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«Moins d'Etat, plus de liberté»
Constantine .Etat des lieux du cinéma algérien
Publié dans El Watan le 12 - 03 - 2016

Le cinéma algérien est malade. Ce diagnostic a été établi, encore une fois, par les professionnels du 7e art présents, les 5 et 6 mars, au palais de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa, à Constantine
, lors du colloque sur «les contraintes de la production cinématographique en Algérie», organisé par le département cinéma de «Constantine, capitale de la culture arabe» et le Centre algérien de développement du cinéma (CADC).
«Le cinéma algérien est privé de son public. Le jour où un Algérien se présentera au guichet pour payer sa place dans une salle, le cinéma deviendra une réalité avec une fiscalité qui rentrera dans le fonds d'aide. Dans les années 1970, le fonds d'aide, qui était alimenté par la billetterie, a financé l'ensemble de la production algérienne de l'époque.
Donc, ce n'était pas l'Etat qui finançait le cinéma, mais le public. Les cinéastes tiraient leur légitimité de leurs publics», a relevé l'universitaire Ahmed Bedjaoui. Selon lui, les mauvaises décisions ont été prises dans les années 1960 avec la nationalisation de la distribution et le transfert de propriété des salles vers les communes. «Il est difficile de gérer cet héritage, lequel n'a pas permis de créer une école de cinéma et d'instaurer une industrie du cinéma avec des laboratoires et des studios.
On a donné à l'époque de l'abondance des budgets plus qu'on n'a fait de films. Aujourd'hui, il y a une nouvelle réalité économique. C'est peut-être une aubaine pour nous parce qu'il s'agit de se gérer soi-même, de bien utiliser le peu d'argent que nous avons pour repartir sur des bases plus saines. Cela passe par une réduction du rôle immédiat de l'Etat dans la production et la distribution et le retour aux entreprises privées», a-t-il plaidé.
L'Etat doit, selon lui, se dessaisir progressivement de certaines missions pour assumer son rôle de régulateur en accordant, notamment, les assiettes foncières et les facilités fiscales. «Ce genre de facilités rendent plus rentables les projets de multiplex. Les multiplex peuvent contribuer à un retour du public dans les salles. Les habitudes de consommation ont changé radicalement. Il faut donc s'adapter», a-t-il noté. Il a rappelé que les multiplex dans les centres commerciaux ont été créés par les Espagnols avant d'ajouter : «Le monde entier a suivi. Donc, il faut s'associer avec les gens qui ont le savoir et reconstituer le marché cinématographique dans le pays. Le public pourra alors alimenter le fonds d'aide. Cela va faire naître une relation intime entre le public et les créateurs.»
Bedjaoui a fait un plaidoyer en faveur des jeunes techniciens algériens : «Je ne vois pas pourquoi les réalisateurs algériens sont bons et les techniciens ne le sont pas. Il faut prendre le risque. Il est terminé le temps où l'on allait chercher ailleurs des gens pour vous fabriquer un film. Cela peut ne pas marcher au premier coup, mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron.
C'est en tournant qu'on devient cinéaste», a souligné ce spécialiste du 7e art. Pour lui, la formation aux techniques pourrait être prise en charge par l'initiative privée avec un soutien de l'Etat. «Il faut revoir la loi sur le cinéma, car elle donne trop de parts à l'Etat. Moins d'Etat et plus de liberté, plus de retour à la société civile. Il faut sortir de la situation monopolistique puisqu'elle n'a pas donné de résultats», a-t-il soutenu.
Le retour du public est conditionné par la réouverture des salles. «Le jour où nous aurons cinquante écrans, cinq ou six multiplex en tout, le public aura le choix de voir plusieurs films. La multiplicité de l'offre va conditionner la réponse de la demande», a-t-il affirmé. Citant l'exemple de L'Afrique à Alger, il a regretté que la réhabilitation des salles se fait sans consulter des professionnels et des techniciens. «Dans le marché mondial, on ne peut pas remplir une salle de plus de 300 places, ni à New York, ni à Tokyo, ni à Pékin.
La salle Afrique aurait pu être divisée en cinq petites salles de sorte à varier l'offre de films», a-t-il noté, proposant de confier la gestion des salles aux professionnels du 7e art. Il a proposé aussi d'équiper en DCP (Digital Cinema Package) les salles relevant des Maisons de culture au niveau national avec instauration d'une billetterie. «L'Egypte a créé 200 écrans nouveaux, alors que la France a connu un record d'entrées en salle en 2015.
