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Après les intempéries de Tizi Ouzou
La population en colère
Publié dans El Watan le 04 - 11 - 2007

Les habitants de Boukhalfa, un village situé à la périphérie de la ville de Tizi Ouzou, ont bloqué durant toute la journée d'hier la RN12, suite aux intempéries qui ont touché toute la wilaya durant la fin de la semaine dernière.
Tizi Ouzou. De notre bureau
Les pluies torrentielles avaient, rappelons-le, causé à Tizi Ouzou la mort de quatre personnes, dont un enfant de dix ans. Le bilan est lourd sur le plan matériel au niveau de ce grand village dans la banlieue de Tizi Ouzou. Des dizaines de familles sont sinistrées, sans toit, a-t-on constaté. Les routes ont été coupées à la circulation par des tonnes de boue, de roches et de troncs d'arbres. Des morceaux de bitume ont carrément été arrachés et emportés par les eaux sur plusieurs dizaines de mètres, signe de travaux bâclés. Les conduites d'eau potable et du gaz naturel ont été détruites depuis jeudi dernier où l'on a enregistré un fort taux de pluviométrie. Plusieurs foyers sont sans électricité. Dans l'ancien village de Boukhalfa, la situation rappelle aux visiteurs la catastrophe qui a endeuillé les habitants de Bab El Oued à Alger le 10 novembre 2001. La crue n'a épargné personne. Des voitures sont toujours prises en otages par la boue. Les maisons situées sur les bords d'un ruisseau, qui s'est transformé en un véritable fleuve en l'espace d'une journée, ont été détruites à moitié. Certaines ont été envahies par la boue poussant leurs occupants à fuir, laissant leurs biens sur place. Les écoles n'ont pas ouvert hier leur porte en raison de ces intempéries. Dans une maison de construction pourtant récente, il ne reste que quelques chaises, des tables où il y avait des cahiers d'écolier ouverts, oubliés par des enfants qui étaient à ce moment-là en train d'étudier tranquillement. Les personnes, restées sans demeure et qui ont peur de périr dans des maisons en attente d'affaissement, comptent désormais sur la solidarité des voisins et des cousins pour éviter le vagabondage. Sadia, une sexagénaire raconte : « J'ai porté mon mari sur mon dos pour fuir la mort. Les murs de ma maison ont failli nous tomber sur la tête si ce n'était pas l'intervention des jeunes du village qui ont détourné les eaux de pluie dans une autre direction. » Mais pouvait-on se solidariser avec ses voisins et ses cousins lorsque l'on voit sa propre maison sur le point de céder sous la colère de la nature ? « J'aurais aimé aider tous ces gens qui n'ont personne pour les prendre en charge. Mais je n'y peux rien. Moi-même je suis hébergé chez mon frère en attendant des jours meilleurs », dira Salah, père de six enfants et dont la maison est complètement détruite. En haut du village, une quinquagénaire, aveugle et diabétique, a été évacuée à l'hôpital par des jeunes à pied sur une distance de trois kilomètres. Son mari, ami Saïd, mangeait silencieusement un bout de pain avec un morceau de chocolat les yeux rivés sur un mur fissuré. A une vingtaine de mètres de cet endroit, Saliha, la trentaine, surveille en compagnie de sa belle-mère ses enfants dans la maison familiale, un vieux taudis qui date des années soixante. « Durant la journée du jeudi dernier, je surveillais la maison, seule avec mon fils de six ans, lorsque la pluie a commencé à s'infiltrer à travers les murs et la toiture en tuile. Prise de panique, j'ai fui et j'ai failli atterrir dans l'oued avec mon fils », raconte-t-elle en bégayant, visiblement traumatisée par ce qu'elle avait vécu. Vivant avec sa mère dans la maison de sa tante, Fatma raconte son calvaire les larmes aux yeux. « Depuis mon jeune âge, je déménage avec ma mère d'une maison à une autre, car je n'ai pas où aller. Aujourd'hui, c'est la pluie qui veut me priver de cette petite demeure que j'ai trouvée avec beaucoup de peine », dit-elle avec rage. Dans les mains, elle tenait un vieux papier qui n'était autre qu'une lettre adressée par l'administration, l'informant de l'enregistrement de sa demande de logement social qu'elle n'a toujours pas habité. Peut-être qu'elle n'aura jamais l'occasion de l'habiter au rythme où vont les choses actuellement dans la commune de Tizi Ouzou qui connaît depuis plusieurs années une situation de non-gestion. Dans ce quartier habité par de pauvres familles, la situation risque de s'aggraver davantage si rien n'est fait d'ici les prochains jours. Ces familles accusent l'administration, à sa tête le wali et le chef de daïra, d'être à l'origine de leur malheur. « Nous avons interpellé le wali et le chef de daïra depuis plus d'un an, mais à chaque fois nous sortions de leur bureau avec de vaines promesses. Leur mépris envers la population qui habite Boukhalfa a causé la perte de nos maisons et risque de provoquer pire », déclarent les représentants de la coordination des comités et associations du village, déterminés à aller jusqu'au bout de leur protestation. « Nous voulons parler au wali », protestaient les jeunes qui ont barricadé la RN12. Mais leur protestation n'avait pas d'écho. Le wali de Tizi Ouzou, M. Mazouz, était en compagnie du ministre de la Pêche au moment où des dizaines de familles attendaient son soutien moral et logistique. Jeudi matin, au lieu de se rendre sur place pour s'enquérir de la situation des citoyens et dégager les moyens matériels et humains nécessaires pour les aider, le premier magistrat de la wilaya de Tizi Ouzou a préféré inaugurer des projets dont les travaux traînaient depuis presque vingt ans. Le mépris de l'administration est tel que c'est le directeur de la culture, Ould Ali El Hadi, qui était parti convaincre les protestataires d'ouvrir la route à des centaines d'automobilistes. L'apparition du wali ne s'est faite qu'aux environs de 17h. Ce dernier a reçu une délégation de citoyens et leur a promis de régler le problème le plus rapidement possible, ce qui ne peut pas être fait d'ailleurs. Car l'administration est-elle prête à offrir dans l'immédiat des logements pour les familles sinistrées ? Par ailleurs, les habitants des 400 Logements à Draâ Ben Khedda ont bloqué eux aussi l'accès à la laiterie publique Onalait pour protester contre les coupures d'eau, engendrées par les intempéries. Les citoyens de Tadmaït ont pour leur part fermé la RN12 pendant quelque temps avant de rentrer chez eux à la fin de la matinée. L'intervention tardive des pouvoirs publics réaffirme une autre fois leur incapacité à offrir un minimum d'assurance à leurs administrés, d'où cette colère assez légitime.


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