- Comment avez-vous eu l'idée d'entreprendre ce travail de recherche sur la guerre de libération ? L'idée d'entreprendre ce travail m'est venue de ce que me racontait ma défunte mère, la moudjahida Djohra Kadri, sur ce qu'elle a vécu durant la guerre de libération, surtout quand elle était au maquis. Dès lors, je me suis dit qu'il est vraiment nécessaire d'entreprendre un travail de mémoire pour sauvegarder notre histoire. C'est pour cela d'ailleurs que, en 2000, nous avons décidé de mettre sur pied un collectif de jeunes afin justement d'entamer ce travail dans notre village qui compte 45 martyrs tombés au champ d'honneur durant la Révolution. Notre rôle consistait ainsi à recueillir des témoignages des moudjahidate et moudjahidine qui ont combattu le colonialisme français. Nous avons aussi voulu remettre au goût du jour, avec l'aide de Dahbia Irchen, le patrimoine immatériel de la région, comme les chants révolutionnaires et la poésie patriotique, en hommage à nos martyrs. Notre travail ne s'arrête pas à ce stade. En novembre 2011, le collectif a procédé à la réalisation d'un musée au niveau du village, et ce, avec la contribution de tous les habitants d'Aït Aïssi. Depuis, je me suis engagé dans la réalisation de documentaires sur l'histoire. Ainsi, avec l'entreprise de production cinématographique Topixel, j'ai réalisé deux documentaires. L'un intitulé Contre l'oubli, et l'autre, L'offensive de la liberté. Il faut souligner, par ailleurs, qu'un travail de mémoire est nécessaire pour combattre l'oubli qui gagne inexorablement notre société. - Peut-on connaître l'impact suscité par vos documentaires ? L'impact est très remarquable dans le village et au niveau de toute la commune de Yakouren ainsi que les régions d'Azeffoun et d'Azazga et même en dehors de la Kabylie. Et pour cause, il s'agit d'une œuvre cinématographique qui lève le voile sur des moments d'histoire gravés à jamais dans la mémoire de nos parents, qui ont subi les affres du colonialisme français. D'ailleurs, les témoignages sont émouvants, dans la mesure où ils retracent fidèlement les étapes de la préparation de l'attaque, comme ils mettent en valeur une certaine volonté affichée par les citoyens de notre village pour un travail de mémoire afin d'honorer nos valeureux martyrs. Il faut préciser aussi qu'avec la réalisation du documentaire L'offensive de la liberté, 29 juin 1960, nous avons réussi à identifier les deux déserteurs de l'armée française, en l'occurrence Slimane et El Yasmine, et ce, grâce aussi aux archives récupérées par Ramdane Mohand Amara et le travail du moudjahid Saâdi Kecili. - Avez-vous d'autres projets sur la Révolution de Novembre ? Oui. Nous avons beaucoup de projets de films retraçant des périodes de la glorieuse guerre de Libération nationale. Et ce, pour participer, à notre manière, à la préservation de notre patrimoine historique et combattre aussi la culture de l'oubli. Nous allons réaliser des documentaires et des films de fiction avec des images qui immortaliseront des moments marquants de notre Révolution. Il s'agit, en effet, d'un travail qui se veut également un hommage à nos valeureux martyrs tombés au champ d'honneur pour qu'aujourd'hui notre pays soit indépendant. C'est un devoir de mémoire.