En Turquie, 400 nouvelles salles ont été ouvertes. Autant en Iran. Donc, je ne comprends pas pourquoi en Algérie, on fait croire que la fermeture des salles est un mouvement irréversible. Il y a un retour fort et net vers le cinéma. Profitons alors de cet engouement. Nous sommes dans une phase post-télévision. Les jeunes ne regardent plus la télé, ils sont branchés sur le smartphone ou la tablette», a-t-il constaté. Il s'est interrogé ensuite sur les raisons qui font que des hommes d'affaires algériens engagent 300 millions d'euros pour créer une chaîne de télé et ne dépensent pas 3 millions d'euros pour créer un multiplex !
La cinéaste Amina Chouikh a, pour sa part, appelé les professionnels à sortir de la logique des «règlements de comptes» et a souhaité que la prochaine révision de la loi sur le cinéma prenne en charge les préoccupations «des gens qui sont sur le terrain». Elle a ajouté : «Les producteurs et réalisateurs demandent une régulation, un cadre juridique, pour travailler. Il faut obliger toutes les chaînes de télé, à travers la législation, à participer au financement des films, cela va dégager l'Etat. Il faut avancer et je refuse d'être assimilée à une mendiante. Je veux faire mon métier d'une manière digne.» Elle a proposé d'introduire des facilités fiscales pour une période déterminée, afin d'encourager la production cinématographique dans le pays.
De son côté, le cinéaste et producteur Belkacem Hadjadj a proposé d'attaquer les problèmes du cinéma de front et d'une manière simultanée. «Il est important d'élever le degré d'exigence professionnelle qui devra tirer la production cinématographique vers le haut», a-t-il déclaré. Abordant le volet formation, il a estimé qu'il faut évaluer l'action de l'ISMAS (Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et du spectacle) et revoir son statut. «Cette école existe, il ne faut pas le nier. Mais il faut s'interroger pourquoi les comédiens qui sortent de Bordj El Kiffan sont mal ou pas formés du tout. Les étudiants ont organisé des grèves pour réclamer qu'on s'occupe d'eux et qu'on améliore la formation. Une école de cinéma ne peut pas être enfermée dans les carcans administratifs et bureaucratiques d'un institut universitaire», a-t-il signalé, relevant le manque d'encadreurs professionnels.
Il a proposé de jumeler l'ISMAS avec deux ou trois écoles similaires de par le monde. «Il faut lancer un plan de formation avec un programme basé sur des regroupements planifiés et organisés. Le plan doit être suivi et évalué à chaque fois pour relever les apports réels et tirer les leçons», a-t-il proposé. Il a regretté la faiblesse des scénarii. Aussi, a-t-il proposé d'installer un atelier d'écriture à côté de la commission de lecture du FDATIC (Fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique). «Cet atelier sera composé de scénaristes confirmés.
Quand un scénario est choisi, il faut obliger le porteur, le scénariste ou le réalisateur à venir le parfaire et le renforcer dans cet atelier. Mais il faut dégager des budgets pour payer les script-doctors qui seront là en permanence», a-t-il souligné. Il a appelé à renforcer la relation entre cinéma et littérature, cinéastes et écrivains. «La palette des romans écrits en arabe et en français est de plus en plus large. Il serait dommage que le cinéma n'en profite pas quand nous souffrons d'un manque de sujets et de scénarii. Il est important de songer à des efforts pour renouveler et actualiser l'écriture cinématographique en Algérie. Dans ce sens, l'apport des jeunes cinéastes est important. Les jeunes viennent parfois avec des idées délirantes. C'est leur droit ! Il ne faut pas refuser leurs projets, laissez-les faire», a attesté Belkacem Hadjadj. Il a proposé de consacrer un budget spécial au sein de la commission du FDATIC pour la réalisation de deux ou trois courts métrages de jeunes par an.
A ce propos, Smaïl Oulebsir, secrétaire général du ministère de la Culture, a annoncé que le FDATIC pourrait s'ouvrir prochainement aux primo-créateurs dans la catégorie courts métrages. Parlant de la production, Belkacem Hadjadj a relevé que plusieurs films n'ont pas rencontré leurs publics, ni en Algérie ni à l'étranger. «Je ne crois pas à l'idée de produire plusieurs films pour avoir la qualité. Nos films souffrent d'une fracture artistico-technique. Lorsqu'on décide de produire 50 films par an, il faut alors trouver des réalisateurs, des directeurs photo... C'est la porte ouverte à tout le monde.
