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L'ombre de Réda Hemch...
Tribunal criminel d'Alger : affaire Sonatrach 1
Publié dans El Watan le 09 - 01 - 2016

Le procès Sonatrach 1 s'est poursuivi jeudi dernier, au tribunal criminel d'Alger, avec l'audition de plusieurs accusés, poursuivis dans le cadre du dossier de réfection et de réalisation du bâtiment de Ghermoul à Alger.
Celle de Nouria Meliani, patronne du bureau d'études privé CAD, a le plus retenu l'attention de l'audience. Poursuivie pour les délits de «passation de contrat en violation de la réglementation pour bénéficier d'un pouvoir et d'une influence sur les agents de l'entreprise dans le but d'augmenter les prix», «complicité dans la dilapidation des deniers publics», «blanchiment d'argent» et «trafic d'influence», elle commence par «corriger» certains propos d'accusés relatifs au montant du contrat lié à l'étude de réfection du bâtiment de Ghermoul : «Des chiffres erronés ont été rapportés par la presse.
Nous utilisons des barêmes définis par un arrêté interministériel. Le montant du contrat est de 45 millions de dinars et non pas de milliards de dinars.» Le magistrat lui fait savoir que «la presse est libre d'écrire», avant de la faire revenir aux modes de soumission.
Elle explique qu'elle a obtenu de nombreux marchés, notamment auprès de BRC, une filiale de Sonatrach, avec de «petits» montant allant de 3 à 6 millions de dinars. «Ce n'est pas à moi de vérifier ou de remettre en cause un marché que m'attribue Sonatrach.» Le juge lui demande comment elle a obtenu le gré à gré. «Lorsque j'ai appris par mes confrères architectes que Sonatrach lançait un avis d'appel d'offres, j'ai été retiré le cahier des charges. Il comportait des vides et des articles contradictoires. J'ai soumissioné au nom de CAD. C'est la commission d'ouverture des plis qui a commis l'erreur de mentionner le nom de Promed.
Je me réfère toujours au code des marchés publics», explique-t-elle avant que son avocat, Me Miloud Brahimi l'interrompe : «C'est ma cliente, mais je dois lui dire que Sonatrach n'obeit pas au code des marchés publics.» Le président demande à l'accusé de poursuivre. Elle revient sur la procédure des soumissions. «Nous avions déposé les offres techniques et commerciales en même temps.
Ce qui prouve notre honnêteté. Il y avait plusieurs soumissionnaires, dont des étrangers, alors que l'article 8 stipule qu'il faut être agréé auprès de l'ordre des architechtes», poursuit Mme Meliani. Elle affirme avoir recu, par la suite, un fax de Abdelaziz Abdelwahab, l'informant qu'elle était attributaire du projet.
Ce fax, dit-elle, constitue pour elle un bon de commande qui lui permet d'entamer la première étape de l'étude qui est la réalisation d'une esquisse. Le juge lui fait savoir que le marché lui a été attribué de gré à gré. L'accusé : «Je l'ignore.» Réponse qui fait bondir le magistrat : «C'est mentionné dans le contrat…» L'accusée reprend le contrat. Elle lit la mention «gré à gré». Le juge : «N'avez-vous pas lu ce contrat avant de le signer ? » L'accusée se tait.
Elle semble destabilisée mais se reprend : «Ce n'est pas moi qui l'ai signé. J'étais absente ce jour-là, pour des raisons de santé. Un de mes ingénieurs l'a signé à ma place.» Le juge l'accule. Elle déclare : «Pour moi, j'étais avec une grande entreprise. Si c'était une société privée j'aurais tout vérifié.» Le juge : «Qui a signé avec vous ?» L'accusée : « M. Senhadji. L'estimation du montant a été faite sur la base de ce qui se fait sur le marché. La liste des plans déposée en octobre 2008 était conforme au contrat.
Les ingénieurs ont émis des réserves formelles. J'ai vu Abdelaziz Abdelwahab, directeur chargé de la gestion du siège Ghermoul, auquel j'ai posé le problème, mais je n'ai pas eu de réponse.» Le juge lui fait savoir que certains cadres ont jugé son bureau d'études non qualifié pour le projet. L'accusée : «J'ai respecté toutes les clauses du cahier des charges. Aït El Hocine a saisi mon bureau par mail, nous demandant d'analyser l'offre de la société allemande Imtech pour la réalisation de Ghermoul. La conclusion lui a été transmise. Elle disait que les prix d'Imtech étaient très élevés.»
