Les deux sélections algériennes seniors, filles et garçons, de basket-ball sur fauteuil roulant ont réussi à décrocher les deux titres africains mis en jeu le week-end dernier à Staouéli, à Alger, à l'occasion du Championnat d'Afrique de la discipline. Grâce à ces deux consécrations, les deux équipes nationales sont qualifiées aux Jeux paralympiques prévus à Rio, au Brésil, l'été prochain. Si la sélection algérienne des garçons, drivée par le coach Lahcène Tagmi, a confirmé les deux titres africains remportés en 2009 et 2013, les filles ont réalisé un authentique exploit. En effet, elles ont terminé la compétition devant toutes les formations alors qu'elles participaient à leur toute première compétition officielle. L'équipe algérienne s'est imposée en finale devant les favorites de la compétition, l'Afrique du Sud, sur le score de 60 à 47. «C'est une grande satisfaction et une immense fierté qui nous animent après cette consécration, parce qu'au début la mission nous paraissait bien dure, d'autant plus que notre équipe était nouvellement créée. On s'est lancé un défi, et Dieu merci on a réussi à arracher le trophée devant le favori de la compétition, l'Afrique du Sud qui a une tradition dans cette compétition. Cette sélection a déjà participé au Championnat du monde. Mais avec le sacrifice de tout le monde, nous avons réussi notre pari. On espère à présent que cette consécration sonnera comme un véritable tournant pour cette discipline de basket-ball sur fauteuil roulant», souhaite Djawad Zigh. Son premier assistant, Mohamed Tahar Kisrane, déjà vainqueur de deux trophées en tant que coach national avec les garçons en 2009 et 2013, estime que le chemin menant au titre continental a été difficile. «Ça fait tout de même dix-huit mois qu'on travaille avec tout le sérieux voulu. On a fait une douzaine de regroupements même à l'étranger. Nous avons aussi effectué en septembre dernier un stage précompétitif. Sur les plans physique, technique et tactique, l'équipe était au point, mais à la fin de la compétition, c'est surtout sur le mental que la compétition s'est jouée. Souvent, ce n'est pas facile de jouer une compétition chez soi, surtout que les filles n'étaient pas habituées à de telles compétitions. Mais on a veillé sur tout en prenant en considération les différents aspects, tels que la prise en charge, l'alimentation et la concentration. Même l'entrée des joueuses sur le terrain a été répétée plus d'une fois. C'est vous dire...», précise Kisrane. Djawad Zigh a précisé que la préparation du rendez-vous africain avait débuté juste après le mois de Ramadhan avec un travail physique, technico-tactique et la multiplication des matches à l'étranger et aussi avec des clubs algériens de la catégorie garçons. Coup de maître ! Sur le terrain, les filles ont été à la hauteur de la confiance placée en elles. Dès le premier match face aux redoutables Sud-africaines, les Algériennes annoncent la couleur en dominant leurs adversaires. «Au fil des minutes, on a senti qu'on avait les moyens de remporter le match avec toute la volonté des joueuses et les conseils des entraîneurs. Le fait que la compétition s'est jouée en Algérie a été une grande motivation pour nous», nous a précisé Djamila Khemgani. Le doute affiché par le staff et les joueuses s'est dissipé au fil des matches. Les Algériennes terminent la compétition en force. En plus du titre, la capitaine de la sélection algérienne, a été élue meilleure joueuse et passeuse de tournoi. La très expérimentée Djamila Khemgani, âgée aujourd'hui de 32 ans, devrait se rappeler avec beaucoup d'amusement le jour où elle faisait presque du porte-à-porte pour constituer la première équipe féminine de basket-ball sur fauteuil roulant en 2004, à Ouargla. Aujourd'hui, sept joueuses de la sélection sont issues de cette ville, dont l'équipe du CSH Ouargla domine le championnat avec 9 titres remportés. «Au début, ce n'était pas simple pour une fille de faire du sport dans une ville du Sud. On a tout de même réussi à surmonter notre handicap et les différentes barrières grâce aux encouragements de nos parents, de nos proches et la volonté des filles. Je me rappelle que nos premiers fauteuils on les avait hérités des garçons. Nous avons même dû les bricoler pour pouvoir jouer. Il y a une nette amélioration aujourd'hui avec le dévouement du président du club et l'implication des autorités locales.» Après l'euphorie de la consécration, les Algériens doivent se projeter dès à présent sur le prochain objectif des Jeux paralympiques. Actuellement, les filles sont exclusivement issues du championnat. «Elles sont 5 de Ouargla, 3 d'Oran, 1 de Saïda, 1 de Béchar et El Eulma. Il faudra commencer à chercher des joueuses qui jouent éventuellement en France», affirme Mohamed Tahar Kisrane. «Un ou deux éléments seraient les bienvenus si elles peuvent apporter le plus pour espérer réussir une bonne participation l'été prochain à Rio», conclut l'entraîneur en chef, Djawad Zigh. La passe de trois Avec ses deux titres africains de 2009 et 2013, la sélection masculine de basket-ball sur fauteuil roulant faisait avant la compétition figure du grande favorite pour décrocher une troisième consécration, surtout que la compétition se déroulait en Algérie. Les Verts ont très vite pris la mesure dans ce championnat d'Afrique. Ils se sont imposés dès le premier match face à l'Afrique du Sud 64-57. Par la suite, ils ont aligné cinq autres victoires qui leur ont permis de se qualifier en finale. En dépit du mauvais début de match face au Maroc, les Algériens sont revenus en force par la suite en s'imposant 74-63. Commentant cette nouvelle consécration, l'entraîneur national, Lahcène Tagmi, qui a pris l'équipe en main en décembre dernier, dira : «C'est le rêve de tout entraîneur d'être présent aux Jeux olympiques. Il y avait une double pression avec la compétition qui se jouait chez nous et aussi le fait que le Championnat d'Afrique était qualificatif aux Jeux paralympiques. Ce qui est tout à fait normal». La sélection algérienne s'est appuyée sur d'anciens éléments, mais aussi sur cinq nouveaux joueurs pour pouvoir se hisser sur le toit de l'Afrique. Le joueur de Meylane Grenoble, Merouane Bourenane, continue de vivre son beau rêve. «Décrocher un titre chez nous, devant notre public et nos familles reste une grande performance chargée de beaucoup d'émotions». Le parcours a tout même été difficile, comme l'a confirmé le même joueur : «Il y avait de la pression et elle venait de tout le monde: la Fédération, les responsables, les amis, nos familles, même de nos clubs pour lesquels nous jouons en pros. J'en suis même tombé malade tellement je ne voulais pas rater ce rendez-vous. Le Maroc, l'Afrique du Sud ont été des rivaux de taille. Le niveau de l'Egypte nous a surpris. On a même galéré pour les vaincre, surtout que leurs joueurs avaient le gabarit et l'expérience.» A propos de Jeux paralympiques, l'entraîneur Lahcène Tagmi nous a informé qu'il a des contacts afin que son équipe puisse effectuer une préparation aux Etats-Unis. Il devra préalablement discuter avec la Fédération algérienne de handisport pour finaliser le programme. Concernant les ambitions de l'équipe lors des Jeux paralympiques, il a déclaré : «Actuellement, l'équipe est 16e mondiale. On a déjà notre place dans le gotha mondial. On fera de notre mieux pour être parmi les huit premiers.» Il espère renforcer d'ici là le groupe, où aujourd'hui figurent sept pros avec quelques éléments qui possèdent de grands gabarits.