La bataille "G'haliz", survenue le 6 mai 1956, coïncidant avec le 25 Ramadhan 1375 du calendrier hégirien, sur les hauteurs de Meftah (Blida), a constitué une véritable épopée qui a infligé une cuisante défaite à l'ennemi français et semé la panique dans ses rangs, comme l'ont affirmé des moudjahidine. Cette bataille qui a opposé deux camps aux forces inégales (en termes d'hommes et d'armes) est considérée comme l'une des plus féroces enregistrées dans la wilaya de Blida durant la Révolution, les moudjahidine ayant infligé de lourdes pertes à l'armée française, soit 375 morts et 70 blessés, en plus de la récupération d'une importante quantité de matériel et d'armes. Selon les témoignages de moudjahidine ayant participé à la bataille, notamment Messaoud Kechout et Mohamed Laâdjali, recueillis par l'APS auprès du Dr Sassi Abderrezak, spécialiste en histoire contemporaine de l'Algérie, la bataille eut lieu après le retour d'un groupe de moudjahidine d'une opération à Souk El-Hed dans la région de Lakhdaria (Bouira). En route vers la région de la Mitidja, ils croisèrent le commando d'Ali Khodja, activant alors dans la région, et se rendirent ensemble au Douar "G'haliz" pour se ravitailler, recueillir des informations sur les mouvements ennemis, et rompre le jeûne chez des familles soutenant la Révolution. Selon Dr Sassi, la France avait eu vent de cette opération, notamment grâce à un colon, le propriétaire d'une boulangerie située au centre ville de Meftah, qui remarqua que cette dernière vendait un nombre anormalement élevé de baguettes de pain à la zone de Djebabra, pourtant peu peuplée. Cette observation alerta les services de renseignements français, qui intensifièrent la surveillance dans la région et découvrirent l'existence de cellules révolutionnaires actives à "G'haliz". L'armée coloniale décida alors de ratisser la zone pour éradiquer l'activité révolutionnaire. Mais la vigilance du commando d'Ali Khodja leur permit de repérer les mouvements des forces françaises en direction du Douar, et ils leur tendirent une embuscade dans l'un des virages dangereux du secteur, le 6 mai 1956, quelques minutes avant la rupture du jeûne. Lorsque les soldats français atteignirent le point de l'embuscade, la bataille, soigneusement planifiée par les moudjahidine, éclata. Le lendemain, un renfort de 80 combattants dirigé par Omar Hichem, dit "Omar Chaâla", rejoignit les moudjahidine. Ces derniers mirent en œuvre une stratégie militaire adaptée au terrain et à leurs moyens. Dr Sassi a cité parmi les facteurs ayant contribué au succès de cette bataille, la personnalité d'Ali Khodja, caractérisée par son audace militaire et son souci de former les combattants et d'assurer leur préparation, notamment par la création de l'unité des commandos, qui devint une véritable école qui a vu la sortie de nombreux chefs de la Révolution. Pendant la bataille "G'haliz", Ali Khodja a réparti les éléments du commando en quatre petits groupes qui ouvraient le feu sur les forces ennemies de toutes les directions, afin de leur donner l'impression que les oudjahidine étaient partout. Cela a poussé les soldats français à tirer de manière désordonnée, causant des pertes dans leurs propres rangs, avant de battre en retraite précipitamment, abandonnant leurs équipements et armes, devenus un butin pour les moudjahidine. Les conditions météorologiques, caractérisées par des pluies et du brouillard dense, ont également contribué à l'avantage des moudjahidine, les routes devenues boueuses ont entravé les déplacements des véhicules ennemis. Du côté des moudjahidine, Mohamed Allak et un autre moudjahid connu sous le nom de Tounsi, sont tombés en martyrs, et deux autres ont été blessés. A la fin de la bataille, les moudjahidine se sont repliés vers des zones sûres et éloignées =La vengeance coloniale dans un massacre ayant fait près de 400 chahid= Après le coup dur infligé à l'armée française, l'ennemi a, comme à son habitude, eu recours à une politique d'extermination. Il a perpétré un véritable carnage contre des civils sans défense au cœur de la ville de Meftah, causant la mort de nombreux innocents. Les massacres se sont poursuivis jusqu'au 14 mai 1956, coïncidant alors avec la nuit de l'Aïd El-Fitr. Selon le chercheur et spécialiste de l'histoire de la région de Meftah, Nourredine Amrouche, ce massacre est documenté dans le livre "Algérie 1956, Livre blanc sur la répression", dans lequel les auteurs Denise et Robert Barrat racontent, dans quatre pages (de la page 165 à 168), le massacre et le génocide perpétrés par la France contre les habitants de la région. 1. Amrouche a déclaré que la France, à travers ses colons, a tiré de façon aveugle sur les civils en représailles à la mort du fils du boulanger qui fournissait du pain aux habitants du Douar "G'haliz". Ils ont transformé toute la ville de Meftah en un bain de sang. Les 13 et 14 mai, les représailles se sont étendues aux fermes avoisinantes et au Douar "Ben haâbane", qui ont été détruits et déclarés zones interdites. "Parmi les preuves matérielles révélant les crimes du colonisateur après la bataille "G'haliz", figurent les cartes d'identité tachées de sang, des personnes torturées et tuées, et retrouvées après l'indépendance dans l'une des armoires d'archives de la mairie de Meftah, en plus des restes de chouhadas découverts lors de travaux de terrassement pour la construction d'une école dans la région", selon le même universitaire. Les deux chercheurs ont affirmé que la bataille "G'haliz" a joué un rôle majeur dans le renforcement du moral du peuple algérien. Elle a, également, exprimé la cohésion, la solidarité et l'unité des Algériens à travers le soutien rapide dont elle a bénéficié, tout en renforçant l'adhésion du peuple à la Révolution et a confirmé la disponibilité des éléments de l'Armée de libération nationale (ALN), d'autant plus que cette bataille n'était pas au départ planifiée.