Trou à rat ». Le mot n'est pas exagéré pour désigner l'endroit où vit la famille Zeghmani. A peine 3 m2 dans ce qui fut autrefois un dépôt (makhzen), situé dans une Casbah en ruine. En effet, depuis deux mois, les Zeghmani et leurs enfants âgés de 18, 7 et 4 ans subissent le calvaire. Frisant la misère, cette famille a élu « domicile » dans cette fosse, sise à la 2e impasse Kléber, « pour ne pas dormir à la belle étoile ». « Et encore, nous devons remercier la personne qui a bien voulu nous prêter ce magasin », se lamente la maman lors de notre passage sur les lieux. Le taudis n'a aucune commodité. Pas d'eau ni d'électricité et encore moins de sanitaires. A l'intérieur, l'oxygène se fait rare. Les gosses respirent difficilement. « Je crains qu'ils ne soient asthmatiques », s'inquiète la malheureuse femme. Liès, notre photographe, n'a pu rester plus d'une minute à l'intérieur de cette portion d'enfer. Lui qui a pourtant couvert des situations des plus dramatiques. Un haut-le-cœur, dû aux odeurs, le fit sortir illico presto vers l'extérieur. « Je lance un appel aux autorités. Sortez-moi d'ici, s'il vous plaît. Nous sommes dans une véritable tombe », s'écrie la maman. Les Zeghmani font savoir qu'ils n'ont constitué aucun dossier de logement. « Nous étions chez les beaux-parents à Baraki jusqu'au jour où il fallait aller ailleurs à cause de l'exiguïté des lieux », raconte-t-elle, en signalant qu'ils ont « vivoté çà et là » pendant des années. « Nous serions reconnaissants si une âme charitable voulait bien nous recueillir pour quelques mois seulement. Une pièce, dans n'importe quel endroit du pays, suffirait largement », espère la malheureuse famille.