Une contribution, un éditorial d'un journal très connu et une réaction…de l'ambassadeur de l'Algérie à Bruxelles, Amar Belani. L'Algérie est propulsée, depuis quelques semaines, au devant de la scène internationale. Après l'affaire de l'expulsion de migrants subsahariens qui a suscité l'indignation sur le plan international, c'est la sécurité du pays et son système politique qui captent désormais l'intérêt de la presse étrangère. En effet, le quotidien La Libre Belgique a publié, vendredi, une contribution du directeur exécutif du centre Madariage-collège d'Europe et directeur général honoraire à la Commission européenne, Pierre Defraigne. Dans son texte au titre interrogatif «Après Alep, l'Algérie ?», l'auteur estime que «l'Algérie représente un sérieux danger» et met en garde l'Europe. «L'Europe doit tirer des leçons de la tragédie d'Alep et elle doit le faire vite parce qu'une nouvelle crise menace dans son voisinage immédiat : l'Algérie — 40 millions d'habitants — attend en effet la mort clinique du président Bouteflika, ce dernier étant en réalité hors d'état de régner depuis plusieurs années», écrit Pierre Defraigne. Il prédit même un conflit autour de la succession de l'actuel locataire du palais d'El Mouradia. «Sa succession va activer le conflit fondamental qui sourd en Algérie depuis trente ans entre les islamistes soutenus par l'Arabie Saoudite et les militaires qui ont confisqué la révolution et gouvernent en cumulant corruption, impéritie et répression. Le risque d'implosion et de guerre civile est hélas très sérieux», ajoute-t-il, invitant l'Europe à empêcher une telle situation. La publication du texte a suscité une réaction rapide de l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Belani, qui dénonce le parallèle dressé entre l'Algérie et la Syrie en évoquant «des attaques recyclant des fantasmes néocolonialistes contre l'Algérie». «Ce ‘connaisseur des questions européennes' s'essaye à la pratique divinatoire et dresse un parallèle surprenant avec la situation en Algérie en recyclant les fantasmes néocolonialistes colportés par certains canards hexagonaux, eux-mêmes abreuvés de sornettes vaseuses distillées par un quarteron d'opposants algériens revanchards bien au chaud de l'autre côté de la Méditerranée», écrit-t-il dans un droit de réponse adressé au quotidien belge. Amar Belani estime que «ce scénario de politique-fiction est digne des romans de Kafka». «Il (l'auteur) ignore certainement que l'Algérie, forte de l'unité de son commandement et de la résilience de son peuple, a mené il y a plus d'un quart de siècle sa propre guerre contre le terrorisme et l'extrémisme violent dont elle en est sortie victorieuse», ajoute-t-il. Amar Belani met en garde également contre «les allégations fantasmatiques indécentes et immorales» et contre «les visées attentatoires à la sécurité et à la stabilité du pays». Le New York Times et les généraux La situation en Algérie fait également l'objet d'un éditorial du grand journal américain, le New York Times. Sous le titre «Extinction de l'expression libre en Algérie», l'éditorialiste évoque la régression de la situation des libertés dans le pays sous le règne du président Bouteflika. Selon l'auteur, le pays est gouverné par «un petit cercle de généraux et d'officiels du renseignement» qui a «échoué à apporter une solution aux problèmes chroniques de l'Algérie». «Le pays reste presque entièrement dépendant du pétrole et, avec la chute des prix, le gouvernement a aussi perdu de sa capacité à maintenir les subventions qui ont permis d'assurer le calme dans le pays», ajoute le journal.