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Hôpitaux : Le bureau des urgences ne répond pas
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Publié dans El Watan le 02 - 06 - 2017

Si d'habitude, les urgences des hôpitaux sont rapidement dépassées par les malades, qu'en est-il durant le mois sacré ? Comment se fait le traitement des malades quand les ventres sont vides et les nerfs à vif ? El Watan Week-end a fait la tournée des hôpitaux le temps d'une journée. Récit.
Il est 10h. Une ambulance «largue» un patient à 20 mètres de l'entrée des urgences. Le véhicule s'éloigne.
Sur un brancard, sous une chaleur insoutenable, le patient est allongé. Un homme habillé en tenue de chantier vient le pousser. Il essaye tant bien que mal de «conduire» le brancard. Le malade manque de tomber. Un agent de sécurité vient l'aider. Le patient est enfin à l'intérieur. Cette scène se passe devant le service des urgences de l'hôpital Mustapha Pacha, à Alger. Dans la salle d'attente bondée de monde, les malades commencent à s'impatienter.
Des vieux, des jeunes, des étrangers..., tous attendent leur tour qui peine à arriver. Certains s'endorment sur leur chaise, à l'image de ce jeune Chinois. 10h30 : une voix s'élève. Une dispute éclate entre une femme en blouse blanche et son collègue. Ce dernier lui demande de l'aider à porter des cartons. Sur les nerfs, elle lui répond : «Je ne devrais pas t'aider vu que tu ne m'as pas aidée hier !» N'empêche, elle finit par lui porter aide. 10h32. Le patient sur le brancard est enfin pris en charge. Le médecin le fait entrer dans la salle de consultation. Au même moment, un vieux sur une chaise roulante, poussé par sa femme âgée, est recalé par un médecin ! Ce dernier demande à la femme : «Lui avez-vous fait établir un billet de salle ? Sans ça, je ne peux pas le prendre en charge.» Très vite, la porte de la salle de consultation leur est fermée en pleine figure.
Rokia
La vieille dame retourne la chaise roulante et se dirige vers la réception. Enervée, elle s'emporte contre son mari, très mal en point. «Laisse tes jambes sur la chaise !», lui ordonne-t-elle. 10h45. Un agent de sécurité rentre dans la salle d'attente. Il crie : «La Citroën C3 blanche est à qui ?» Aucune réponse. Il s'avance vers les salles de consultation et répète sa question. Un homme à l'intérieur lui répond : «A moi.» Gentiment, l'agent lui demande de l'enlever. «Elle bloque l'entrée des urgences monsieur. Merci de bien vouloir la déplacer», lui suggère-t-il. Dans la salle, pourtant très bruyante, le Chinois dort toujours. En face de lui, un sexagénaire fait de même ! Son tour arrive. Son voisin le réveille.
On l'aide à se lever. Il rentre voir le médecin. L'infirmière à la voix portante revient. Elle n'a pas l'air calmée pour autant. Visiblement, elle est encore remontée contre son collègue. Elle traîne des pieds. 11h. Une jeune fille s'évanouit ! Elle s'écroule sur les genoux de sa parente. Personne ne vient la voir… Un «non-événement». Quelques instants après, deux femmes en blouse blanche surgissent. Elles regardent la jeune fille complètement inconsciente et conseillent ses proches : «Il faut lui faire écouter le Coran à la maison.» Ces derniers répondent, l'air de rien : «On vous jure qu'on le fait.» L'espace d'un instant, on se serait cru à la mosquée ou dans établissement de rokia et non à l'hôpital. A ce moment-là, ils se lèvent, l'un d'eux porte la jeune fille et tous quittent la salle.

