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Une fable réaliste
Lecture : La Dernière nuit du raïs, de Yasmina Khadra
Publié dans El Watan le 28 - 11 - 2015


Dans la tête du dictateur à l'issue de sa vie...
Le nouvel opus de Yasmina Khadra, La dernière nuit du Raïs, tente de restituer les ultimes heures de Kadhafi, coincé dans sa cache, attendant la délivrance par la mort ou peut-être une issue heureuse. Dès l'entame du roman, le lecteur a l'impression d'assister à une représentation théâtrale en huis clos où le personnage principal, malgré l'imminence de la mort, continue de tenir le premier rôle. Le «je» du narrateur montre que le Raïs est fidèle à sa réputation de mégalomane et de tyran, ne faisant aucune concession à ses courtisans et collaborateurs.
Tout cela transparaît dans la poétique de Khadra avec une inflation d'adjectifs autoglorifiants et une propension à mettre son moi égocentrique en évidence, comme lorsqu'il déclare : «Je sortirai du chaos plus fort que jamais, tel le phénix renaissant de ses cendres». Ou encore : «Je suis Mouammar Kadhafi, la mythologie faite homme». De ce point de vue, ce roman pourrait rejoindre L'automne du patriarche, de Gabriel Garcia Marquez.
Au fil des pages, on retrouve la personnalité de Kadhafi faite d'apparat et d'exhibition. La théâtralisation de ses actions reste omniprésente malgré la précarité de sa situation. Eternel insatisfait, il refuse même le repas que lui propose son ordonnance, Mostefa, car la frugalité ne peut se substituer dans son esprit aux fastes dont il avait l'habitude. Il ne veut pas être réduit au statut d'un quelconque soldat de la troupe mangeant sa ration. Pour ce mauvais repas, les deux personnes les plus proches de lui subissent sa colère, à savoir son ministre de la Défense et le commandant de sa garde populaire.
Dans l'absolu, personne ne trouve grâce à ses yeux, car nul ne peut se hisser à la hauteur de son charisme et de son caractère de visionnaire. Il évoque aussi le sort des deux présidents déchus, Ben Ali et Saddam Hussein, qu'il juge incapables de mourir dignement. L'apaisement vient au moment où il s'allonge sur son lit de fortune, au contact d'Amira, femme de grande taille qui faisait partie des amazones de sa garde rapprochée et avec laquelle il lui arrivait d'assouvir ses désirs sexuels. Il la considérait comme son infirmière apportant la dose salvatrice d'héroïne pour calmer ses angoisses.
Plongé dans le paradis artificiel que procure la piqure, Kadhafi se sent transporté dans son passé d'enfant élevé par un oncle en l'absence du père mort lors d'un duel pour l'honneur. Il se revoit dans le Fezzan, cette terre aride qui a forgé en lui le désir de se surpasser et de prouver à sa tribu qu'il était capable de réussir. D'autres flash-back sur différentes périodes de sa vie viennent s'intercaler dans sa mémoire pour atténuer l'angoisse de l'instant présent.
C'est aussi le moment de faire le bilan d'un règne et d'explorer les années fastes de son aura internationale. Il revoit ainsi son ascension vers le sommet du pouvoir et comment, avec un groupe d'amis, il a renversé le roi fainéant Senoussi, qui a ruiné le pays et clochardisé son peuple. Il passe en revue les grandes œuvres qu'il a réalisées et se pose des questions sur l'ingratitude de son peuple. Un peuple inculte et ignare, comme le dit son protégé, le lieutenant-colonel Trid, auteur des basses besognes. Devant l'ampleur du désastre, d'autres souvenirs tapis dans l'ombre de la mémoire du Raïs reviennent à la surface. Ce sont souvent des histoires de revanche sur le sort.
D'abord sur cette femme qu'il a connue durant son adolescence, Faten, dont le père, proviseur du lycée, lui refusa sa main par mépris. Lors de son accession au pouvoir, il l'enleva à son mari et la séquestra dans son palais pendant trois semaines, jouissant à satiété de ce corps interdit. Comme il le disait volontiers, il suffisait qu'il pose une main sur l'épaule d'une femme pour que celle-ci lui fût amenée sur le champ. Le pouvoir a permis au Raïs d'assouvir tous ses désirs et de combler toutes les frustrations accumulées pendant des années. Il s'est notamment vengé de tous les hommes qui avaient voulu se dresser sur le chemin qui allait le mener vers les cimes.
Comme ce commandant des services secrets, Jalal
Senoussi, imbu de sa personne et de son influence qui l'avait titillé sur sa généalogie au moment de recevoir le grade de capitaine. L'écran de ses souvenirs s'obscurcit quand le lieutenant-colonel Trid vient le repêcher de ce passé perdu pour lui suggérer de quitter leur cachette et tenter de se mettre à l'abri dans un lieu plus sûr. Le convoi du guide s'ébranle dans un décor de ruines et de dévastations. Une impression de fin du monde se dégage des images qui défilent devant lui. Il s'interroge sur l'ampleur du gâchis et sur l'absence de son fils Moutassim, dont l'ombre flotte sur ce convoi.
Yasmina Khadra restitue de fort belle manière l'inexorable marche de Kadhafi vers sa fin. Mais jusqu'au bout, le «guide de la nation libyenne» croit à son salut, surtout quand l'improbable spectre du peintre Van Gogh vient le visiter comme annonciateur d'une issue heureuse. Mais le convoi du Raïs est soudain pris en étau entre les tirs nourris des rebelles et le bombardement des Alliés. Dans ce roman qui condense la vie de Kadhafi et les errements du guide, Yasmina Khadra a pu montrer que l'exercice du pouvoir est périlleux et que l'enfer est pavé de bonnes intentions.


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