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Voyage dans le Kurdistan irakien
Entre rêve d'indépendance et enjeux géopolitiques
Publié dans El Watan le 13 - 02 - 2016

Lorsqu'un voyageur ou un touriste débarque pour la première fois à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, il ne met pas beaucoup de temps à réaliser que ce n'est pas une ville comme les autres. L'ambiance est lourde.
Les services d'ordre aux aguets. Les barrages sont partout. La question de la sécurité prend soudainement le dessus. Et le désir de faire du tourisme pour découvrir cette cité, dont on dit qu'elle est l'une des plus anciennes au monde, s'estompe un peu. L'angoisse vous prend déjà depuis les longs couloirs de l'aéroport. Celui-ci est géographiquement coupé du reste de la ville. C'est un endroit à part. Les gens ne sont pas autorisés à y accéder pour attendre des proches ou des amis.
Seuls les taxis et les bus, permis par l'armée, peuvent y pénétrer.
C'est une zone militaire ultra sécurisée. Une fois les bagages passés sous les portiques de sécurité et les formalités sécuritaires achevées, les voyageurs sont priés de prendre le bus mis à leur disposition par les services de l'aéroport. Celui-ci vous emmène vers un autre bâtiment, d'où vous pouvez enfin prendre un taxi ou un car pour vous rendre au centre-ville.
Dix minutes environ de route sont nécessaires pour atteindre la seconde gare. Tout se passe sous l'œil vigilant des policiers et des militaires qui sillonnent à bord de véhicules 4x4 toutes les parties de l'édifice.
De loin, on peut distinguer des positions de l'armée. Des mitrailleuses pointées vers le ciel et des petits chars prêts à prendre l'assaut et à repousser tout ennemi qui tenterait de s'infiltrer par la voie terrestre. L'aéroport d'Erbil est grillagé. Il est accessible uniquement aux personnes disposant d'un billet d'avion. Pas plus.
Le règne sans concession du clan Barzani
Dans un contexte sécuritaire local marqué par le terrorisme et la violence aveugle de l'Etat islamique (EI) qui cherche à contrôler plus de territoire, Erbil constitue une exception qui confirme la règle. C'est un havre de paix relatif comparée à la ville de Baghdad voisine qu'on peut atteindre en seulement trois heures de route. Si la capitale irakienne est le théâtre d'attentats perpétrés par divers groupes terroristes, ce n'est pas le cas à Erbil. La ville a investi beaucoup d'argent pour sa sécurité.
Elle ambitionne plutôt de ressembler à Dubaï qu'à la cité abbasside.
On est d'ailleurs frappé par la largesse des rues et les grosses voitures de luxe qui vous remplissent les yeux dès que vous êtes au cœur de la ville.
Il faut dire que les années du pétrole cher ont donné des ailes à cette cité d'environ un million d'habitants, coincée entre la Turquie, le mont Sinjar qui donne sur la Syrie et Baghdad de laquelle elle voudrait volontiers s'en défaire. Et définitivement. «Ici nous vivons relativement en paix. Mais nous sommes conscients que nous nous trouvons à quelques kilomètres seulement des terroristes de l'EI», raconte un chauffeur de taxi kurde qui reconnait tout de même que «la situation sécuritaire dans la région n'est pas des plus brillantes».
«Les Peshmergas (nom donné aux militaires kurdes, ndlr) sont sur le front jour et nuit. Ils ne dorment jamais. Ils surveillent les terroristes de l'EI.
C'est grâce à eux que nous vivons sereinement ici au centre-ville et à Souleymania. Autrement, nous aurions été assaillis et la ville serait peut-être déjà tombée entre leurs mains», ajoute-t-il. Erbil est une ville plate et poussiéreuse. Régnant en maître absolu depuis des années, le clan Barzani veut en faire un centre d'affaires international et un lieu touristique privilégié, semblable à Dubaï ou à Abu Dhabi.
La chute des prix du pétrole fait craindre le pire
Et pour figurer dans les brochures de tourisme, Barazani parie sur une économie libérale et ouverte, et tente de faire d'Erbil une place financière régionale incontournable, après Dubaï et Beyrouth. Pour cela, des moyens financiers colossaux ont été mis en place. Des immeubles de plusieurs étages ont poussé comme des champignons. Des gratte-ciel vitrés y sont parsemés un peu partout. Ils côtoient, en certains endroits, de vieilles bâtisses en phase de démolition. Tout scintille et luit même si les habitants sont obligés de s'équiper de générateurs pour avoir de l'électricité.
La politique expansionniste de Barzani s'est longtemps appuyée sur les recettes faramineuses engendrées par la vente du pétrole.
En dix ans, la ville a changé de visage.
Elle est passée de cité modeste et traditionnelle à une ville ouverte sur le monde, attirant de nombreux hommes. Ils viennent souvent pour vendre des armes ou acheter du pétrole. «Ici, c'est un peu comme Dubaï, explique Dana Fewaz, un journaliste de Rudaw TV (principale chaîne de télévision appartenant à la famille Barazani, ndlr) ! Toutes les démarches administratives sont facilitées. Les banques encouragent les investissements. Le pétrole a dopé les affaires. Seulement depuis près d'un an, les choses ont commencé à changer.
La vie est devenue plus difficile. Les affaires ne marchent plus. La chute des prix du pétrole est passée par là.
