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Evocation-Ulrich Vogt (Fondation allemande Friedrich Naumann)
Un ami intime de l'Algérie
Publié dans El Watan le 31 - 07 - 2007


« Le monde s'éloigne Seul le vent et moi… »
Le 31 juillet 2004, Ulrich Vogt s'en allait, entre deux saisons, foudroyé par une terrible maladie. Pour mémoire, Uli, c'est ainsi que tout le monde l'appelait, fut le représentant pour le Maghreb, à Tunis, de la Fondation allemande Friedrich Naumann entre 1991 et 1995, puis à Amman pour le Moyen-Orient de 1997 à 2004.
Ulrich Vogt, un homme raffiné, de grande culture et à l'humour décapant, aura travaillé à créer les conditions pour que puissent se développer entre les élites de ces pays, et plus particulièrement du Maghreb, débats et échanges dans de nombreux domaines et autour de plusieurs thèmes, tels que le pluralisme et le professionnalisme des médias, l'économie de marché, la problématique de la formation ou de l'émergence des sociétés civiles au Maghreb. Il appuiera et soutiendra les luttes des associations féminines et l'émergence d'un noyau de femmes chefs d'entreprise dans la région. Grâce à son action soutenue, persévérante, dénuée de tout paternalisme et de tous préjugés, du fait de sa culture et de sa vision du monde, il permit à des femmes et des hommes d'Algérie, du Maroc, de Tunisie, et plus largement de la sphère civilisationnelle arabe, de mieux se connaître, de se rapprocher, et, à défaut d'être d'accord sur de nombreuses questions, de constater qu'ils faisaient partie d'un ensemble culturel, géographique et humain commun, partagé, malheureusement trop cloisonné par les logiques d'Etat. En ce sens, Uli Vogt a été, dans la discrétion et la constance, solidaire des actions et combats menés dès le début des années 1990 pour les libertés démocratiques. A ce titre, il contribuera fortement à l'organisation en février 1993 à Alger d'un séminaire de 3 jours réunissant plus de 50 journalistes et responsables de titres privés et publics d'Algérie, du Maroc et de Tunisie. A cette rencontre, une première du genre, participera en tant qu'invité surprise, le regretté M'hamed Yazid, en sa qualité de tout premier ministre de l'Information du GPRA. M'hamed Yazid profitera de cette tribune pour dire l'impératif de la formation d'un espace médiatique pluraliste, démocratique et professionnel maghrébin, libéré des étroitesses d'esprit, des visions partisanes et des logiques des pouvoirs d'Etat. Au titre de l'intérêt accordé à l'Algérie, il nous faut rappeler la rencontre entre journalistes du Maghreb, intitulée « Les médias par eux-mêmes », mais dont le caractère de solidarité avec les journalistes et intellectuels algériens, confrontés à l'espace public du crime théocratique, ne trompait personne. Durant cette activité organisée à Malte en 1994, la journaliste britannique progressiste Vittoria Brittain du Guardian dénoncera tant l'absence de solidarité des médias et journalistes occidentaux, à quelques infimes exceptions, à l'endroit de leurs collègues algériens en proie aux lames et aux pistolets des tueurs de l'islam politique, que l'injustice faite à l'Algérie antiterroriste par les puissants de ce monde. C'est la même démarche de soutien démocratique qui détermina Uli à aider à l'organisation par l'Institut interdisciplinaire des droits de l'homme, et la section suisse de Reporters sans frontières, en conflit ouvert avec la section française de RSF quant à l'analyse de la crise algérienne, d'une semaine de solidarité avec les journalistes algériens, qui se déroula en 1996 à Fribourg, en Suisse. Structurée autour de la thématique « Liberté d'expression, liberté de la presse : quel espace public pour l'Algérie ? », cette activité, difficile à organiser en Europe, du fait du soutien, ou du laxisme volontaire des milieux dominants des médias, de la sphère politique et intellectuelle en Europe, à l'endroit de l'islam politique à cette époque, a permis à de très nombreux journalistes, venus d'Algérie, de débattre avec des journalistes et universitaires suisses et de fournir d'autres éclairages, que ceux des médias européens, et français en particulier, sur la réalité de l'intégrisme et de son idéologie en Algérie. En organisant ou en soutenant ces activités, Uli, au-delà de son obligation de réserve du fait de sa fonction, refusait l'ambiguïté face à l'idéologie liberticide de l'islam politique, et allait à contre-courant des puissantes marées de la « régression féconde » théocratique, vantée ici et là-bas. Cette position se traduira également par l'aide discrète et amicale accordée à des citoyens algériens pourchassés par les terroristes de l'intégrisme islamiste. Attitude rare à cette époque et d'autant plus précieuse, puisqu'il en allait de la vie de ces citoyens. Ce rappel abrégé des actions qu'il initia, des activités qu'il organisa ou qu'il aidera à monter en sa qualité de représentant de la fondation, ne doit pas occulter d'autres dimensions et aspects de la personnalité de ce spécialiste du surréalisme, auteur d'une thèse sur André Breton. Cette connaissance du surréalisme se doublait de celle de poètes français, tels Pierre Reverdy ou René Char. Mélomane informé, il écoutait tant l'Algérienne cheba Zahouania, dont il appréciait, entre autres, la lancinante et douloureuse chanson Goulouli ouine rah yergoud, ou l'Egyptienne Asmahane, que le Concert de Cologne de Keith Jarett, les cantates et fugues du compositeur baroque J-S. Bach, ou les Lieder de Franz Schubert composés à partir des poèmes de Gœthe. Uli était aussi un brillant essayiste auteur de réflexions sur le monde arabe et d'études sur D'jeha ou sur les blagues politiques (nouktate) au Maghreb et au Machreq, dont il maîtrisait toutes les connotations. Fin connaisseur de la langue fouç'ha qu'il enseigna en Allemagne et des loughate derdja des pays où il séjourna (Algérie, Jordanie, Tunisie), il enseigna également la langue et la littérature allemandes, mais également la traduction, allemand/français, à l'Université d'Alger de 1983 à 1986. Marié, père de trois enfants, nés en Algérie et en Jordanie, Uli avait 50 ans. Dans un recueil de poèmes de Pierre Reverdy, dont il me fit présent, dans mes premiers temps d'exil, les vers suivants sont soulignés :
« Le plafond pèse sur ma tête et me repousse
Où vais-je me mettre où partir
Je n'ai pas assez de place pour mourir. »


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