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«Politiquement, nous avons gagné»
Boudjemaâ Ghechir. Avocat et militant des droits de l'homme
Publié dans El Watan le 12 - 11 - 2015

Maître Boudjemaâ Ghechir est avocat et militant des droits de l'homme. Il est aussi signataire de la demande d'audience adressée au président Abdelaziz Bouteflika, le 2 novembre, par 19 personnalités. Dans cet entretien, il dessine un schéma et explique le fonctionnement d'un système de «murs-barrages» dressés autour du président de la République par des groupes organisés, qui seraient motivés par des intérêts occultes.
- Maître Ghechir, vous êtes signataire de la demande dite du «groupe des 19». Quelle est votre motivation ?
Ma motivation est celle de tous ceux qui ont signé la lettre de demande d'audience. Comme eux, je constate la dégradation de la situation politique, économique et sociale de l'Algérie ; dégradation qui ne date pas d'aujourd'hui et remonte à plusieurs années. Cependant, cette fois-ci, nous devons reconnaître qu'elle est bien plus grave, surtout avec la chute du prix du pétrole.
La liste des indicateurs est encore longue, je peux citer ces actes qui touchent à la souveraineté nationale en économie, et aussi des changements dans la relation de l'Algérie avec certains pays et l'absence d'une vision politique, surtout pour les jeunes, la cherté de la vie, etc. Tout cela m'a poussé à prendre part à cette initiative.
Pour moi, le Président ne sait pas beaucoup de choses, parce qu'il y a trop d'obstacles entre lui et la société. La réaction justement de certains partis politiques et leurs satellites a conforté ma position par rapport à cette idée de l'existence de murs qui font barrage entre le président de la République et les Algériens.
- Pouvez-vous nous donner plus d'explications sur ces «barrages» ?
Le premier barrage est composé des partis de la coalition présidentielle, le FLN et le RND, et certains postulants à l'adhésion à cette coalition, pour remplacer le MSP. Les intérêts économiques constituent le deuxième barrage. Les partis politiques et les associations ont le rôle de surveiller le mouvement de la société et les actions de l'opposition politique afin d'aviser les intérêts économiques en cas de «menaces» sur leurs intérêts.
Donc, le premier barrage a deux missions : premièrement, essayer de mobiliser l'opinion publique contre nous et deuxièmement, avertir leurs garants, cette oligarchie qui est en train de naître et d'accaparer la politique en Algérie. Vous pouvez réviser la liste, celle de l'APN ou celle du Sénat, pour voir le nombre croissant d'entrepreneurs et d'hommes d'affaires au niveau de ces deux institutions censées représenter le peuple.Le troisième barrage, c'est la bureaucratie du cabinet du Président. Vous devez savoir que pour arriver justement à proximité du Président, il faut passer par ces trois obstacles.
Cette campagne contre les signataires a confirmé notre vision, comme quoi il y a des obstacles entre le peuple algérien et le président de la République. Ces partis politiques qui nous ont répondu considèrent que demander audience au Président est un acte d'opposition, ce qui est faux. Nous ne sommes pas des opposants.
Cette demande d'audience ne vise pas justement à contrôler ou bien à constater l'état de santé du chef d'Etat, bien au contraire, nous partons du principe que le Président va bien et gère les affaires du pays, mais nous restons convaincus qu'il est entouré de barrages qui tentent de lui donner leur vision.
On sait bien que ce dernier n'accepte pas certaines choses, comme en sont convaincus certains parmi nous qui ont des relations avec lui et connaissent ses opinions et ses orientations politiques. C'est dans ce sens que notre demande est formulée, essayer de surmonter ce parcours du combattant pour arriver au Président et lui dire les vérités justement sur le quotidien des Algériens.
Pour schématiser, je dirais qu'il y a un premier cercle constitué par la coalition présidentielle et les postulants à cette coalition, ensuite l'oligarchie qui a plus de facilité pour contacter la Présidence et influe sur le premier cercle, les cercles politiques et certains médias.
Même Ouyahia, en tant que chef de cabinet, n'est en fait qu'un simple chargé de mission au niveau de la Présidence.
- Depuis le dépôt de votre demande, le 2 novembre dernier, nous assistons à une réaction assez violente de la part de l'entourage du Président. Saadani est allé jusqu'à vous traiter d'opportunistes et Sellal pense que vous manœuvrez pour avoir des positions au sein du pouvoir, qu'en pensez-vous ?
D'abord, je pense qu'on ne peut pas dire que Saadani fait partie de l'entourage du Président. C'est juste quelqu'un qui s'est autoproclamé défenseur du Président, ni plus ni moins. Je le mets au défi de démontrer s'il a été reçu par le Président au moins une fois. Il ne peut pas le voir, et je pense qu'il s'est autoproclamé défenseur du Président pour servir ses propres intérêts, vu les problèmes qui existent au sein de son parti et vu la manière avec laquelle il a été désigné à la tête du FLN et qui ne peut que le rendre fragile.
Je ne pense pas que le Président lui ait demandé d'utiliser les mots vulgaires, c'est du zèle de sa part, donc on ne peut pas le considérer, ni lui ni Ouyahia, comme partie de l'entourage du Président, cet entourage se trouve en fait ailleurs. Ouyahia et Saadani font partie du premier obstacle qui alerte les autres obstacles. Ils essayent de présenter notre action qui est citoyenne, comme soi-disant une manière pour constater premièrement la santé du Président, ce qui ne peut que l'irriter et c'est normal. Ils s'autoproclament gardiens du système mais en réalité, leurs positions sont en dehors de l'enceinte de la Présidence.
- Cela fait une semaine que vous avez déposé votre demande et à ce jour, vous n'avez pas encore reçu de réponse. Que pensez-vous de ce silence ?
Pour n'importe quel président de la République, accorder une audience à qui que ce soit dépend de son agenda.
On ne peut pas forcer le chef d'Etat à nous donner rendez-vous dans l'immédiat, on peut attendre quelques jours et patienter avant de décider. Mais ce qui est malheureux justement, c'est cette campagne contre cette demande ; campagne qui reflète une culture politique très arriérée.
Nous avons demandé au président de la République de nous recevoir, pourquoi ce sont des partis politiques qui nous répondent, nous traitent d'opportunistes et je ne sais quoi encore ? Ils oublient que parmi nous, il y a une sénatrice et une ancienne ministre payées toujours par l'Etat, pourquoi si ce n'est pour nous coller des étiquettes de suppôt de ceci et cela. C'est malheureux d'entendre le président d'un parti politique historique utiliser des mots vulgaires et insulter les gens gratuitement, en tentant de dévoyer la démarche de la lettre.
- Vous semblez sereins, cependant…
Absolument. En dépit de tout, il y a quelque chose de bénéfique dans cette initiative à mon avis. C'est que politiquement, nous avons gagné.
Qu'on le veuille ou non, notre démarche a déclenché, justement, un débat au niveau de la société, et on a éclairé l'opinion publique sur l'existence de ces barrages par rapport au Président. On ne savait pas que le sérail était gardé par autant de murs et je suis sûr que dans un avenir proche, nous allons découvrir beaucoup sur la réalité de la gouvernance en Algérie et comment l'entourage du Président essaye de camoufler beaucoup de choses et prendre même des décisions à l'insu du Président.
- En cas de fin de non-recevoir, qu'avez-vous prévu de faire ?
Nous n'avons pas encore décidé. Il y aura, vendredi (demain), une réunion d'évaluation, mais la décision finale sera prise plus tard.


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