Le juge appelle Abdelaziz Abdelwahab qui dit ignorer totalement cette étude. Puis c'est au tour de Mouloud Aït El Hocine, président de la commission technique de la direction des activités commerciales, d'être confronté aux propos de Meliani. Il confirme avoir sollicité par mail deux bureaux ACT et CAD, pour leur demander une analyse des prix d'Imtech : «Leurs réponses disent que le montant paraît un peu fort.» Le juge lui précise : «La conclusion ne dit pas que les prix sont acceptable.» Il appelle Chawki Rahal, ex-vice-président des activités commerciales, qui confirme avoir reçu cette analyse.
Le juge revient à Nouria Meliani et lui précise qu'elle est «la seule à avoir cité ce document». Il rappelle à la barre les autres accusés. Abdelaziz Abdelwahab, persiste à affirmer que Mme Meliani «avait été informée officiellement» du gré à gré, Mouloud Aït El Hocine dit «ne pas être au courant», alors que Chawki Rahal indique qu'il ne pouvait le savoir, puisque le dossier était déjà transféré à la direction des activités centrales. Mme Meliani : «Nous avons reçu la lettre rattachée à un PV de réunion, un mois après la désignation de mon bureau. Ils évoquent tout sauf le mode de passation.»
Abdelaziz Abdelwahab : «La reunion s'est tenue au siège de la commission des marchés de l'activité commercialisation et non pas à celui des activités centrales. Mme Meliani était au courant à partir du moment où elle a présenté l'esquisse, et qu'il y a eu des modifications.»
Le juge passe aux contrats de gré à gré obtenus par l'accusée et le bureau CAD avec BRC et Sonatrach. Nouria Meliani tire de son cartable une liste qu'elle présente comme étant la plus conforme. Il s'agit de la villa d'hôte de Djanet 1, d'un montant de 2,5 millions de dinars, de la villa d'hôte d'Oran pour 21 millions de dinars, mais dont elle dit n'avoir perçu que 7 millions de dinars.
Le contrat de la villa d'hôte de Djanet 2, passé avec Sonatrach, d'un montant de 3,9 millions de dinars, signé avec Mohamed Senhadji, le contrat du Village touareg à Zéralda, pour 44,430 millions de dinars, le contrat de la restauration du club des pétroliers à Zéralda pour 2,403 millions de dinars, le contrat d'aménagement d'un jardin à Hydra, 1,4 million de dinars avec un avenant de 1,4 million de dinars, le contrat de restauration de la villa d'hôte de Timimoun pour 31,343 millions de dinars....
«Hemch est un ami de la famille»
Gêné par le parasitage du micro, le juge lance : «Ce micro est étourdi par les montants.» L'accusée : «Je n'ai pas été payée pour ces marchés à part celui lié à la réfection du jardin de Hydra. La pratique à Sonatrach est de verser 50% du montant au lancement des travaux et le reste à la réception. Je n'ai recu que la première tranche.» Le juge : «Vous aviez parlé aussi du contrat relatif à la villa d'hôte de Tamanrasset d'un montant de 10 millions de dinars, signé le 24 janvier 2009 et affirmé que c'était sur instruction du ministre ; pourquoi ?»
L'accusée : «L'objet du contrat était la préparation du cahier des charges. Je l'ai signé avec le directeur général des mines. Le maître de l'ouvrage est le ministère de l'Energie.» Le juge confirme avec Abdelaziz Abdelwahab qui déclare : «Elle a signé avec le secrétaire général des mines, et il y avait ma signature en tant qu'ordonateur des opérations de sponsoring.» Le juge demande à l'accusée si Réda Hemch, (le chef de cabinet du PDG de Sonatrach et homme de confiance de Chakib Khelil) l'a aidée à obtenir tous ces marchés. Meliani : «C'est un ami de mon défunt père.» Le juge : «Quel poste occupait-il à Sonatrach ?» L'accusée : «Je l'ignore. Je sais juste qu'il était cadre à Sonatrcah. Il n'a aucun lien avec les contrats. Ces derniers ont été hérités de BRC.»
Après une suspension d'audience d'une heure, l'accusée revient à la barre. Elle déclare : «S'il y a erreur, c'est à Sonatrach de l'assumer. Je ne peux être responsable de cette situation.» Le président lui rappelle ses aveux au juge d'instruction, selon lesquels c'est grâce à Réda Hemch qu'elle a obtenu ces marchés. L'accusée : «Hemch était un diplomate. Il avait travaillé avec un oncle paternel et est ami de mon défunt père. Je l'ai connu en 2001. Je l'ai revu lorsque la filiale BRC a été créée. Si j'avais l'aide de Hemch, il m'aurait aidée à récupérer mon argent auprès de Sonatrach.» Le magistrat lui rappelle que c'est elle qui a évoqué Réda Hemch lors de l'instruction. Elle répond : «J'ai dit qu'il m'aidait quand j'allais me plaindre pour non-paiement des créances.» Le président : «Hemch n'est pas n'importe quel cadre.» L'accusée : «Malgré cela, Sonatrach ne m'a pas payée. Je sais qu'il était au cabinet. Je l'ai sollicité pour qu'on me paie les 110 millions de dinars que me doit Sonatrach et qui ne m'ont pas été donnés à ce jour.»
