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L'objectif du pouvoir est de récupérer l'opposition
Soufiane Djilali. Président du parti Jil Jadid
Publié dans El Watan le 24 - 06 - 2016

Le 1er juin, Jil Jadid se retirait de la Coordination pour la liberté et la transition démocratique (CTLD), coalition de l'opposition regroupant un large éventail de courant politique. Soufiane Djilali s'explique sur ce divorce politique et prévient contre les nouveaux pièges du régime.
- Pourquoi avoir quitté la CLTD ? Pensez-vous que la coalition est arrivée à bout ou que l'essoufflement a eu raison de l'opposition ?
Oui, on peut le dire ainsi. En fait, il y a quelques mois déjà, j'avais relevé que nos rencontres mensuelles étaient devenues stériles. Nous avions épuisé les raisons communes qui nous avaient réunis et n'étions plus en mesure de renouveler nos perspectives. Il y avait aussi, comme une épée de Damoclès sur nos têtes le fait qu'à tout moment la situation pouvait exiger des élections anticipées, qu'elles soient présidentielles ou législatives et nous n'étions pas sur la même longueur d'onde pour affronter ensemble un tel défi. Le groupe étant idéologiquement hétéroclite, nous ne pouvions nous entendre que sur des positions pratiques et des exigences politiques qui cadrent avec la plateforme de Zéralda.
La CLTD avait réussi à créer tout de même des événements politiques essentiels et reconfigurer l'opposition ces deux dernières années. C'était dommage de la voir se neutraliser elle-même. J'ai alors tenté de faire des ouvertures sur des sujets politiques pratiques pour dépasser le blocage : engagement de tous à ne jamais ouvrir une «négociation» individuellement, à s'entendre sur une position commune concernant les élections, à discuter sur un programme commun, à débattre d'un modèle de Constitution, etc. Je reconnais n'avoir pas pu convaincre les partenaires de l'intérêt d'un tel agenda.
En fait, mon sentiment est que chacun estimait qu'il fallait maintenir la CLTD, mais qu'en même temps, chacun voulait rester totalement libre de tout engagement. En gros, l'image de la CLTD faisant de l'opposition était bonne à prendre, mais les uns et les autres se sentaient en droit de négocier directement avec le pouvoir et opter pour la participation aux élections sans prendre l'avis des autres. J'en ai parlé ouvertement à tous de cette situation. J'ai même proposé que l'on puisse arriver à un consensus pour «atterrir» en douceur en trouvant une formule plus souple, à l'image d'un forum par exemple et en renforçant l'ICSO.
Je comprends très bien les réticences des membres de perdre un tel outil et je n'avais pas réussi à les convaincre à passer à autre chose. A ce blocage de perspectives, s'est ajoutée l'insistance récente d'aller vers un gouvernement d'union nationale. Je dois dire qu'un seul membre en faisait état publiquement, mais tous les autres s'en accommodaient. Et cela je ne l'ai ni compris ni accepté. Je ne peux pas accuser quiconque d'avoir négocié en dessous de la table, mais ma confiance a été ébranlée. Il me fallait alors tirer la conclusion : soit j'accepte la situation et je me tais, soit j'assume mon retrait de la CLTD. Moralement, je n'avais plus le choix.
- Vous n'aviez pas peur de rendre service au pouvoir en affaiblissant ainsi l'opposition ?
Nous nous sommes posé cette question au sein du Conseil politique de Jil Jadid. Il ne fallait en aucun cas porter préjudice à l'opposition, mais en même temps nous ne pouvions pas nous laisser prendre dans un piège par manque de lucidité. D'ailleurs, nous avions évité de faire du tapage médiatique. Pourtant, je pense que le pouvoir était très au fait de l'évolution interne de la stratégie de certains membres de la CLTD et se frottait les mains.
Quelle belle prise il en ferait ! En 2017, la contestation du pouvoir aurait été close. Pratiquement tous les partis seraient impliqués dans la gestion du pays. Il n'y aurait plus de remise en cause de la légitimité du système et l'opposition aurait à partager le bilan gouvernemental. N'est-ce pas là une aubaine pour le régime ? Il aurait réduit à néant le travail de l'opposition, brisé de nouveau le peu de confiance que nous avions acquise auprès de l'opinion publique, impliqué l'opposition dans sa gestion calamiteuse et rester plus que jamais maître du jeu.
Et ce que je dis n'est pas une vue de l'esprit. Avez-vous remarqué l'attitude des médias appartenant au pouvoir par rapport à cet événement ? Si le geste de Jil Jadid avait causé du tort à l'opposition, soyez sûr que le pouvoir aurait saisi l'occasion, par ses médias et ses partis, pour claironner la débandade chez l'ennemi. Eh bien, il n'y a eu rien de tout cela, sinon une gêne à peine voilée. D'ailleurs, comme en échos aux paroles de ceux qui demandaient la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, M. Ouyahia a tendu la main à l'opposition lors de sa dernière sortie médiatique et M. Saadani lui fait, ces derniers temps, les yeux doux.
La stratégie du pouvoir est ainsi claire et nette : éteindre toute contestation par la distribution de quotas aux législatives, suivi de quelques postes ministériels et repartir d'un bon pied pour préparer la succession de M. Bouteflika dans la tranquillité. L'objectif du pouvoir était de récupérer dans son giron une CLTD devenue porte-parole de l'opposition. Je préfère me voir exclu du champ politique que de m'associer à cette entourloupe.
