Rien ne prédestinait cette localité à vocation rurale, qui doit son nom d'être située près d'une montagne en forme de tortue, et avec une population de 50 000 habitants, à se transformer en un pôle commercial, spécialisé dans le textile. Une rue principale de cette ville est donc devenue un marché permanent de produits vestimentaires d'importation, essentiellement de Dubaï dans les Emirats arabes unis. De part et d'autre de cette voie encombrée de véhicules de tous tonnages, tous les locaux disponibles font désormais étalage des marchandises portant l'estampille de pays du Moyen-Orient et du Sud-Est asiatique. Robes d'intérieur et sous-vêtements de Syrie ou de Turquie, anoraks de haute montagne coréens, jeans et pulls de tous âges thaïlandais, couvertures multicolores de Chine, etc. Ce nouveau marché a fini par éclipser celui hebdomadaire du mercredi et où se donnaient rendez-vous les éleveurs de la région. Une nouvelle clientèle formée de familles entières arpente depuis peu cette rue où les prix défient toute concurrence et où chacun semble trouver son compte, détaillant ou grossiste. La nouvelle génération de courtiers de la ville a pris l'habitude de rapporter en plus de containers et bagages, plein de récits de leurs multiples pérégrinations à travers ces pays, comme ce commerçant qui arbore fièrement des photographies amicales en compagnie de stars égyptiennes ou cet autre qui évoque la vie nocturne à Bangkok... C'est pour dire que les temps changent sous certaines latitudes.
