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Un homme est mort, un repère est né
Hommage au 40e jour du décès de Hocine Aït Ahmed
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2016

La vie est perdue contre la mort, mais la mémoire gagne dans son combat contre le néant.» Cet extrait d'un ouvrage du philosophe français Todorov adhère comme une légende à l'hommage organisé samedi dernier au Palais de la culture à Alger par le FFS à l'occasion du 40e jour du décès de Hocine Aït Ahmed.
Parce que la pensée survit à la destruction du corps, parce qu'elle est l'héritage des géants de l'histoire, parce qu'elle ne souffre point de l'écoulement du temps, la mort ne jettera pas son voile sur les idées de Hocine Aït Ahmed. Après l'immense et extraordinaire hommage populaire qui a confirmé, le jour de son enterrement, la grande place qu'occupe Aït Ahmed dans le cœur des Algériens, place aujourd'hui à penser la pensée de ce père de la Révolution et de la démocratie.
Sous le titre «Un parcours, une pensée, un projet, Hocine Aït Ahmed : l'éthique au cœur de la politique», la cérémonie du 40e jour a pris l'allure d'un appel à la préservation de l'héritage de 70 années de combat et de lutte pour les libertés. L'engagement de l'homme pour le recouvrement de l'indépendance du pays, pour la libération du peuple et pour la démocratie, son attachement et militantisme pour une union maghrébine effective, ses actions en faveur de l'indépendance de la Palestine et son humanisme ont été soulignés et marqués du sceau de la gloire par tous les intervenants et amis invités à expliquer qui était Aït Ahmed et quel est l'enseignement d'une vie de combat.
Après la Fatiha puis l'hymne national, place à l'évocation du parcours d'un combattant, débutant de sa plus tendre enfance au village où il a tété aux mamelles de l'amour de la patrie, lui, le descendant de Cheikh Mohand Ou L'Hocine par son père et de Fatma n'Soumer par sa mère.
L'humaniste et droit de l'hommiste
De la famille des Scouts musulmans où le fredonnement de l'hymne Fida El Djazaïr a eu sur lui l'effet de déclencheur de la ferveur nationaliste, puis de l'adhésion au Parti du peuple algérien (PPA) où il a brillé par son intelligente traduction du sens du militant politique prêt à tous les sacrifices à la rédaction du rapport de Zeddine, guide et source du déclenchement de la Guerre de Libération, en passant par la création de l'OS, l'édification du combat diplomatique au Caire, à Bandung et à New York, en passant aussi par la proposition en 1958 de la création d'un Gouvernement provisoire de la République algérienne, Aït Ahmed a écrit sans conteste les grandes pages de l'histoire de notre Révolution.
Il n'abdiquera pas à l'indépendance devant la dictature qui s'installa, car il ne pouvait concevoir l'indépendance de l'Algérie comme pays sans celle de son peuple et de tous les peuples. Même l'exil n'a pas eu raison de sa ferveur militante demeurée intacte jusqu'à son dernier souffle. Il était de toutes les causes justes.
«La Suisse a eu l'immense honneur et le plaisir d'accueillir l'exilé Hocine Aït Ahmed… J'ai travaillé avec lui à essayer de sortir des frontières nationales. Il rappelait Kant dans son idée de rapport entre l'hospitalité et la démocratie. C'était un grand patriote et démocrate et il croyait que la démocratie n'a pas de frontière…
Avec Hocine Aït Ahmed, j'ai compris que l'Europe c'est tout le Maghreb et c'est tout le pourtour méditerranéen. Nous devons lutter pour que cette Europe ne soit pas celle des frontières et des polices», témoigne Marie-Claire Caloz-Tschopp, philosophe suisse et amie de feu Aït Ahmed. Elle qui milita avec lui en Suisse, à Rome et à Berlin pour les droits des exilés, estime que l'héritage de son ami est lourd, mais doit être porté. «Nous sommes tous ici lourds de l'héritage de Hocine Aït Ahmed», dit-elle en soulignant que la fondation qui portera son nom s'attellera à devenir une agora où la réflexion sera publique.
«Nous avons besoin d'Aït Ahmed et de vous tous en Europe.» Sihem Bensedrine, militante des droits humains en Tunisie, rappela via une vidéo transmise au FFS à l'occasion de ce 40e jour, que Si l'Hocine a toujours été fidèle au projet d'une union maghrébine, «une union contre l'oppression et la dictature. Je garde de notre première rencontre à Tunis cette image d'un grand homme qui sait transmettre l'esprit de résistance».
