Seddik Larkeche a animé samedi une vente- dédicace de son ouvrage consacré à Messaoud Zeghar, un des personnages ayant joué des rôles secondaires mais non moins importants dans la période de Houari Boumediène. «Mon approche n'est pas journalistique où on dit tout et n'importe quoi, mais celle d'un chercheur», précise l'auteur qui sous-entend que tout ce qui est dit dans le livre est vérifié. Il s'est exprimé face à une poignée de curieux qui ont fait le déplacement à la librairie Art et culture. En réponse à une question sur la véracité de ses propos, il évoque l'accès à la correspondance personnelle de Si Zeghar quand celui-ci était en détention, dans les années 1980. A titre anecdotique, il raconte les péripéties qui l'ont conduit à rencontrer, en Suisse, l'ancienne assistante de l'homme d'affaires, Jacqueline Schwartz, que beaucoup croyaient morte. Seddik Larkeche revient également sur les motivations qui l'ont conduit à écrire ce livre. Il était employé par le groupe pharmaceutique américain Pfizer et c'est dans le cadre de la préparation d'une thèse de doctorat et en se mettant à lire tout ce qui lui tombait sous la main concernant l'Algérie qu'il a constaté que le nom de Zeghar revenait à maintes reprises dans les archives. Cette découverte a attisé sa curiosité et l'a poussé peu à peu à étoffer ses recherches en allant interroger des responsables algériens mais aussi d'autres personnes dans le monde. Seddik Larkeche estime que beaucoup de choses qui ont été dites au sujet de Zeghar n'ont aucun fondement. Il tient à préciser par exemple que contrairement à ce qui été avancé, ce dernier n'a jamais été ami avec Georges Bush (ancien vice-président et ancien patron de la CIA) mais avec son avocat, si le mot ami a un sens dans ce milieu-là. Des photographies montrent Zeghar avec Rockefeller, mais de là à parler d'amitié c'est une autre ineptie à ne pas commettre. De ce fait, il faut aussi relativiser l'idée selon laquelle il était à la tête d'un empire. Il n'a rien construit et les acquisitions qu'il a eues, notamment dans le domaine de l'immobilier, l'ont été grâce à l'argent de trafics divers, dont celui des armes. Un château de cartes qui s'est effondré au moindre souffle. A son apogée, il était sans doute soutenu par les Américains à cause de ses proximités avec des personnages-clés du pouvoir. Zeghar a, dès le départ, alors qu'il n'était qu'un adolescent d'El Eulma, sans aucun niveau d'instruction, traficoté avec les Américains avec lesquels il a gardé des contacts. Au début des années 1940, durant la Seconde Guerre mondiale, ces derniers avaient une base près de Sétif. Durant la guerre de libération, il a officié à Casablanca sous le nom de guerre de Rachid Casa. A l'indépendance, il a été l'un des proches fidèles de Houari Boumediène. L'auteur a beau défendre son personnage, mais le rôle que celui-ci aurait pu jouer auprès des Américains est également à mettre entre guillemets car tout porte à croire que, contrairement à l'idée d'une influence qu'il aurait eue sur eux durant les années 1970, ce sont plutôt ces derniers qui l'ont utilisé. Le vrai rapprochement algéro-américain annonçant le début du virage à droite de la politique algérienne a eu lieu dans les années 1980 et il s'est fait à ses dépens. Durant la chute de cet homme que l'auteur présente comme un patriote, l' «Oncle Sam» était occupé à congratuler la nouvelle équipe au pouvoir en Algérie.