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Ahmed Baba Miské tire sa révérence
In memoriam
Publié dans El Watan le 27 - 04 - 2016

Le lundi 14 mars 2016, Ahmed Baba Miské s'est éteint dans un hôpital de Paris. Immédiatement après l'annonce de cette triste nouvelle, sa mémoire fut unanimement saluée en Mauritanie et ailleurs. Militant depuis son jeune âge, au début des années 1950, la personnalité de l'illustre disparu se confond avec l'histoire de son pays dans ses péripéties et son cheminement, ses moments de grandeurs et de misères, ses vicissitudes et ses certitudes. Homme politique, écrivain, poète et diplomate, Ahmed Baba Miské était à la fois un témoin privilégié et un acteur avisé, engagé ou en retrait, de cette scène.
Anticolonialiste affirmé, sa personne immense déborda la Mauritanie pour lui conférer une dimension tiers-mondiste. Il fut de tous les combats pour les causes de la liberté et de l'indépendance, à l'échelle de la sous-région et de l'Afrique. C'est pourquoi on le trouva tout naturellement aux côtés de Moustapha El Ouali Sayed, fondateur du Front Polisario, dont il fut le plus proche collaborateur. Son livre Front
Polisario : l'âme d'un peuple (1976) a amplement contribué à faire connaître la cause du peuple sahraoui au sein de l'intelligentsia en France et en Occident. La paire complémentaire du combattant et de l'intellectuel était devenue familière des médias durant les années 1970. Cet engagement ne s'est jamais ramolli, tant et si bien que le destin a voulu que son dernier point d'honneur soit sa participation au 14e congrès du Front Polisario tenu en décembre 2015. De son riche parcours, on citera diverses fonctions et rôles habilement menés. Ambassadeur de son pays à l'ONU de 1964 à 1966, médiateur dans le conflit intermalien en 1990, chargé des Pays les moins avancés (PMA) à l'Unesco…
Son ultime œuvre, intitulée La décolonisation de l'Afrique revisitée, la responsabilité de l'Europe (2014) dévoile l'amertume d'une victime d'une grande duperie. Il revient, en effet, sur l'imposition par le colonialisme d'élites qui lui étaient totalement acquises pour diriger des pays décrétés indépendants tout en écartant les vrais nationalistes.
C'est le néo-colonialisme et des indépendances au rabais qu'il dénonce.
Pour tous ceux qui l'ont connu ou approché, Ahmed Baba Miské était une belle intelligence souvent oubliée. Ce fils du désert ayant longtemps vécu en France est devenu un parfait alliage des valeurs locales et des valeurs universelles, dans le respect de leurs impératifs respectifs. Ses qualités intellectuelles indéniables étaient doublées d'une modestie naturelle qui l'éloignait des ridicules vanités et des vaines parades. Eternel sourire aux lèvres, il était d'un tempérament réservé jusqu'au secret, écoutait beaucoup et parlait peu. La magnanimité, qu'on doit lui admettre, lui interdisait de prononcer des médisances à l'encontre des responsables des moments tourmentés de sa vie et dont il ne gardait que les aspects loufoques qui élargissaient son sourire lorsqu'il les narrait.
Il a aussi grandi aux yeux de ceux qui étaient au fait de son refus poli des honneurs et des situations valorisantes qu'on lui avait proposés pour ne pas trahir des idéaux et s'écarter d'un parcours dont il a fixé les bornes. J'ai connu Ahmed Baba Miské lors de deux périodes tellement distinctes et éloignées, mais reliées par un trait d'union imprévu. Heureux hasard. Au cours des années 1970, il offrait aux lecteurs de ma génération une grille de lecture de l'actualité et des événements de l'époque à travers des articles qu'il savait tailler dans un style qui lui est particulier dans la revue Africasia (devenue Afrique-Asie) dont il fut l'un des piliers, avec Simon Malley.
Son nom a fini par s'imposer comme un fin connaisseur des problèmes du Tiers-Monde en général et de la région maghrébine tout particulièrement. Des décennies après, il a compté à Nouakchott parmi les premières personnalités mauritaniennes que j'ai contactées et rencontrées. On ne peut ignorer une stature intellectuelle pareille, la somme d'expériences qu'elle recèle et le respect qu'elle mérite. Immédiatement après, de communes affinités et convergences de vues nous avaient spontanément rapprochés. Nos entrevues s'étaient multipliées depuis lors jusqu'à l'aggravation de sa maladie qui l'avait emporté.
Les hommes naissent et disparaissent. C'est leur destin inexorable. Ahmed Baba Miské nous dit adieu, non sans nous avoir légué sa part de vérité. Le sourire qui illuminait constamment son visage et son «incurable
modestie» — pour reprendre André Gide — annonçant le premier trait de sa personnalité, resteront gravés à jamais dans nos souvenirs.
Par : Noureddine Khendoudi
écrivain


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