Le maghrébin convaincu
La dimension maghrébine de Hocine Aït Ahmed a été fortement soulignée dans cet hommage posthume. Ahmed Ounaies, ancien ministre tunisien, apporte une preuve supplémentaire de cet engagement maghrébin d'Aït Ahmed en lisant des textes que le défunt participa à rédiger comme plateforme à l'édification de l'union maghrébine : «Chez lui, le Maghreb c'est quelque chose de vivant, comme une constante, une sensibilité tout comme l'idée de la patrie est en nous», dit-il en notant que son ami Hocine disait «les plus grands espoirs s'attachent à l'évolution démocratique des sociétés du Maghreb». «Il disait aussi que tant que l'union du Maghreb n'est pas réalisée, nos indépendances ne sont pas achevées.»
Une affirmation que Ismail El Alaoui de l'USFP marocain et l'historien Mohamed Harbi confirment dans leurs témoignages respectifs. «Il insistait sur la démocratisation de nos pays maghrébins pour réaliser cet idéal d'une union effective», note Ismail El Alaoui. Et Harbi d'ajouter, via une vidéo projetée pour l'occasion : «L'idée du Maghreb revenait souvent dans nos conversations, il a essayé de concevoir le Maghreb comme un projet historique, une union non seulement des trois pays mais une nation maghrébine conçue par les différentes sensibilités, un Maghreb de conception ouverte.»
Mohamed Harbi souligne en outre que Hocine Aït Ahmed voulait que les trois pays aillent aux sources des tensions et prennent conscience de l'idée de la construction d'une nation en se demandant ce qu'est le coût du non-Maghreb. «Les idées de Hocine sur le coût du non-Maghreb doivent être prises en compte.»
Bouchra, la fille de Hocine Aït Ahmed, qui a reçu des mains d'une jeune scout un foulard des SMA, a lu le message envoyé par Annie Mecili aux présents à cette cérémonie. «L'hommage qui lui est rendu par les Algériens est un immense espoir», a écrit la veuve de son ami fidèle Ali Mecili. Et d'ajouter en parlant des qualités d'Aït Ahmed, qu'il partageait avec Mecili : «Courage, intelligence pleine, intégrité, le don de soi, l'ouverture aux autres et sur le monde.» «Hocine nous a aidé à supporter l'absence de Ali. Il appartient aujourd'hui aux Algériens de poursuivre le combat d'exception de Hocine et Ali», appelle Annie.
La mémoire à défendre
Smaïl Goumeziane, ancien ministre et expert en économie, et dans une intervention, appelle aussi à la préservation de la mémoire d'Aït Ahmed contre les tentatives de falsification de l'histoire. «Hocine Aït Ahmed avait compris que le peuple était au cœur de l'histoire et qu'un pays ne peut être libre que si son peuple est libre.»
Et de noter que même mort, Hocine Aït Ahmed «est un homme d'avenir et un modèle à toutes les Algériennes et tous les Algériens». L'ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche a choisi de revenir sur tout le parcours du défunt en énumérant les grandes dates et actions menées pour la libération du pays et du peuple. «Hocine Aït Ahmed a eu un parcours de combat exceptionnel et a joué un rôle multidimensionnel.
Toujours pour un même but, toujours pour un même idéal. L'indépendance et la liberté pour ses concitoyens et son pays.» Et de noter que la patrie lui doit deux œuvres monumentales qui ont marqué le cours de l'histoire de la renaissance de l'Algérie : avec le rapport de Zeddine de 1948 et la proposition de création du GPRA. Il souligne aussi l'attachement du défunt à l'idéal démocratique et de conclure que les Algériens l'ont compris et ont d'ailleurs clamé, le jour de son enterrement, «Assa Azeka, le serment de Si l'Hocine Yella Yella».
Devant cette assemblée consensuelle autour de la mémoire d'Aït Ahmed, Mohammed Nebbou, Premier secrétaire du FFS, rappela que l'appel au consensus national est une œuvre de perpétuation de la mémoire de Si L'Hocine. L'émotion est à son comble quand la voix douce et pénétrante d'El Djida Thamechtouhth laissa échapper un bel Acheouik, un chant kabyle, en hommage à Si l'Hocine. «Ta mort a été comme une nouvelle naissance pour toi», chante-t-elle. Le legs d'Aït Ahmed est toujours là, le guide est devenu un repère. Un Jaurès algérien est né.


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