N'importe qui va se proclamer réalisateur ou directeur de production... Après, lorsque le mal est fait, il serait difficile de redresser la situation», a-t-il estimé rappelant que le cinéma algérien est entièrement financé par l'Etat. D'après lui, il n'y a pas d'autres choix à l'heure actuelle. Il a proposé à ce que l'Etat, en tant que producteur, adopte des mécanismes de contrôle lors de la réalisation des films. «L'argent doit aller réellement au film. Il faut voir qui fait ces films et qui sont les encadrements. Qu'on arrête avec la complaisance avec un producteur qui ramène sa tante ou sa cousine pour faire n'importe quoi dans les tournages. Cette situation est inacceptable. Qui doit veiller à cela, sinon celui qui donne l'argent ? Il faut visionner les films, une fois réalisés, trouver les mécanismes pour sanctionner positivement lorsque le film est bien fait et négativement dans le cas contraire», a-t-il appuyé en plaidant pour la professionnalisation du secteur.
Le comédien Hassan Benzerari a souhaité l'utilisation pour les tournages de la multitude de décors naturels qui existent en Algérie. «Il faut vendre l'image de notre pays », a-t-il assuré. Le cinéaste Larbi Lekhal a, de son côté, estimé qu'il faut cesser de «ruminer» sur la situation du cinéma algérien et passer à l'action. «Les gens du métier doivent défendre leur secteur, personne d'autre ne le fera à leur place. Nous connaissons bien l'état actuel du cinéma algérien. Il est temps d'aller vers des solutions mais avec la mentalité d'aujourd'hui, pas celle des années 1960», a-t-il souligné, regrettant l'existence d'animosités entre gens du métier. Le réalisateur Djamel Bendedouche a appelé à dépasser le constat : «Il est impératif que tout le monde s'explique sur la manière de faire fonctionner le cinéma algérien. Aussi, faut-il organiser les états-majors du cinéma ouverts à tous les professionnels du 7e art.»
Abdenour Chelouche a regretté que les comédiens soient réduits au statut de quémandeurs : «Ils sont sous-payés. Si le comédien n'a pas de rapport d'amitié avec le producteur ou le réalisateur et ne vient pas de la même région que lui, eh bien, il meurt de faim ! Les comédiens qui sont à l'intérieur du pays sont sanctionnés parce que les producteurs ne peuvent pas prendre en charge leur hébergement à Alger ou ailleurs dans les tournages.» Il a proposé la création d'écoles artistiques et celle des métiers du cinéma pour améliorer la formation. Amir, jeune animateur d'un ciné-club de Constantine, a dénoncé «les cinéastes affairistes» en citant l'exemple d'Ahmed Rachedi : «Des cinéastes qui font une multitude de mauvais films avec l'argent du contribuable.» Parlant justement du film Ben Boulaïd, de Rachedi, l'universitaire Abdelmadjid Merdaci a dénoncé «une manipulation flagrante de l'histoire», affirmant : «Ce film est bourré de contre-vérités.
Par exemple, on montre Messali El Hadj à Constantine, alors qu'il n'a jamais mis les pieds dans cette ville ! Il y a un problème d'écriture du scénario. L'auteur de ce scénario est un haut fonctionnaire de l'Etat. C'est insupportable !» Ces propos ont fait réagir le critique Salim Aggar : «Je n'aime pas qu'on fasse le procès des gens qui sont absents. Il fallait parler et réagir à la sortie des films d'Ahmed Rachedi, pas maintenant. Les professionnels du cinéma ne se rencontrent pas pour analyser les problèmes. On ne se voit que dans les avant-premières.» Aggar a appelé à réactiver l'ARPA, l'Association des réalisateurs et producteurs algériens et à l'élargir aux comédiens.
Smaïl Oulebsir, secrétaire général du ministère de la Culture, a regretté l'absence de vis-à-vis, affirmant : «Est-ce qu'on se trompe sur la manière de conduire les financements du cinéma, il faudra nous le dire. Nous avons besoin de retour d'écoute de la profession. Par exemple, nous sommes en train de rechercher les organisateurs de spectacle pour qu'ils se regroupent. Nous avons besoin qu'ils s'organisent pour nous envoyer une image de ce que nous faisons.» Pour lui, la coproduction n'est pas une option exclusive, mais complémentaire. «Nous n'avons pas opté au niveau du ministère que pour la coproduction mais nous ne la refusons pas. En dehors du financement, la coproduction apporte de l'expertise et de la mise en valeur de la compétence nationale», a-t-il souligné.


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