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Oued Smar, les dessous des analyses secrètes
Un an après l'annonce de la fermeture de la décharge
Publié dans El Watan le 24 - 02 - 2007

Il ne pouvait même pas jouer au ballon, tellement il avait du mal à reprendre son souffle. Le nez bouché en permanence, il se raclait la gorge tous les soirs. »
Depuis l'âge de 6 ans — il en a 11 aujourd'hui —, le fils de Mezyane, un habitant de Bab Ezzouar, souffre de problèmes respiratoires. « Avec ma femme, nous étions très inquiets jusqu'à ce qu'on consulte un médecin dans la cité. Il nous a expliqué que ses maux étaient liés à la décharge… » A moins de 2 km à vol d'oiseau, la décharge de Oued Smar fait planer sur certains quartiers un vent mauvais. Depuis presque trente ans (elle a été inaugurée en juin 1978), ses effluves nauséabondes inondent Beaulieu, Bab Ezzouar, Baraki, El Harrach ou encore Dar El Beida. Il y a tout juste un an, l'annonce de sa fermeture et de sa réhabilitation en jardin botanique avait laissé espérer un avenir plus respirable. Où en est-on aujourd'hui ? « Huit mois ont été nécessaires pour que soit réalisée l'étude d'impact de la pollution, préalable à la reconversion du site, explique-t-on à la direction de l'environnement de la wilaya. Son réaménagement va pouvoir commencer, par étapes, jusqu'en 2008. » En attendant, les jours où le vent souffle du Sud, Bab Ezzouar prend toujours de plein fouet des relents d'œufs pourris et de chair en décomposition. La faute aux 1500 t de déchets ménagers et industriels déversés quotidiennement. « Oued Smar reçoit les ordures de 57 communes de la wilaya, précise-t-on à la direction de l'environnement, sauf l'hiver, où en général, on dévie entre 22 et 35 communes sur le centre d'enfouissement technique de Ouled Fayet. » La décharge, qui s'étalait sur 32 ha, il y a quinze ans, occupe aujourd'hui, toujours d'après la direction de l'environnement, 40 ha et dépasse les 30 m de haut. L'équivalent d'un immeuble de sept étages.
TOXIQUE POUR LE SYSTÈME NERVEUX
Nettement plus polluant pour la vue, mais surtout pour la santé. Car la fermentation des déchets entraîne la production de gaz malodorants et toxiques, véhiculés hors de la décharge par le méthane, un hydrocarbure gazeux léger, et transportés sur de longues distances. Les analyses effectuées par le cabinet libanais chargé de l'étude d'impact le prouvent. D'après un spécialiste, elles auraient révélé « des quantités importantes de méthane et d'autres hydrocarbures » mais aussi « d'ammoniac et d'hydrogène sulfuré ». Mais la direction de l'environnement à la wilaya n'a pas souhaité nous communiquer les chiffres. Quant au cabinet libanais, il nous a expressément renvoyés vers le ministère de l'Environnement. Lequel a décommandé le jour même le rendez-vous que nous avions sollicité avec le responsable. Faute d'interlocuteur, nous avons donc demandé à André Picot, toxicochimiste, ancien directeur de l'unité de prévention du risque chimique au Centre national français de la recherche scientifique, de décrypter le sens caché de ces gaz. « La fermentation provoque deux types de biogaz. D'abord, le méthane et les autres hydrocarbures volatils. En général peu toxiques, ils participent, en revanche, à l'effet de serre. Ensuite, l'ammoniac et l'hydrogène sulfuré ont en commun d'être très agressifs pour notre système respiratoire. L'hydrogène sulfuré est même très toxique pour le système nerveux et le sang. » Aucune étude épidémiologique n'a été effectuée, mais, entre 2003 et 2004, l'équipe du service de pédiatrie de l'hôpital de Belfort a montré, dans une enquête menée dans 71 écoles primaires et 21 CEM de Mohammadia, El Harrach, Eucalyptus, Bordj El Kiffan et Oued Smar, que sur 1004 dossiers médicaux d'enfants âgés de 11 à 13 ans, 18% de filles et 12% de garçons souffraient d'asthme. Nous avons demandé à une vingtaine de médecins de Bab Ezzouar, Baraki, Bordj El Kiffan, Eucalyptus, El Harrach et Mohammadia, ce qu'ils pensaient de la pollution générée par Oued Smar. Tous sans exception font le même constat : le lien entre la décharge et les pathologies respiratoires dont est atteinte la majorité de leurs patients, pour la plupart des enfants, est indiscutable. « Je n'ai jamais vu de ma vie autant d'affections respiratoires », confie un généraliste d'El Harrach. « Je suis installé à Mohammadia depuis 1987, explique un de ses confrères. A l'époque, les patients souffrant de pathologies respiratoires chroniques ne représentaient que 5% de ma clientèle. Aujourd'hui, ils sont 40%. Les cas les plus sévères d'asthme bronchique ou de rhinite allergique sont recensés à Beaulieu. Ce sont aussi les plus rebelles aux traitements médicamenteux. » Confronté à de faibles quantités d'ammoniac, notre organisme est capable de le transformer en urée. « Mais ce système de défense se sature très vite, relève André Picot. L'ammoniac dans les poumons se transforme en hydroxyde d'ammonium, un produit irritant qui affaiblit à long terme notre système immunitaire et favorise les infections : bronchiolites, asthme… et toutes les inflammations respiratoires chroniques. »
ŒUF POURRI
Quant à l'hydrogène sulfuré, son action est beaucoup plus perfide. « Il bloque les centrales thermiques cellulaires de notre organisme qui permettent le maintien de la température de notre corps et fournissent de l'énergie : de ce fait, il asphyxie les cellules », poursuit le scientifique. Reconnaissable, comme ses nombreux dérivés aussi présents dans l'air, à son odeur d'œuf pourri, l'hydrogène sulfuré est sans doute le gaz le plus perceptible par les habitants des alentours de la décharge. Même si ces derniers finissent par ne plus y faire attention. « Ce phénomène est normal, ajoute-t-il. Car même à de faibles concentrations, il agit sur notre système nerveux, paralyse notre système olfactif et on ne sent plus rien… » Si on peut imputer à ces gaz une bonne partie des affections respiratoires, leur incidence sur les cancers, en particulier celui du poumon, n'est pas du tout prouvée. Il n'en va pas de même pour certains hydrocarbures (en particulier le benzène) générés par la décomposition de certains déchets, notamment en plastique. « Leur présence dans l'air change tout, prévient le toxicochimiste. Car on sait que même à faibles doses, l'action cancérigène du benzène chez l'homme est avérée. Des concentrations de moins de 10 ppm (1 mg/100 l) suffisent à diminuer la synthèse des globules rouges et à faire apparaître à long terme des leucémies (cancers du sang). » Dans un article d'El Watan paru le 15 février 2006, un éboueur de Netcom prétendait que de nombreux travailleurs de l'entreprise publique exploitant le site avaient présenté des cancers. « Il existe des endroits sur la décharge qu'il vaut mieux éviter. J'avais mis des bottes à sécher après avoir marché sur quelque chose de visqueux. J'ai retrouvé ma botte quelques heures plus tard complètement rongée », a-t-il raconté. « En l'absence d'étude épidémiologique, impossible, bien sûr, d'en tirer des conclusions, avertit un professeur en immunotoxicologie. Il est toutefois évident que les produits type solvants, les vieilles huiles de vidange… qui se retrouvent là sont certainement riches en produits cancérigènes. »


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