Une exposition, des histoires, des analyses… L'artiste Oussama Tabti vous invite à la rencontre de son regard engagé et sa vision à travers son exposition Ni Rome ni vous. L'événement, qui a commencé samedi dernier, se poursuit jusqu'au 25 mars à «La Baignoire d'Alger». El Watan Week-end vous livre un extrait de ce qui vous attend. Listen and repeat Par cette installation, Oussama Tabti nous prend à la rencontre d'un détail de la vie de sa mère, plus précisément l'époque de sa scolarisation. «Listen and repeat» ou «écoute et répète» sont trois mots dont elle se rappellera toujours. «Il s'agissait de la méthode d'apprentissage utilisée par son professeur d'anglais au collège.» Par ailleurs, de par son oeuvre basée sur l'installation d'un ancien tableau scolaire en tryptique, l'artiste dénonce «un système éducatif basé sur des moyens rigides et conventionnels de transmission de la connaissance». Fake C'est une installation d'une série de photographies, présentée sous forme de cartes postales. Fake nous présente plusieurs clichés de palmiers, un type d'arbre qui, qu'il soit planté à Marrakech, à Nice ou à Los Angeles, renvoie toujours à une notion d'exotisme, selon l'artiste. Seulement, dans cette installation, les palmiers représentés sont artificiels et servent de camouflage d'antennes de relais téléphoniques, installées dans plusieurs endroits dans la ville de Marrakech. «Au-delà de cette symbolique d'exotisme, ce travail interroge à travers cet élément urbain (faux palmiers) le côté artificiel de la cité ocre», explique Oussama. Der Inspektor L'installation vidéo de Oussama revient sur la régression des mentalités dans la société par rapport à ce qu'elles étaient, il y a quelques années. Pour lui, il ne passe pas un jour sans que les mots patrimoine et identité soient cités à la radio et à la télévision algérienne. Cependant, entre le discours des médias, qui prône l'importance de l'identité et du patrimoine culturels, et la réalité, il y a contradiction flagrante. Pour dénoncer cette situation, Oussama revient sur le patrimoine cinématographique et prend exemple de la série de films humoristiques L'Inspecteur Tahar qui date des années 70. Il explique : «Ces films ne sont montrés aujourd'hui à la télévision algérienne qu'après avoir été amputés de beaucoup de passages. Certaines images et scènes perçues comme normales dans le quotidien à cette époque ne le sont plus aujourd'hui et cette censure est l'indice parfait qui permet de mesurer l'ampleur et la particularité des transformations ou régressions des mentalités dans la société.» Et de poursuivre : «Considérant ce personnage et ses films comme un patrimoine national, je trouve que les médias lui portent atteinte et même le détruisent en les censurant. En jouant sur la ressemblance du personnage avec Hitler (la moustache), la vidéo faite à partir d'un montage de séquences d'un des films de L'inspecteur Tahar, est doublée par le discours du «führer» comme une alerte critique sur le danger qu'apportent ces nouveaux discours et attitudes.» The Amsterdam Treaty A travers son œuvre, l'artiste donne une vision sur la politique adopté par la plupart des pays européens pour faire face à l'immigration. Il revient, à sa façon, sur l'espace de liberté, de sécurité et de justice qui reste un objectif inclus dans les traités sur l'Union Européenne par le traité d'Amsterdam de 1997, qui remplace partiellement la coopération policière et judiciaire en matière pénale. «Traité d'Amsterdam est un travail qui porte sur cette politique élaborée pour décourager les immigrants et demandeurs d'asile. Il est inspiré de la présence, dans plusieurs capitales européennes des dispositifs «pics anti pigeons» utilisés contre la prolifération des pigeons et installés sur les toits et autres reliefs des immeubles», explique l'artiste. Ajoutant que ‘‘The Amsterdam Treaty'' redessine le drapeau de l'Union européenne en utilisant les pics anti pigeons qui constituent des pointes de contrôle. Entre les pics, utilisés en Europe pour arrêter la prolifération des pigeons et les moyens développés pour faire face à l'immigration, la métaphore dévoile l'immensité d'un drame humain continu qui se banalise… Deuxième Partie Cette fois-ci, c'est sur l'histoire de l'Algérie, telle que nous l'avons apprise, que Oussama Tabti nous donne sa vision. Le principe de cette vidéo installation est la mise en place de trois écrans télé à tube cathodique et la présentation dans chaque écran une partie de l'histoire du pays que l'artiste a classifiée en partie précoloniale, coloniale et postcoloniale. «Je représente chacune d'elles sur un écran, en mettant en évidence la deuxième partie à qui on donne plus d'importance dans les médias, programmes scolaires et éducatifs, etc. Et en s'y rabattant des qu'il s'agit de parler de l'histoire de l'Algérie. Tandis que les deux autres périodes, à savoir la précoloniale et la postcoloniale sont aussi riches en matière, mais faute d'information et de valorisation, elles sont souvent ignorées, ou censurées», explique-t-il.