Hygiène
11h37. Une femme, la cinquantaine, vient s'installer à côté de moi. Elle est anxieuse. «Mon médecin traitant m'a fait une lettre et m'a dirigée vers ce service. J'ai un kyste. Ils doivent le vider maintenant. J'espère qu'ils me feront une anesthésie.» Je lui souhaite de guérir. Alors, elle me demande : «Dis-moi ma fille, c'est normal qu'ils travaillent sans gants ? Si on m'avait dit, je leur en aurais acheté volontiers», assure-t-elle. «Même ma fille à la maison utilise des gants quand elle me fait mes injections. Je ne comprends pas pourquoi on n'adopte pas ce geste à l'hôpital. C'est une question d'hygiène», conclut-elle. 11h49. Un jeune entre dans la salle d'attente. Il est accompagné de sa femme. Les deux poussent un brancard sur lequel un homme visiblement très malade est allongé. La porte de la salle de consultation est fermée. Le jeune homme s'emporte : «Ouvre la porte», ordonne-t-il à sa femme.
Elle ne l'entend pas. Il claque alors la porte contre le mur. Il est énervé. De l'intérieur, le médecin lui demande d'aller chercher le billet de salle à la réception. Le jeune homme s'exécute. 11h51. La jeune fille qui s'était évanouie revient en salle. Un homme la porte. On va enfin s'occuper d'elle. «Elle s'est évanouie il y a une heure et ce n'est que maintenant qu'on va s'occuper d'elle ?», s'interroge une dame. «Il n'y a que dans ce pays où on laisse les gens mourir sous vos yeux sans rien faire», se désole-t-elle.
El hadja
12h. Devant la porte du service des urgences des cas de neurochirurgie, une femme pleure. Dossier à la main, elle confie à une dame à côté d'elle : «Je lui ai menti. Il ne sait pas ce que j'ai.» Faute de chaises, les deux restent debout un moment. Ce n'est que 15 minutes plus tard qu'elles sont prises en charge. Après midi, la salle ne cesse de se remplir. Moyenne d'âge des patients : 60 ans. Des personnes âgées ne cessent d'arriver. Certaines sont accompagnées, d'autres pas. Une vieille se balade dans la salle, billet de salle à la main. L'air perdue. Elle se dirige vers un jeune médecin, sans doute un interne. «Que dois-je faire ? Vers qui dois-je me tourner ?» lui demande-t-elle. «Je ne sais pas el hadja. Ils ne t'ont rien écrit sur ton billet !» La vieille dame se dirige alors vers le service chirurgie générale. Le médecin à l'intérieur lui apporte enfin réponse à sa question. Il lui indique où elle doit se rendre. 12h24. Une jeune femme aidée par sa mère vient s'asseoir. Je lui cède ma place.
Elle est toute pâle. Elle s'endort rapidement. Le Chinois se réveille enfin. Une sonde à la main. Il a l'air complètement désorienté. Il attend calmement. Son tour tarde à venir. Ses accompagnateurs s'impatientent. Les deux jeunes gens parlent entre eux… excédés. Quelques mètres à côté, une dizaine de personnes sont regroupées. «Je te conseille de manger sans sel, car ça attaque le cœur. Tu dois suivre un régime strict si tu veux aller mieux.» N'allez pas croire que c'est un médecin qui parle. C'est juste une patiente comme les autres.
Douas (prières)
«Les Algériens sont tous médecins», ironise une femme à côté de moi. Face à tous ce monde, le staff n'a pas l'air dérangé. Sourire aux lèvres, médecins et infirmiers sont de bonne humeur. On ne peut pas en dire autant des malades sur place. Les va-et-vient s'enchaînent. Les médecins ne chôment pas. La salle ne cesse de se remplir. La journée risque d'être très longue. Je quitte l'hôpital. Direction un dispensaire à Kouba. Il est 13h. Le médecin discute avec l'employé de la réception. Le centre est désert. Une femme rentre. Elle vient faire son injection. Elle est rapidement prise en charge. Le médecin lui demande son ordonnance. La malade la lui remet. 10 minutes plus tard, la patiente sort.
Au moment de payer, le réceptionniste refuse d'encaisser. «L'injection est gratuite pour vous madame. Notre seule demande : juste ne soyez pas avare en douas (prières) avec nous.» La dame sort du dispensaire. Au même moment, une vieille dame s'avance vers la réception. Elle accompagne sa petite fille. La petite souffre de maux de tête, d'estomac et de vomissements. La vieille dame demande alors à voir le médecin. L'agent refuse de faire passer la petite. Son excuse : «Le médecin est là depuis 8h30. Elle est fatiguée. Elle m'a demandé de ne plus prendre de patients», confie-t-il à la vieille dame, énervé. Cependant, cette dernière insiste. «Je ne partirai pas sans que le médecin la consulte ! Et si elle ne peut pas, qu'elle vienne au moins me dire quels médicaments dois-je lui acheter», propose-t-elle. Face à l'insistance de la grand-mère, l'agent cède. «Attendez dans la salle madame», lui demande-t-il. Elle se dirige vers la salle d'attente avec la petite. Elles seront sans doute les dernières patientes.

Crèche
Je quitte les lieux, direction l'hôpital Parnet d'Hussein Dey. Il est 15h. Dans la salle d'urgence du service de cardiologie, de nombreux patients attendent. La plupart sont des personnes âgées. Le médecin est présent. Il effectue ses consultations. Une vieille dame exténuée, sur une chaise roulante, attend son tour. Elle finit par s'endormir. A l'intérieur de la salle, un détail m'interpelle : les cris des enfants. Ces derniers jouent devant les malades. Ils sont relativement bruyants. Les parents ne disent rien. Ils laissent faire. On se croirait dans une crèche. Même une personne en parfaite santé se serait énervée.
15h15. Direction le service pédiatrie. Changement de service, changement d'ambiance. Là, les cris des enfants se font entendre dès l'entrée. A l'intérieur, la salle est bondée de monde. Parents avec enfants attendent leur tour. Sur place, les portes des salles de consultation ne cessent de claquer. Pas le temps de faire une pause. Les visites s'enchaînent. Certains enfants commencent à s'impatienter ! Les cris, les pleurs s'élèvent. Je quitte la salle, toujours pleine, à 16h. 22h. Direction les urgences de l'hôpital de Kouba. Dans la salle d'attente, seules cinq personnes attendent. C'est le calme plat. A l'intérieur, le médecin de garde fait ses visites. Rien à signaler. A L'extérieur, certaines familles sont attablées. On se croirait dans un parc. Les agents de sécurité rodent. J'y reste jusqu'à 22h45. Ce soir-là se passe dans le calme.


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