Le transport ferroviaire est assimilé à l'histoire de Souk Ahras et l'on ne peut relater ses étapes décisives, à commencer par la Révolution de Novembre, sans évoquer un fait ou un nom qui ne lui soit pas associé d'une manière ou d'une autre. Aussi, en période de déclin, le secteur en pâtit. Pompeusement annoncée par le biais de plusieurs canaux, la relance du transport des voyageurs par train, un créneau, ô combien, prometteur pécuniairement, est soumis depuis des lustres aux humeurs des décideurs du secteur du transport en général et ceux de la société mère et de la direction régionale ensuite. Résultat : des initiatives transformées en vœux et des milliards de dinars qui n'attendent qu'à être ramassés pour ensuite renflouer les caisses de la compagnie. Depuis peu, des cadres de la SNTF sont sortis de leurs gonds pour poser, à juste titre la question suivante : Qui veut torpiller les projets de Souk Ahras ? «On a tout fait pour réduire à néant le transport du minerai de fer depuis les gisements d'El-Ouenza (Tébessa), on a voulu et réussi à éloigner tous les cadres intègres de la wilaya et on continue à brader les performances et les bonnes volontés des chemins de fer dans cette wilaya», a déclaré le doyen des cheminots invités au bureau d'El Watan. On apprendra par la bouche d'un deuxième cadre que le fameux projet d'un train de voyageurs, qui devait relier Souk Ahras à Tunis, est au stade des improvisations. «Ce train, conçu comme un moyen pour réaliser un essor commercial du côté de la frontière, une issue à l'enclavement de plusieurs hameaux et communes qui ne sont pas traversés par les routes, porteur d'une foultitude d'autres vertus est, théoriquement, en phase de réalisation. Sauf que l'on est plein jeu de dérobades et d'arguments les plus invraisemblables», estime le deuxième interlocuteur. On expliquera, à ce sujet, que la commande passée du côté d'un pays européen n'a pas tenu compte du gabarit des voitures dudit train par rapport aux tunnels de la région. «Ce sont des voitures d'autorail que les démarcheurs de la SNTF ont choisies au lieu de voitures aux dimensions unifiées», ajoutera un autre cheminot. Au lieu de changer de voitures, les responsables préfèrent engager des travaux pour changer le sol. Les projets des lignes abandonnées au stade fœtal et autres transplantés pour des raisons inavouées sont monnaie courante à Souk Ahras, selon les cadres intervenants. On parle, en guise de ballon sonde, de la réhabilitation de la ligne Annaba- Tabarka. A-t-on lancé la ligne Souk Ahras-Tunis pour songer à une autre, ironisent-ils. Par peur de représailles, les trois hommes ont requis l'anonymat.
