Les faits sont dignes d'un film de fiction comme on en voit souvent pour illustrer des cas extrêmes de pratiques qui effacent par leur gravité toute présomption de bonne volonté. Lui, c'est un ouvrier professionnel, catégorie 1 (OP 1) qui frôle la soixantaine, affaibli par la précarité sociale, le visage émacié, mais sobre et gardant cette fierté des gens humbles de l'Algérie profonde, avec ses aléas et ses grandeurs. Ses détracteurs font partie d'un secteur censé être sensé par rapport aux employés dignes de tous les égards. Nenni. Un matin d'hiver de l'année en cours, Madjid Herarthia fit la découverte d'un vol par effraction au sein même de l'établissement scolaire où il travaille (affaire n°00124). Il alla alerter les services de sécurité, qui ouvrirent aussitôt une enquête et fut même félicité pour son acte. Les auteurs du vol furent identifiés et son nom figurera sur la liste des témoins à charge. Il sera d'abord suspendu abusivement et sans explication aucune de son poste d'emploi, privé de la totalité de son salaire et des allocations familiales et invité à changer sa déposition au niveau du parquet de Souk Ahras. Herarthia refusera et dira toute la vérité, rien que la vérité sur le vol perpétré à l'entrepôt du CEM. Devant cette situation que l'on mit d'abord sur le compte d'une incurie administrative, comme l'on en voit souvent dans le secteur de l'éducation, le parquet remit à la victime la preuve de sa qualité de témoin et non d'inculpé. «Une enquête judiciaire contenue dans le registre d'investigation préliminaire, rédigée le 11 août 2016 sous le numéro 351/16 de la part du quatrième arrondissement de la sûreté urbaine du chef-lieu de la wilaya de Souk-Ahras, contre les accusés mineurs D.B. et S.N, reconnaît au dénommé Herarthia Madjid la position de témoin», lit-on dans une correspondance signée par le tribunal de Souk Ahras. La direction de l'éducation fera fi de ce document et traduira, comble de l'ironie, le «témoin» du vol devant un conseil de discipline sans grief ni aucune faute professionnelle. Trois mensualités resteront impayées et la commission de discipline convoquée pour statuer autour d'un dossier infondé le 09 janvier 2017 ne prendra aucune décision, et ce, jusqu'à l'heure où nous rédigeons cet article. Entre-temps, une mutation «pour nécessité de service» sera décidée de manière unilatérale par le directeur de l'éducation et la récupération de son logement d'astreinte sera gérée par le tout puissant service de la programmation et du suivi. Herarthia a déposé plainte, mardi, au niveau du parquet de Souk Ahras pour abus d'autorité, entre autres.