Le match n'a pas été diffusé à la télévision. Pourtant, il a drainé de nombreux amoureux du ballon ovale. Il a opposé l'équipe internationale algérienne de rugby (non officielle Ndlr) aux espoirs du Stade Français au stade Villeneuve de la commune de Clichy-La Garenne, département des Hautes Seine. Les rugbymen algériens ont mouillé le maillot et ont réussi à s'imposer par 20 points à 17. Un engagement physique de qualité motivé, comme le dit le président bénévole de l'équipe, « par le seul désir de se surpasser et de défendre les couleurs de l'Algérie ». Toutefois,l'Algérie officielle ne semble pas encore disposée à reconnaître les mérites de ces joueurs, qui payent de leurs poches leurs propres billets d'avion pour participer à des stages ou jouer contre d'autres équipes. C'est le cas du match qui a eu lieu récemment en Tunisie, où les joueurs ont réglé les frais de leur déplacement. Avec une victoire au retour. Pourtant, de nombreux contacts ont été pris avec les responsables du sport en Algérie (ministère, comité olympique…), pour débloquer des subventions en vue de bâtir une véritable équipe nationale, comme c'est le cas au Maroc ou en Tunisie, mais en vain. Les autorités en charge du sport continuent de faire la sourde oreille. Elles font mine d'exiger des résultats avant toute implication dans la gestion ou le financement de cette discipline. Un discours qui exaspère les responsables de cette équipe composée essentiellement de jeunes joueurs français d'origine algérienne. Certains évoluent même dans des clubs hexagonaux en semi-professionnels. « Nous avons montré que nous sommes capables de mettre sur pied une véritable équipe algérienne de rugby. Sur les trois derniers matchs disputés, nous avons gagné deux et perdu le troisième contre l'équipe d'Agen, qui figure dans le top 14 des clubs français ». Et d'ajouter non sans amertume : « nous avons véritablement besoin d'une aide financière de l'etat algérien en vue de mettre en place une stratégie de travail efficace et à long terme. Nous ne pouvons pas continuer à nous engager indéfiniment juste parce que nous avons l'Algérie au cœur. Le cœur a, lui aussi, ses limites. Et les joueurs ne peuvent pas continuer à débourser de leur propre poche de l'argent rien que pour représenter l'algérie. Ils ont besoin d'être encouragés et récompensés ». Récemment, l'entraîneur de l'équipe ainsi que le président ont mené une opération « découverte du rugby en Algérie ». Ils ont permis à 10 000 enfants de toucher, pour la première fois, le ballon ovale. La tournée, financée par une entreprise française, a eu lieu dans plusieurs villes du pays. De jeunes talents en rugby ont été découverts. Ils ne demandent qu'à être pris en charge, de l'avis des organisateurs. Les deux compères ont également fait des démarches auprès des autorités consulaires algériennes en France, en vue de les sensibiliser pour la prise en charge de cette discipline, qui se mondialise de plus en plus. Et bien qu'un fonctionnaire du consulat algérien de Montpellier se soit déplacé pour suivre le match opposant l'équipe d'Algérie à celle d'Agen, il semble, en revanche, qu'il n'a pas remonté l'information à ses supérieurs. Quant au vice-consul d'Algérie à Paris, il a juste daigné venir serrer les mains des dirigeants de l'équipe au stade de Clichy, avant le coup d'envoi du match pour ensuite s'éclipser en catimini. Sans doute, n'aime-t-il pas le rugby ? Le maire de la ville, lui, est resté jusqu'au bout. Il a même arboré un maillot de l'équipe algérienne !