- Comment peut-on continuer à faire de la politique dans un contexte imposé par le pouvoir qui assassine tout ce qui est politique justement ?
Tout le dilemme est là. Le pouvoir veut domestiquer toute l'action politique. C'est sa nature qui l'impose. C'est à la société de réagir. La classe politique doit prendre du recul. Elle doit assumer sa responsabilité. Le régime algérien doit céder la place à un nouveau mode de gouvernance. Non seulement il est totalement anachronique mais l'ampleur de la prédation est devenue un danger potentiel pour la sécurité nationale. Le problème est qu'au fond, l'opposition ne croit pas en elle-même, elle pense que le pouvoir est invincible et qu'il lui faut, pour survivre, s'inscrire dans son jeu. Dans ces conditions, les calculs politiciens reprennent le dessus.
A mon sens, l'opposition doit rester sur des positions très strictes. Il faut réclamer des règles du jeu politique aux normes modernes et refuser toute tentation pour participer à la gestion gouvernementale sans un appui populaire authentique. J'aurais aimé que toute l'opposition tienne à ses revendications au prix d'un boycott général de toute élection si celle-ci n'est pas encadrée de garanties politiques et légales. Céder maintenant est pour moi une erreur stratégique que nous paierons cher à l'avenir. Le peuple ne nous le pardonnera pas.
Le pouvoir est malhonnête et vicieux. Voyez comment il a avancé des amendements à la loi électorale en même temps que la proposition de loi sur la pseudo commission indépendante. Il crée un abcès de fixation en proposant d'éliminer du scrutin la plupart des partis politiques. Ainsi il les occupera à réclamer le droit d'être en course et oublier le reste. Puis, au final, le pouvoir cédera sur la loi électorale et les partis fermeront les yeux sur le nouveau mécanisme de légitimation de la fraude électorale !
- Eviter le compromis, et donc la participation électorale ou au gouvernement, mais cette pratique a déjà valu à certains partis, comme ceux de la gauche traditionnelle, d'être marginalisés, en plus de la perte de la masse critique de base populaire. Quelle modèle prôniez-vous alors ?
Je ne cache pas que c'est un point sensible. Nous sommes devant un dilemme. Je ne suis pas dogmatiquement pour le boycott. C'est une arme délicate à manier et il faut bien peser le pour et le contre, car elle peut facilement se retourner contre son utilisateur. Un boycott engagé par un seul parti politique n'aura pas de conséquences générales. Nous avions vu comment par le passé certains ont eu à tester cette voie mais au final, ils n'ont jamais rien obtenu en retour.
Tout au contraire, la base de ces partis a souvent été démoralisée et s'est vu marginalisée dans la vie politique. De plus, la conscience citoyenne est encore très faible et n'évalue pas les sacrifices à leur juste valeur. L'opinion finit par affaiblir plus encore le boycotteur. Un parti, pour se développer, a besoin de compétitions électorales. C'est en portant son projet auprès de l'opinion publique et par sa présence dans les institutions qu'il peut former son encadrement et progresser.
L'équation qui est devant nous est très complexe. Le pouvoir en place a construit un système politique dans lequel il doit rester maître absolu du jeu. Il a donc fabriqué artificiellement une scène politique et offre des avantages à ceux qui veulent bien y faire de la figuration. En face, les partis politiques essayent de se frayer une issue. Ils savent que s'ils n'acceptent pas le «deal», ils perdront tout. Or, ils pensent que s'ils font le dos rond pendant un temps, ils finiront par être assez forts et peser sur l'évolution du système.
Le pouvoir a besoin qu'un minimum de crédibilité soit assuré. Les partis peuvent la lui offrir en échange de leur survie. Ce système a tenu depuis 1995, date de reprise du processus électoral, mais maintenant il s'effrite. La désaffection totale du corps électoral, le discrédit des institutions, la corruption généralisée et la désagrégation du régime font que ce «deal» va être difficile à reconduire très longtemps. La solution aurait pu venir d'une solidarité sans faille de l'opposition. Imaginez que d'une seule voix, nous aurions tous dénoncé cette situation.
La pression exercée par l'effondrement en cours de l'économie, le désordre au sein du pouvoir et les risques géopolitiques auraient pu nous aider à pousser le régime à des concessions essentielles. Nous aurions gagné ne serait-ce que des élections législatives dignes de ce nom, même si l'essentiel du pouvoir reste entre les mains du président de la République et que le prochain devra d'abord faire consensus au sein de «l'Etat profond». Une telle attitude aurait donné de la force à l'opposition et l'opinion publique aurait acquiescé.
Même si en 2017, il n'y aurait eu que le FLN et le RND ainsi que quelques parasites à aller aux élections, le régime s'en trouverait très affecté. Mais apparemment c'était trop demandé aux partis politiques. Après une tentative d'émancipation, j'ai bien peur que chacun s'est dit que le bercail assurait tout de même le gîte et le repas. A mon avis, ils ont abdiqué avant la bataille. C'est très dommage. Le risque maintenant est qu'en cas de soubresauts populaires, hautement probables, c'est tout le monde qui sera balayé.


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