C'est une partie du feuilleton Khalifa qui vient de s'achever, avec l'arrestation à Londres de Khalifa Moumen, sur demande pressante des Algériens. Ces derniers ont certainement fait peser aux Britanniques l'importance de l'Algérie tant au niveau du commerce, des hydrocarbures que de la lutte contre le terrorisme. Logiquement, l'extradition à Alger suivra sans gros problèmes, même si la procédure prendra du temps. Si déjà le procès de l'affaire qui se tient sans l'ex-golden boy a tenu en haleine l'opinion publique, on imagine bien les rebondissements au tribunal de Blida, avec lui au banc des accusés. Khalifa Moumen a donné un aperçu de sa défense dans les interviews accordées à la presse : c'est le pouvoir politique qui est à l'origine du démantèlement de son groupe et donc des déboires de tous les épargnants, qu'ils soient publics ou privés. Une telle défense mettra sans nul doute dans la plus grande gêne les autorités qui ne pourront pas évacuer l'implication de diverses personnalités politiques et publiques dans l'affaire. Déjà à ce stade, le procès de Blida a débusqué nombre d'entre eux. Tout dépendra du niveau de révélations de Khalifa Moumen, quels noms il citera et quelles institutions il impliquera. Il peut jouer son va-tout et engager un bras de fer avec les autorités, espérant, par cette tactique, déclencher un réflexe de peur et obtenir ainsi un compromis qui diminuerait de sa responsabilité. Il peut également choisir de se taire, ne livrant que quelques lampistes, tactique qui, en dévalorisant le procès, lui serait bénéfique. Reste la réaction de l'opinion publique et des avocats. Aucun marchandage ne sera toléré par eux : à leurs yeux, Moumen Khalifa est aussi responsable que les officiels. Le premier a pillé l'argent des épargnants et de nombre d'entreprises et d'organismes publics en usant de multiples subterfuges et en soudoyant un grand nombre de personnes privées et publiques. Les autorités politiques, elles, ont laissé faire l'empire Khalifa des années durant et l'ont glorifié au point d'annihiler le réflexe de défense des managers. Ces derniers ont fatalement perdu l'argent placé à des taux d'intérêts farfelus. Autant Moumen doit rendre compte de la ruine qu'il a occasionnée dans le pays autant les responsables à l'origine du hold-up et du scandale doivent être connus et sanctionnés ou condamnés. C'est cette justice-là qui est revendiquée, la seule en mesure de clore définitivement le mauvais et honteux feuilleton Khalifa.
