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Bouchons humains et fêtes piétonnes
Un vendredi soir sans voiture, de Didouche à Bab El Oued
Publié dans El Watan le 19 - 06 - 2016

Vendredi 17 juin, 12e jour du Ramadhan. 22h20. Comme tous les soirs, la rue Didouche Mourad est très animée.
Cependant, nous avons comme l'impression que cette artère très courue de la capitale connaît un surplus d'effervescence ce vendredi soir. Les terrasses et les boutiques sont copieusement sollicitées. Shopping de l'Aïd oblige, les magasins de vêtements pour enfants (chaque jour plus nombreux) sont bondés de monde.
Des embouteillages monstres se forment à hauteur de l'arrêt de bus de Meissonnier. Effet entonnoir à mesure que la file de voitures avance, et pour cause : la chaussée est barrée par un fourgon de police à l'orée de la place Audin.
Tous les véhicules sont obligés de s'engouffrer dans la rue Mustapha Ferroukhi (ex-Richelieu). Et tout le périmètre coupé à la circulation automobile est transformé en zone piétonne, de la place Audin à la Grande-Poste.
L'ambiance est festive à souhait, avec des airs de fête foraine. A peine sortis de table, les premiers noceurs et autres chérubins excités étaient déjà sur les lieux pendant que des techniciens s'affairaient à opérer les derniers réglages son (pour les DJ) et que différents opérateurs s'employaient à déployer toboggans gonflables et trampolines qui vont ponctuer tout le parcours.
Cette opération, convient-il de le souligner, s'inscrit dans le cadre des «Vendredis sans voiture» institués par la wilaya d'Alger durant le mois de Ramadhan.
A ce titre, certains axes de la capitale sont fermés à la circulation du f'tour jusqu'au s'hor. C'est le cas notamment du secteur qui s'étend du 31 rue Didouche Mourad aux abords de la Grand-Poste (l'avenue Mohamed Khemisti étant ouverte au trafic). Il y a aussi la rue Larbi Ben M'hidi jusqu'à la rue Ali Boumendjel. A Bab El Oued, l'opération concerne principalement deux grandes artères commerçantes du quartier, à savoir la rue Mohamed Boukella (ex-avenue de la Marne) et l'avenue Colonel Lotfi, jusqu'à la place des Trois Horloges.
«Ghachi bezzaf»
Ce n'est évidemment pas la première fois qu'Alger connaît des «journées sans voiture». La dernière en date remonte au 6 mai. La nouveauté est que c'est la première fois que ce type d'opération est organisé en nocturne, en pleine «fièvre ‘‘ramadanaise''».
On connaît la densité du trafic après le f'tour et d'aucuns se demandaient comment Alger, ses voies étroites et sa légendaire «circulation» allaient réagir ? En tout cas, ce que l'on constate d'emblée, c'est que les rues soustraites au trafic, si importantes soient-elles pour la mobilité urbaine, sont loin de paralyser la capitale.
Et si les voies carrossables laissées libres étaient fatalement congestionnées, il faut dire que même pour la population piétonne, il n'était guère aisé de se frayer un passage tant l'opération, victime de son succès, a drainé du monde par dizaines de milliers.
Et des «bouchons humains» de se former devant chaque stand. Il faut compter avec l'impatience de certains, de quoi décourager quelques parents. «J'ai dû abandonner», lâche une maman, frustrée de n'avoir pu exaucer le vœu de son enfant de chevaucher un toboggan en forme de dragon dressé près de l'OPU.
«C'est une très bonne initiative, les gens n'ont pas où aller. Mais… ghachi bezzaf, il y a trop de monde, je ne sais même pas où commence la chaîne», lance, de son côté, un père de famille accompagné de ses deux bambins devant un circuit de mini-voitures. Concernant la fermeture, même occasionnelle, de certains axes à la circulation, notre interlocuteur se montre sceptique : «Je pense qu'il vaut mieux limiter cette opération au Ramadhan.
Une fois par semaine, un vendredi, ce n'est pas méchant. Mais on ne peut pas le faire tout le temps. Moi, j'habite rue d'Isly qui est fermée à la circulation. Je voulais sortir avec ma voiture, il n'y avait pas moyen. Si on fait ça tout le temps, ça va générer plus d'encombrements et des problèmes de stationnement.»
«Offrir la rue aux familles algéroises»
22h50. Une délégation encadrée par des officiers munis de talkies-walkies investit les lieux : c'est le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, accompagné du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, et du maire d'Alger-Centre, Hakim Bettache. M. Zoukh se fend d'une succincte déclaration à une consœur de la Télévision nationale : «Nous sommes ici, dit-il, pour évaluer les résultats de cette initiative.
On constate une affluence notable des citoyens et cela nous encourage à poursuivre cet effort afin de procurer confort, progrès et bien-être à la population d'Alger.» Malgré la grisaille budgétaire qui se profile, le wali évoque un «programme ambitieux» pour Alger, la «perle de la Méditerranée».