La crainte d'une explosion sociale
Après plus de dix années de faste durant lesquelles ont émergé des centres d'affaires, des villas luxueuses, des magasins opulents et des voitures somptueuses, le temps est désormais à l'austérité. Les salaires des fonctionnaires kurdes ne sont pas versés depuis deux mois, voire plus.
Le malaise social est palpable au sein de la société. A Erbil, on craint désormais une explosion sociale. Le peu d'argent qui rentre dans les caisses de l'Etat autonome sert à financer les Peshmergas et les policiers qui ont mis en place un corridor autour du pays en vue de le défendre et d'empêcher toute infiltration de l'EI.
Les temps sont devenus durs pour la famille Barzani qui tente de calmer les citoyens à coups d'annonces politiques et de promesses d'un lendemain meilleur. Mais en vain. Des voix discordantes commencent à se faire entendre. Celles-ci, discrètes pour l'instant, n'hésitent pas à critiquer la gestion des affaires des Barzani, (le père occupe le poste de Président, le fils celui de Premier ministre, ndlr).
Elles dénoncent le phénomène de corruption qui touche tous les secteurs de l'Etat et des pans entiers de la société, sans oublier la confiscation du pouvoir depuis des décennies par une seule famille. Une expatriée italienne qui vit dans le pays depuis plusieurs années a vu comment les tensions sont apparues progressivement. «Avant, lorsque le pétrole se vendait à prix fort, à Erbil c'était l'euphorie. La fête. Tout le monde en a profité pour s'enrichir. Tous ont construit de grosses villas ou lancé des affaires prospères.
Les habitants veulent vivre comme ceux des pays du Golfe, c'est-à-dire avoir beaucoup d'argent sans trop travailler. Sauf qu'Erbil n'est ni Dubaï ni Abu Dhabi
Kirkuk, la capitale mondiale du pétrole
A y voir de près, tout est «kitsch». Tout brille mais sans attrait. A part le quartier historique de la citadelle appelé «Kalaat Erbil», rien n'indique que cette ville est très ancienne. «On a tout fait disparaître au nom de la modernité, explique un professeur dans une école de presse. On a voulu se tourner vers le futur tout en reniant notre passé et sans avoir vraiment les moyens et les infrastructures pour cela.
Les vestiges de la ville ont été dilapidés. Erbil est devenue une ville sans âme.» Le même interlocuteur ajoute pour El Watan : «Beaucoup d'amis étrangers me demandent où est-ce qu'on peut écouter la musique traditionnelle kurde ou manger des plats locaux. Je leur réponds que je ne connais aucun endroit et que la seule musique qu'on peut écouter ici c'est la musique occidentale ou kurde avec la sauce étrangère.»
Nous quittons Erbil pour faire une petite virée à Kirkuk, sur la route de Baghdad. Et si le trajet dure normalement une heure, il faudrait compter le double à cause des nombreux barrages de l'armée. Les hommes en uniforme beige contrôlent l'identité des voyageurs, les font descendre des véhicules et y font monter les chiens à l'intérieur pour détecter des armes ou de la drogue.
«C'est le pétrole qui guide le monde, pas la démocratie»
Kirkuk est une ville stratégique pour le régime du Kurdistan. C'est de là que sort la moitié du pétrole qui se vend dans la région. Malgré un temps brumeux et un froid de canard, des centaines de camions-citernes foncent à vive allure vers cette cité aux mille torches. Venus d'Iran, de Baghdad, de Turquie, de Syrie, de Jordanie et d'ailleurs, les poids lourds repartent tous pleins de pétrole. «Vous voyez bien pourquoi les Etats-Unis ne veulent pas quitter la région ni la voir pacifiée. C'est à cause du pétrole, explique le chauffeur de la Toyota blanche qui nous conduit. Rassurez-vous, Bush et Obama n'envoient pas leurs soldats mourir ici pour rien. C'est pour l'or, et non pas pour les beaux yeux des Arabes ou de la démocratie. C'est le pétrole qui guide le monde, pas la démocratie.»
Soudain, l'odeur du liquide noir envahit les narines. C'est comme si nous étions à l'intérieur d'un baril. «A chaque fois que je viens ici c'est pareil, continue le conducteur de la Toyota. Je suis obligé de fermer les vitres pour ne pas trop sentir l'odeur du pétrole. Ici vous êtes dans l'une des plus importantes réserves mondiales. Il suffit de creuse un mètre seulement pour voir l'or noir jaillir comme de l'eau.»
Mais qui dit pétrole dit sécurité. Plus on pénètre dans la ville de Kirkuk, plus les barrages militaires se multiplient.
Au loin, on peut apercevoir les bases militaires des Peshmergas. Les tranchées creusées à la va-vite attestent que des combats enragés ont eu lieu pour le contrôle de la zone la plus riche au monde. Mais les soldats kurdes, aidés par l'aviation américaine, ont toujours réussi à avoir le dessus sur les terroristes de Daesh. Les différentes lignes de front qui reculent un peu plus chaque jour renseignent sur les victoires gagnées par les Peshmergas.
Ces derniers attendent la décision des autorités irakiennes et américaines pour enfin mener une guerre totale contre les terroristes de Deach qui se sont retranchés dans la ville de Mossoul, à quelques encablures de Kirkuk.


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