C'est annoncé, les premiers travaux du tramway d'Alger vont commencer et si tout va trop bien, il sera opérationnel dans deux ans. Comme l'inauguration du célèbre métro de la capitale vient une nouvelle fois d'être décalée à 2009, en fonction des retards particuliers rattachés à ce type de chantier, le télescopage se situera aux alentours du XXIIe siècle. Un tramway qui monte croisera un métro qui descend, un métro qui nage dans les profondeurs de la capitale pourra tamponner un tramway qui grimpe sur les hauteurs. Avec tous les risques inhérents à ce type de liaisons dangereuses, tomber dans un trou, se retrouver la tête en bas, dévaler une colline à l'envers, descendre aux enfers par la face Nord ou monter au ciel avec un ticket 2e classe. Le problème n'est pourtant pas là, dans cette joie contagieuse qu'ont les autorités à annoncer l'ouverture d'un chantier et dans l'indifférence spécifique qu'ils ont à en expliquer les décennies de retard. Il est un fait que le métro d'Alger, qui a déjà dilapidé 10 fois plus d'argent public qu'El Khalifa Bank, n'a jamais fait l'objet d'une enquête sérieuse. Où est passé l'argent du métro ? Dans le métro, disent les officiels. Dans les galeries souterraines de l'économie de marché —marché s'entendant non pas au sens de l'économie de marché mais de celui de la passation de marchés. Où est passé le métro ? Au fond du trou budgétaire qui lui est consacré. Où est l'argent du métro ? Sur les hauteurs de la capitale. En gros donc, ce différentiel altimétrique sur le métro et le tramway va coûter très cher et il n'y a et n'y aura aucun moyen de contrôle. Pour le métro, si les auteurs de la dilapidation n'ont pas été inculpés, il (le métro) a déjà été condamné à perpétuité. Mais avec les remises de peine et les grâces, les Algérois pourront avoir leur métro dans 10 ou 20 ans, quand il sera libre. C'est déjà ça.
