d'activité. Elles sont chefs d'entreprise, commandants de bord, chefs de service dans les CHU, officiers supérieurs de l'armée et cela sanctionne autant leurs performances scolaires et universitaires que la mutation démographique algérienne qui consacre la prééminence statistique des femmes. Ces mutations peu discutables peuvent appeler à relativiser certaines thèses sur la régression de l'école algérienne et invitent les observateurs à plus de vigilance quant aux intérêts que masque la «suridéologisation» des attaques contre la ministre de l'Education.
- La féminisation de certains métiers, comme l'enseignement ou la santé publique, risque de se répercuter, à l'avenir, sur le marché de l'emploi dans les régions du Sud ou dans les zones enclavées, sachant que pour l'heure, la tendance y est encore inversée, avec une présence plus marquée du sexe masculin ?
Seules des études de terrain pourraient autoriser une projection sur la question de l'emploi en Algérie, ses déclinaisons au plan territorial ou sexuel. Quelle pertinence pourrait avoir actuellement une telle projection, à l'heure où l'économie nationale, obérée par le système rentier, entre en crise et au moment où le secteur informel continue de brouiller la connaissance du chômage, ses structurations par sexe, classe d'âge et ses distributions territoriales ?
- Pourquoi en est-on arrivés là ?
Là encore un rappel : il y a à peine quelques années l'Ecole normale supérieure de l'université faisait presque fonction d'accueil aux déçus de l'orientation universitaire, aujourd'hui c'est l'une des institutions les plus courues par les nouveaux bacheliers et l'une des plus sélectives de l'enseignement supérieur. Il faut y voir une forme de rationalisation des conduites en ce que la Fonction publique, à laquelle se rattache l'éducation, est une garantie d'emploi, de stabilité et de progression salariale.
A cela, il convient de relever, d'une part, le processus général de féminisation des effectifs scolaires, et d'autre part, les meilleures performances des jeunes filles. Ces mouvements de la société, pour ne pas être forcément spectaculaires, qui se traduisent aussi par la progressive émergence d'élites féminines algériennes, appellent des analyses plus fines, notamment un examen plus documenté sur la prégnance de l'islamisme à l'école et dans la société.
- Quelles répercussions aura cette féminisation des métiers sur la société algérienne ? Quelle place occupera l'homme ?
Les violences faites aux femmes, le machisme affiché, le sexisme à peine honteux, indiquent bien que les chemins de l'égalité des droits demeurent bien escarpés et qu'il s'agit d'une bataille de destin de la société algérienne convoquant tous les Algériens acquis à son progrès et acteurs de sa modernisation sans distinction de sexe.


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