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Produits du terroir : Des atouts non rentabilisés
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Publié dans El Watan le 19 - 02 - 2018

Près d'un milliard de personnes vivent dans des zones montagneuses, et plus de la moitié de la population humaine dépend des montagnes pour l'eau, les aliments et l'énergie propre.
En Kabylie, et dans d'autres zones montagneuses d'Algérie, les populations multiplient les initiatives citoyennes pour mettre en valeur les territoires et tout ce qu'ils recèlent comme richesses pour subvenir aux besoins quotidiens et atténuer un tant soit peu l'exode massif des jeunes vers des contrées souvent lointaines.
Durant toute l'année, et de manière plus prononcée en été, dans les villes et villages de Kabylie se tiennent des manifestations culturelles mettant en avant des produits du terroir régional. Ce sont des manifestations qui existent depuis années pour certaines, mais qui n'ont pas évolué par rapport à leur caractère plutôt culturel.
Outre l'huile d'olive, produit phare de la région, on peut citer la Fête de la figue de Barbarie au village Sahel, celle de la figue au village Lemsella, la cerise à Aït Allaoua, le bijou à Ath Yenni, ou encore le tapis à Ath Hichem.
Pourtant, les conditions de production et de promotion des produits du terroir que recèlent les régions d'Algérie sont des plus difficiles. Malgré une réputation certaine et des atouts indéniables, les contraintes sont nombreuses et touchent à la fois la production et la commercialisation de ces produits, ainsi qu'à la faible organisation des acteurs et des opérateurs locaux.
L'exemple de la filière de l'huile d'olive est à cet effet édifiant. En effet, l'huile d'olive de Kabylie avait bénéficié, au temps des échanges en troc, d'une reconnaissance collective à travers le pays, en particulier dans les Hauts-Plateaux où ce produit servait aussi bien dans l'alimentation humaine que pour les soins des cheptels.
Mais c'est un produit pour lequel l'Algérie n'a jamais imposé des règles de fabrication et de commercialisation pourtant signataire des conventions du Conseil oléicole international (COI), à contre-courant des critères de qualité universelle faisant que cette huile a été exclue des marchés extérieurs, indiquent des experts.
Outre l'amateurisme dans le processus de la transformation du produit, sa fabrication pose un autre problème sérieux, à savoir le rejet dans la nature des milliers de tonnes de résidus qui auraient pu constituer, par une action de transformation, autant de tonnes d'aliments de bétail ou d'engrais organiques.
La Fête de l'olive organisée chaque année à Ifigha (Azzazga) n'a pas fait évoluer la situation de ce produit de pauvre qualité, car non standardisée. Le morcellement du patrimoine portant l'olivier du fait du phénomène d'héritage contre-productif pose problème.
«Cette filière élargie au sud du pays dans les mêmes conditions est menacée de régression irréversible au moment où les pays méditerranéens en ont fait leur cheval de bataille», avertit l'expert agronome Akli Moussouni.
Autre produit du terroir, la figue de Barbarie (karmouss ensara) aurait pu jouer à son tour un double rôle de production d'un fruit très succulent très demandé par les laboratoires pharmaceutiques pour ses multiples vertus. Fait non négligeable également, il peut servir aussi d'obstacle efficace contre les incendies de forêt qui sévissent souvent dans la région ces dernières années.
La figue, quant à elle, dont les plantations sont rarement renouvelées, souffre du manque d'une industrie de transformation, ce qui fait qu'une bonne partie n'est pas consommée. Quant à la cerise, elle est en pleine décadence et voit sa culture se réduire telle une peau de chagrin.
Ce constat peu reluisant peut, bien entendu, s'appliquer à d'autres produits du terroir tels le miel, le lait, la poterie, et autres produits de l'artisanat notamment. Ces derniers relevant d'un savoir-faire collectif ancien font dans la résistance.
Du célèbre bijou d'Ath Yenni à la Fête du burnous au village Houra de Bouzguene en passant par celle de la poterie du village d'Ath Khir (Mekla) et du tapis d'Ath Hichem ainsi que la robe kabyle célébrée aux Ouadhias, sont autant de créneaux réduits à l'usage des festivités.
Même s'il faut saluer le mérite des quelques familles qui, contre vents et marées, continuent tant bien que mal à les maintenir en vie par rapport à des métiers non rémunérés, les associations activant pour leur part en faveur de la femme rurale, qui maintiennent l'essentiel de ces métiers, ne peuvent aller au-delà des limites du peu de moyens dont elles disposent.
Ces productions artisanales n'ont pas bénéficié de protection commerciale, ce qui fait qu'elles ont basculé dans la banalité et ne peuvent évoluer dans un contexte qui n'autorise pas le développement d'une filière économique.
