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Côte d'Ivoire : la paix n'est pas gagnée
Le président Gbagbo s'est rendu hier à Bouaké
Publié dans El Watan le 31 - 07 - 2007

Journée historique pour la Côte d'Ivoire. Le président Laurent Gbagbo s'est rendu lundi 30 à Bouaké, dans le nord du pays. Une première depuis 2002, date à laquelle les Forces nouvelles se sont emparées de la ville, en faisant le fief de la rébellion.
Laurent Gbagbo y a présidé une cérémonie symbolique de désarmement en présence de ses homologues burkinabé Blaise Compaoré, ghanéen John Kufuor et sud-africain Thabo Mbeki. Ce rendez-vous arrive dans un climat particulier de tensions et de suspicion après la tentative d'assassinat, il y a un mois, de Guillaume Soro, Premier ministre et secrétaire général des Forces nouvelles. Quelle lecture faire de ces événements ? Une lecture optimiste — ces tensions sont liées au fait que l'accord de Ouagadougou (voir encadré) entre dans sa phase d'application la plus sensible ? Ou une lecture plus critique — cette ambiance de « ni guerre ni paix » arrange les deux parties, aucun problème de fond n'est réglé, d'où une menace permanente de nouvelle rupture ? Quatre spécialistes ont accepté de nous décrypter la situation.
Sur quoi peut buter l'accord de Ouagadougou ?
Pour commencer, l'identification des Ivoiriens en vue de constituer des listes électorales. « Depuis la disparition du président Houphouët-Boigny, les dérives liées à la lutte pour le pouvoir ont trait au concept d'ivoirité », explique Gilles Olakounlé Yabi, expert pour la Côte d'Ivoire à l'International Crisis Group, à Dakar. Et d'ajouter : « C'est ce qui a progressivement fracturé la société car 26% de la population est d'origine étrangère. » Ce processus d'identification revient en fait à reconnaître la nationalité ivoirienne à des personnes à qui, jusque-là, on l'a niée. « C'est la communauté villageoise ou de quartier qui estime si oui ou non la personne auditionnée est ivoirienne. Si les deux camps acceptent de n'exercer aucune pression sur les magistrats chargés d'acter cela, le test sera concluant », ajoute Christian Bouquet, professeur de géographie politique à Bordeaux. Deuxième sujet sensible : la restructuration de l'armée. « Le 29 septembre 2005, les combattants des Forces nouvelles ont été promus à des grades allant de caporal à général de brigade, rappelle Bernard Conte, chercheur au Centre d'études d'Afrique noire de Bordeaux. Leur intégration dans l'armée unifiée pose le problème de la reconnaissance de ces grades. » Enfin, comme le souligne Christian Bouquet, « le calendrier arrêté à Ouagadougou a fait l'impasse sur une donnée qui va devenir fondamentale : que va-t-il se passer le 30 octobre prochain, à la fin du "mandat" donné par l'ONU à Gbagbo pour occuper le poste de chef de l'Etat ? ». Tout semble résumé dans un récent rapport de l'International Crisis Group : « L'accord signé à Ouagadougou est davantage un compromis entre deux camps qui veulent une sortie de crise préservant leurs intérêts particuliers qu'un accord qui garantirait une paix durable. »
Qui a intérêt à tuer Guillaume Soro ?
« On peut imaginer un bon motif pour quasiment tout le monde ! », résume Gilles Olakounlé Yabi. Du côté des rebelles, il est clair que la nomination du secrétaire général des Forces nouvelles au poste de Premier ministre a fait des mécontents. « Tous ceux qui ont profité du conflit pour développer une économie de prélation sur le cacao, le coton, les diamants se demandent ce qu'ils vont devenir ; et de quoi sera fait l'avenir s'ils doivent répondre de crimes contre l'humanité. Car l'ordonnance sur la loi d'amnistie du 12 avril reste vague sur les faits qu'elle pourrait porter », explique Bernard Conte. Du côté de la classe politique ivoirienne, le rapprochement entre Guillaume Soro et Laurent Gbagbo n'a pas non plus enthousiasmé tout le monde. D'après Le Nouveau Réveil, un quotidien contesté se voulant « le journal de choc des Ivoiriens », les services français redouteraient un nouvel attentat contre le Premier ministre et soupçonneraient le camp présidentiel. Pour Sidiki Bamba, chercheur ivoirien à Bordeaux, « ce n'est pas la première fois que la piste du FPI est avancée. La seule chose qui a changé, c'est la tentative de crédibiliser cette information en faisant appel à l'expertise des services secrets français ». Avec ou sans l'implication de Laurent Gbagbo, cette thèse serait toutefois possible. « Il faut comprendre la donne, explique l'expert à Dakar. L'accès au pouvoir en Côte d'Ivoire comme ailleurs en Afrique suppose l'accès facile aux richesses, de quoi rendre la compétition féroce. Et les ultras n'ont pas digéré sa nomination. » Idem du côté de l'opposition, où « beaucoup redoutent que l'attitude pacifique de Guillaume Soro ne facilite la réélection de Laurent Gbagbo et ne seraient, par conséquent, pas mécontents que le processus de paix soit remis à plat », souligne Le Messager, quotidien camerounais.
Que cherche réellement Laurent Gbagbo ?
Même réponse de tous les côtés : le pouvoir et rien que le pouvoir. En théorie, il peut le perdre. « Si suite au processus d'identification, tous les Ivoiriens obtenaient une carte d'électeur, et si des élections libres et transparentes suivaient comme c'est prévu, Gbagbo perdrait dans tous les cas de figure sauf (peut-être) si Soro faisait campagne en sa faveur », avance Christian Bouquet. En pratique, il ferait déjà tout pour que cela ne soit pas le cas. « Si l'identification se fait correctement, il pourrait se servir du contrôle du ministère de l'Intérieur pour manipuler le processus électoral. Autre hypothèse : il a obtenu de Soro que l'identification soit quelque peu bâclée et ne soit pas en mesure de l'empêcher de gagner », imagine Gilles Olakounlé Yabi. Pour Bernard Conte, le président a déjà préparé sa victoire. « D'abord, il a divisé l'opposition en mettant Soro sur le devant de la scène. Ensuite, il a redéployé le clientélisme comme cela s'est toujours fait en Côte d'Ivoire, en plaçant ses hommes, en faisant main basse sur le port d'Abidjan, la rente du cacao ou du pétrole. »


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