Pour sa part, Hakim Bettache a indiqué, dans une déclaration à El Watan, que «cette initiative fait suite au programme ‘Journée sans voiture' (du 6 mai, ndlr) qui a connu un franc succès».
«C'est tout le monde qui a demandé à multiplier ces actions de citoyenneté et surtout qu'on offre la rue aux familles algéroises. Donc le wali a fait appel à moi et on a élaboré un programme.» M. Bettache a souligné que l'esprit de cette opération est à inscrire dans le sillage des actions à entreprendre pour animer Alger en nocturne.
Le président de l'APC d'Alger-Centre estime que l'une des solutions, à cet effet, est de «fermer et animer les boulevards et les offrir aux familles algéroises parce que stratégiquement parlant, à Alger-Centre, il n'y a pas d'espace où les familles peuvent sortir.
C'est un problème d'espace public». Quid des soirées post-Ramadhan ? «On vient d'en discuter (avec le wali, ndlr) : on va relancer cela après le Ramadhan», nous a assuré le maire en précisant que l'opération devrait être reconduite «tous les vendredis, jusqu'au mois de septembre».
Dans la foulée, M. Bettache a ajouté que l'idée était d'envisager la «fermeture définitive de ces boulevards» et d'en faire des rues piétonnières «pour les offrir aux enfants». C'est une façon, selon lui, d'atténuer le «vacarme, les embouteillages et le monoxyde de carbone» qui polluent Alger.
«C'est quelque chose de positif. La preuve : il y a des milliers d'enfants, de femmes au foyer, de femme cadres, qui sont dans la rue», appuie-t-il. Hakim Bettache nous apprend au passage que l'expérience des horodateurs (ou parcmètres) installés le long de la rue Larbi Ben M'hidi va être étendue au boulevard Mohammed V «dans un mois».
Avec Moh Vita Boy et ses fans
Retour à la fête. Après la prière des tarawih, le secteur atteint un pic d'affluence. Ambiance de folie à la place Audin, à présent enflammée au son de la zorna. Des jeunes jouent au roller, d'autres font du vélo. Flashes et selfies à gogo. Les activités sportives côtoient allègrement les jeux pour enfants : des filets de volley coupent la chaussée à plusieurs endroits ; des paniers de baskets, des espaces de baby-foot et autre tennis de table complètent le tableau.
A un moment donné, notre attention est happée par la voix de Moh Vita Boy et sa guitare endiablée interprétant C'est la vie de Khaled. Assis au bord du trottoir et entouré de ses fans, non loin du café-théâtre L'Escalier des artistes, Moh nous reçoit avec un grand sourire. Pour rappel, le plus attachant de nos artistes de rue avait défrayé la chronique, il y a quelques mois, après avoir été empêché par la police de jouer (et jouir de) sa musique.
A la faveur d'un large mouvement de solidarité, Moh Vita Boy a fini par arracher haut la main le droit de festoyer à sa guise. «Maintenant, je suis tranquille, tout se passe très bien. Je joue ici tous les soirs», rassure-t-il. «Je suis le premier à avoir décroché une autorisation d'artiste de rue» martèle notre ami en exhibant sa carte d'artiste délivrée par l'APC d'Alger-Centre. Celle-ci porte effectivement le numéro «001/2016». A propos de l'atmosphère délurée qui lui fait de la concurrence en ce vendredi festif, il fait fair-play. «ça fait plaisir, mais…entre nous, il y a trop de ‘haradj' (bruit).
Je ne peux pas jouer avec tout ce boucan», s'esclaffe le jeune barde. Mais devant l'insistance de ses fans qui le «croquent» avec leurs téléphones portables, il reprend volontiers du service en entonnant : «On va s'aimer/On va danser/ C'est la vie…» Lyès, un jeune papa, écoute gaiement avec sa petite Sondoss, 18 mois, dans les bras. «On souhaite que cela se fasse à plein temps, pas que pendant le Ramadhan», insiste-t-il.
Un peu plus loin, trois jeunes, 17-19 ans, s'apprêtent à livrer une partie de basket. «C'est super ! On s'amuse bien. C'est une excellente chose pour les enfants» disent-ils à l'unisson. L'un d'eux fait remarquer : «On aimerait que ça soit reconduit après le Ramadhan. Les soirées sont trop courtes (pendant le mois sacré), on n'en profite pas assez.»
Un toboggan géant à l'effigie de Superman trône à l'ombre de la Grande-Poste pendant qu'un spectacle de clowns égaie les gradins du petit théâtre en plein air qui domine la place.
Rue Larbi Ben M'hidi, une scène est aménagée sur le parvis de la mairie, animée par de joyeux saltimbanques. Des guirlandes lumineuses scintillent admirablement tout autour, pendant que des mômes prennent la pose avec un histrion sous le regard bienveillant de l'Emir.
Dernière image : des ados jouent aux échecs au beau milieu de la rue Mohamed Boukella, une artère habituellement congestionnée par les flux de tôle, dans une orgie de klaxons, à Bab El Oued. Il est 1h du matin et la fête se poursuit encore avant que l'appel du muezzin n'annonce la fin du «jeûne automobile»…


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