Lueur d'espoir
Cependant, des initiatives fort louables commencent à prendre forme et à booster cet embryon d'activité économique. Il en est ainsi de la wilaya de Tizi Ouzou qui, à travers le concours Rabah Issat du «village le plus propre» organisé par l'APW, permet donc à l'économique de s'inviter de lui-même à travers l'implication des villageois pour construire un contexte où il fait bon vivre. Lequel contexte confirme qu'il est possible de s'engager dans la construction d'un cadre touristique d'un autre genre, qui fera appel de lui-même aux filières attenantes, comme cette autre démarche de s'organiser autour de la propreté de l'environnement.
Ce qui peut ouvrir des créneaux économiques porteurs sur la base de la valorisation des potentialités locales quelle qu'en soit la nature. D'autant plus que les autorités locales semblent avoir bien saisi l'importance de telles opportunités, notamment en ces temps de disette financière.
«L'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou, depuis son installation en 2012, a mis en place une stratégie pour la préservation et la promotion des produits du terroir kabyle après un recensement des différents produits agricoles et artisanaux à travers notre territoire qui recèle une grande diversité de produits, et une identification des acteurs en charge de la promotion et du développement de ces produits», a indiqué Ramdane Ladaouri, ex-président de la commission agricole à l'APW de Tizi Ouzou.
Cette dernière a en effet engagé une réflexion pour connaître les forces et les faiblesses de son territoire. L'étude a révélé une grande diversité des produits agricoles souvent de bonne qualité et de surcroît bio et qui ont gardé leur authenticité dans le secteur de l'artisanat, mais dont la faiblesse est à situer dans la présentation, la finition et l'emballage.
Le problème majeur n'est donc pas dans la qualité des produits, mais dans l'organisation des filières et dans la prise en charge de ces derniers. Un constat largement partagé par tous les intervenants des différentes filières et des experts aussi.
Pour M. Ladaouri, «la contrainte majeure pour la sauvegarde et la promotion des produits du terroir kabyle est donc liée à la faiblesse des organisations professionnelles, à savoir les associations agricoles au nombre de 25 et de seulement 5 pour l'artisanat, car ces organisations souffrent d'une sous-qualification des dirigeants qui se trompent souvent d'objectifs.»
Et d'ajouter : «Les Chambres consulaires de l'Artisanat avec 10 000 artisans, de l'Agriculture avec 40 000 inscrits ne remplissent pas leur rôle, car elles sont toujours régies par des textes de loi obsolètes qui néantisent toute action de promotion ; ce sont juste des appendices des administrations déconcentrées de l'Etat.»
Faisant suite à ce diagnostic territorial, l'APW de Tizi Ouzou a décidé de soutenir toutes les activités visant à la promotion et au développement des produits et l'aide à l'organisation des professionnels par la création d'associations et coopératives.
Et, à en croire cet ex-responsable de la commission agriculture, l'APW durant son mandat a financé par le biais du budget de wilaya toutes les fêtes à hauteur de 1 million de dinars annuellement pour les fêtes historiques, à savoir celle des bijoux d'Ath Yenni, de la poterie de Maatkas, du tapis d'Aït Hichem, toutes deux érigées en festivals par le ministère de la Culture et à hauteur de 500 000 DA, la Fête du burnous du village Hora à Bouzeguene, de l'olive d'Ifigha, de la figue de Lemsella à Illoula, de l'olivier d'Aït zaïm à Maatkas, de la robe kabyle des Ouadhias, de la forge d'Ihitoucene, de la figue de Barbarie à Illoula, de la plaquemine à Méchtras et enfin du lait à Imaloucene (Timizart).
Ces différents événements sont organisés pour la plupart par des associations culturelles ou des comités de village qui ne sont pas directement liés à ces activités ; néanmoins, ces fêtes de village ont permis de faire rencontrer les villageois de différentes régions et des professionnels qui ont le même métier et de booster ponctuellement l'économie dans ces contrées. Les différentes fêtes organisées à travers la wilaya ont également permis une prise de conscience de l'importance de sauvegarder et de préserver ce patrimoine.
Qu'en est-il sur le plan économique ? M. Ladaouri est catégorique : «Au plan économique, ces fêtes et foires n'arrivent pas à impulser une vraie dynamique économique car la sous-organisation des acteurs du secteur, conjuguée à une mauvaise prise en charge par l'Etat de ces domaines d'activités est un frein à toute initiative novatrice.
Il faut plus d'efforts et plus d'organisation, ajoutera-t-il, mais surtout de formation et d'accompagnement des associations à se développer pour avoir des projets qui mettront le produit au centre du dispositif et ainsi résoudre de manière définitive les problèmes qui durent depuis des décennies, à savoir la commercialisation des produits et l'approvisionnement en matières premières.»
Et de conclure : «Avec l'aide de l'APW de Tizi Ouzou, les organisateurs de ces événements pourront créer une dynamique sociale à travers le territoire de la wilaya, qui doit se transformer en une dynamique économique par la création de véritables circuits commerciaux et par la création de coopératives, seuls types d'organisations capables de défendre de manière efficace les produits du terroir kabyle.»


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