Le juge appelle Chawki Rahal et l'interroge sur les déclarations de Nouria Meliani à propos de Réda Hemch. Il déclare : «Lorsque j'ai été nommé vice-président, Hemch était au 10e étage, avec le PDG. D'après ce que je sais, il était chef de cabinet de Mohamed Meziane.» Il précise néanmoins qu'il ne s'est jamais réuni avec le bureau CAD et que Hemch ne l'a jamais appelé pour les contrats.
Mercedes et milliers d'euros
Le juge insiste avec Mme Meliani sur le rôle de Réda Hemch, elle conteste. Il la confronte à une longue liste de biens immobiliers et de fonds en devise qu'elle détient en France, dont des appartements avec sous-sol et parking, d'une valeur de 1,5 million d'euros, 820 000 euros et 720 000 euros, en plus des comptes bancaires avec plusieurs centaines de milliers d'euros, ainsi que des actions dans une société en France, dissoute en 2011. L'accusée confirme. Le juge : «Pourquoi avoir transféré à deux reprises 5000 euros vers le compte de Hemch en France ?» L'accusée : «Il était en préretraite. Il était en France et avait besoin d'argent pour obtenir une résidence.
Il devait faire soigner son épouse malade. Je l'ai fait sans aucune contrepartie.» L'accusée persiste à dire que Hemch n'était plus en Algérie en 2008, alors qu'il était encore en poste à Sonatrach qu'il a quitté en septembre 2010. Le juge : «Vous avez effectué un virement de 16 000 euros pour l'achat d'une Mercedes en France au nom de Hemch. Pourquoi ? » L'accusée : «Il avait besoin d'une voiture. Je l'ai dépanné en lui en achetant une. Où est le problème ? Si on veut faire un cadeau à un homme de son statut, on ne lui achète pas un véhicule d'occasion.» Le juge : «Reconnaissez-vous que c'est un cadeau ?»
L'accusée : «Pour moi, c'est un ami qui avait besoin d'aide. Je l'ai aidé.» Le juge lui demande si c'est Hemch qui lui en a fait la demande. L'accusée déclare : «C'est lui qui me le demandait. Il m'a toujours remboursé. Ces faits sont dans le dossier de Sonatrach 2. Je ne peux donner les détails.» Le juge : «C'est vrai que Hemch n'est pas dans le dossier. Mais nous voulons juste savoir qui vous a aidée à avoir ces contrats.» L'accusée : «Quand je veux offrir un cadeau à une personne d'un statut important, je ne lui achète pas un parfum de mauvaise qualité.» Son avocat, Me Brahimi, explose : «Ce Réda Hemch n'a pas été inquiété par la justice.
Et vous venez demander à ma cliente s'il l'a aidée. C'est honteux.» Le juge tente de calmer l'avocat, qui revient à la charge : «Je ne vois pas pourquoi le tribunal veut trouver des liens entre une personne qui n'est pas inquiétée avec l'accusée. Pourquoi n'a-t-il pas été inculpé ? Y a-t-il des supercitoyens et des sous-citoyens dans ce pays ? Si je dis cela, c'est pour vous aider. Vous savez très bien de quoi je parle Monsieur le président.» Le juge : «Nous voulons voir s'il y a des liens avec les contrats.» Me Brahimi : «Il faut convoquer la personne et lui poser la question.» Le juge : «Je suis lié au code de prodécure pénale.» Il lève l'audience pour quelques minutes, avant de revenir sur Réda Hemch. L'accusée : «Ce point a été soulevé dans le dossier Sonatrach 2 et j'ai donné les preuves.»
Le juge : «Ce point se trouve dans le dossier Sonatrach 1. Il est mentionné dans les déclarations de l'accusée que j'ai entre les mains.» Meliani : «Il ne m'a pas aidée pour l'obtention des contrats. Il est un ami de la famille. Il était déjà parti de Sonatrach quand je lui ai transféré l'argent.» Elle affirme avoir quitté l'Algérie en 2009 pour s'installer en France, où elle a obtenu des contrats de travail qui font l'objet d'enquête dans le cadre de Sonatrach 2.


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