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Les fellahs pionniers de la région
Achaacha
Publié dans El Watan le 30 - 05 - 2007

Avec son minuscule et fortement érodé bassin versant, ses faibles sources qui prennent naissance dans des montagnes asséchées par les vents du Sud, le barrage du Kramis n'avait que son audace pour séduire.
La région dont il tire sa substance nourricière fait plus partie d'un paysage lunaire que d'un territoire où la vie devient enfin possible. Car, au départ, même la colonisation n'avait pas jugé utile d'utiliser cette eau si limpide qui continuait jusqu'à l'orée des années 90 à aller alimenter une hypothétique nappe phréatique. Les fellahs de la région de Achaacha qui, depuis les temps anciens, avaient mis en place des puits tout au long de l'embouchure de l'oued, venaient y puiser l'eau nécessaire à leurs besoins domestiques. L'installation sur cette frange littorale de gros colons, allait, pendant longtemps, s'accaparer cette richesse sans toutefois parvenir à en réguler l'usage au profit d'une agriculture intensive. Obnubilés par la viticulture, les nouveaux propriétaires terriens ne prendront jamais conscience des bénéfices qu'ils pourraient tirer de ce mince filet d'eau qui allait se perdre dans les sables des plates dunes. Ce n'est qu'avec l'avènement de la plasticulture que les premières tentatives d'installation de serres, sous lesquelles pousseront les premières tomates hivernales, que les agriculteurs de cette fertile région entameront la longue marche vers une agriculture moderne et intensive. Mais, c'était compté sans les contraintes hydriques. Car, même disponible quasiment tout au long de l'année, l'eau de l'oued Kramis était trop éloignée des minuscules parcelles que les paysans avaient aménagées sur les terres familiales situées en hauteur. C'est alors qu'un ingénieux fellah fera faire un bond considérable à l'agriculture protégée. Muni d'un vieux tracteur auquel il avait attelé une remorque de 3 000 litres, il finira par faire monter l'eau puisée dans les puits vers les terrains plus fertiles. L'irrigation par remorque venait d'entrer dans les moeurs locales pour bouleverser de manière irréversible la pratique agricole locale. L'activité devenant très lucrative par la prédominance d'un climat à la douceur incomparable durant les quatre saisons, il devenait très rentable de monter une serre en plastique. Dans la mesure où la région était fort connue pour ses tomates primeurs qui parvenaient sur le marché local dès le mois de mars de chaque année, ce sera cette culture qui fera son entrée sous les grands tunnels. La réussite sera fulgurante à tel point que très rapidement le paysage s'encombrera de ces nombreuses serres où toute la famille, sans aucune discrimination d'age, ni de sexe, finira par trouver une occupation fort lucrative. L'activité prendra une telle ampleur qu'aucune famille de la région ne s'en départira. Ce fut une véritable ruée vers ces fruits rouges que l'on vendra à des prix très alléchant dans les marchés de la région. Le succès sera à la mesure des défis. Plus le tonnage allait grandissant, plus la région attirait de nouveaux clients venus de toutes parts prendre livraison de cette tomate si savoureuse.
Un nouvel Eldorado
Tout ceci n'aura pas été possible sans la présence de l'eau de la nappe qui est régulièrement alimentée par le Kramis et sans le concours de ces dizaines de tracteurs qui, à longueur d'année, tirant les lourdes citernes chargées du précieux liquide, sillonnent la campagne à la recherche du moindre maraîcher. Rapidement, la région jadis désertée durant 9 mois de l'année, deviendra un véritable pôle d'attraction pour les amateurs de tomates et de cultures protégées. Car, en plus de cette solanacée, les cultivateurs avaient pris soins d'occuper les moindres espaces disponibles à l'intérieur des serres par d'autres cultures. Ainsi, haricots fins, poivrons, salades, courgettes, aubergines et poivrons se mettront à côtoyer les plants de tomates. Une diversification des cultures qui fera grincer des dents les techniciens mais qui ne fera que renforcer les convictions et augmenter les revenus des fellahs. Depuis une trentaine d'années, ce sont les tomates du Sahel algérois qui faisaient autorité durant la saison froide, il faudra compter avec celles produites à Achaacha.
Rude concurrence
En effet, depuis maintenant 5 ans, il se trouve que des intermédiaires venus du centre du pays se portent acquéreurs de la production de tomate locale. La concurrence deviendra plus rude avec l'arrivée des maraîchers du Sahara, notamment ceux de Biskra et d'El Oued, qui sont plus précoces et apparemment moins chers. C'est ainsi que durant la campagne en cours, le prix de la tomate de Achaacha sera mis à rude épreuve par celle en provenance de Biskra. Les prix chuteront jusqu'à 15 DA durant le premier trimestre de l'année. Pour les maraîchers de Achaacha, ce sera la douche froide. Ce n'est que depuis la fin mars que les prix reprendront une certaine vigueur en se maintenant au dessus de 30 DA. Avant l'arrivée des grandes chaleurs, ceux qui auront réussi à maintenir un bon état sanitaire sous les plastiques, pourront continuer à faire de bonnes affaires. Car, chez ces paysans endurcis, la tomate peut produire pendant une année entière. Utilisant à la perfection les particularités de cette plante qui ressemble à une liane, les fellahs peuvent astucieusement en tirer le plus grand profit. Cependant, avec l'incontournable problème du transport de l'eau, parfois sur plusieurs kilomètres, le prix à la production risque de devenir de moins en moins compétitif. Ce qui obligera ces valeureux producteurs à se tourner vers le barrage qui régule désormais le cours espiègle et facétieux du Kramis. Avec plus de 25 millions de m3 de réserves, ce barrage pourra non seulement couvrir les besoins domestiques de toutes les agglomérations du Dahra, mais pourvoir aux besoins de l'agriculture. Car à l'évidence, le captage des eaux qui, jadis alimentaient la nappe phréatique en contrebas, se traduira très rapidement par un assèchement de celle-ci, mettant un terme à ces maraîchages de primeur qui auront largement contribué à retenir cette population rurale fort besogneuse. Alors que jusque-là, les habitants avaient su tirer avantage de la douceur du climat et de la bénédiction de l'oued, il faudra qu'ils se préparent à organiser un partage équitable de l'eau emmagasinées dans le barrage, à seulement 5 km de ces terres dont la fertilité fait rêver des opérateurs espagnols et français qui ne cessent de tourner dans la région. A la recherche d'un nouvel Eldorado, ces opérateurs auront pris conscience qu'à seulement 8 heures de bateau des côtes espagnoles, il était possible de produire au moindre coût les maraîchages qui commencent à sérieusement manquer sur les étalages de Provence, d'Andalousie et de Catalogne.


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