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Les bienveillantes de Jonathan Littel
Du mal-être en opéra baroque
Publié dans El Watan le 19 - 08 - 2007

« Je ne regrette rien : j'ai fait mon travail, voilà tout. » Voici résumée la pensée ultime de Maximilien Aue, officier SS de l'Allemagne nazie, retiré en terre française où il va finir sa vie comme directeur d'une usine de dentelle.
Max est le héros de Les bienveillantes, récit violent et sans fard de quatre années d'une guerre mondiale vue par les bourreaux-vaincus, et premier roman de l'Américain Jonathan Littel primé par le Goncourt 2006. Ecrites en français, ces mémoires apocryphes qui nous plongent dans l'horreur des fosses communes de l'Ukraine et les fours crématoires d'Auschwitz, forment un véritable pavé comme on n'en fait plus depuis Alexandre Soljenitsyne. D'ailleurs, les bienveillantes (euphémisme retourné pour les Furies) ressemble en ceci à L'archipel du goulag qui met à nu le système de déshumanisation et la bêtise de l'idéologie totalitaire. La clarté architectonique du pavé reste intacte, et l'auteur sait garder le souffle malgré la longueur du roman (900 pages) construit sur la base d'une histoire linéaire avec, autour, les pérégrinations de Aue et les images de son passé agencées en forme de flash-back. Les bienveillantes est composé telle une suite baroque à plusieurs mouvements. Le recours à la musique pour structurer l'œuvre permet de lui imprégner un rythme et quelque part aussi son identité européenne comme un hommage au Vieux Continent. A travers cette première œuvre épique, ruminée douze années durant et rédigée en français, Jonathan Littel, 38 ans, réussit à donner un coup de fouet dans une scène romanesque à la recherche d'un nouveau souffle. Fils du romancier Robert Littel, il ne s'intéresse pas aux écrivains contemporains et cite comme références Maurice Blanchot, Samuel Beckett, Kafka, Stendhal et Flaubert. Dépourvu d'états d'âme, le journal du héros, noirci par les récits du front, les missions bureaucratiques et ses retraites bien méritées, raconte les voyages intérieurs où se révèle sa personnalité complexe et tourmentée entre un passé déroutant et un présent qui lamine son être. Le héros narrateur souffre, terrassé par des haut-le-cœur fréquents qui le submergent face aux images du génocide auquel il prend part en bon soldat discipliné. Sujet à des tempêtes intérieures, faites de délires fiévreux et de tableaux oniriques, il est incapable de contenir ses désirs pervers et un déluge d'obscénités, qui le nargue, chavirant entre une mélancolie atavique et quelques émersions sous les ciels de l'amour et de l'amitié. L'érudition presque pédante du soldat Aue et la sincérité sans ambages du frère Max, forcent la sympathie chez le lecteur, qui n'en est pas moins déstabilisé par les questionnements du héros, lesquels restent d'une actualité lancinante. « Si vous étiez à ma place, vous auriez fait la même chose. » A priori banale, cette affirmation, intégrée dans le raisonnement de Aue, nous interpelle pour réfléchir à deux reprises avant de condamner les actes de Max et proclamer l'immoralité totale de sa personnalité. Les bienveillantes n'est cependant pas un roman à thèse. C'est plutôt un roman qui se suffit à lui-même et remet les pendules à l'heure d'un genre littéraire supérieur et autonome, dont les lettres d'or brillent depuis Rabelais, Diderot et Cervantès. L'auteur s'éloigne, en effet, des affirmations et n'offre qu'un caractère hypothétique aux méditations de son héros. Et ce n'est pas là le seul point où la prose de Littel rejoint la théorie kunderienne du roman, qui réclame l'autonomie du roman et sa spécificité. Les bienveillantes possède une immense faculté d'intégration, et mêle philosophie, histoire, poésie, économie politique, sémiologie et essai pour ainsi devenir une sorte de synthèse intellectuelle suprême mise au service d'un seul objectif : celui d'éclairer l'existence humaine. La fin est peinte d'ailleurs dans des situations absurdes jusqu'au comique, qui achèvent de brouiller « La vérité » et figurent le héros dans toute sa déchéance au milieu d'un zoo : « Je ressentais tout d'un coup le poids du passé, de la douleur de la vie et de la mémoire inaltérable. Je restais seul avec l'hippopotame agonisant, quelques autruches et les cadavres, seul avec le temps, la tristesse et la peine du souvenir, la cruauté de mon existence et de ma mort encore à venir. Les bienveillantes avaient retrouvé ma trace. » Les bienveillants, Jonathan Littel, éditions Gallimard, 2006

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