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« L'homme est un éternel nomade à la recherche de la félicité »
Nourreddine Saoudi (Auteur)
Publié dans El Watan le 30 - 01 - 2008

Le géomorphologue et préhistorien Nourreddine Saoudi revisite, à travers son dernier-né L'autre rive du paradis, publié aux éditions Casbah, la période néolithique. Dans cet entretien, l'écrivain revient sur les moments forts de son livre.
Vous venez de signer votre premier roman qui se caractérise par cette originalité de mettre en avant plan la communauté néolithique ?
En fait, l'histoire se déroule juste au moment de cette double charnière, environnementale et civilisationnelle. Environnementale d'abord, j'oserai dire, géologique, car elle sépare deux périodes distinctes (le pléistocène et l'holocène) ; civilisationnelle ensuite, car elle sépare deux stades culturels, entre, d'une part, les civilisations de la pierre taillée et ceux de la pierre polie ou néolithique, d'autre part. L'histoire nous dépeint donc une communauté humaine inscrite dans le processus dit de néolithisation. Le choix porté sur justement cette société en devenir me paraissait fondamental dans la mesure où à travers cette période, nous allons assister à une sorte d'accélération de l'histoire, celle qui va consacrer la suprématie sans partage de l'homme sur son environnement. En effet, c'est durant le néolithique que l'humanité fera ses plus grandes conquêtes, notamment en découvrant les propriétés cycliques de la nature qu'elle mettra à son profit en inventant tout simplement l'agriculture, ou encore en domestiquant certaines espèces animales, parallèlement à d'autres inventions comme celles de la céramique (ustensile bien utile et pouvant être reproduit à souhait) et tant d'autres encore. Ces pratiques seront déterminantes, car en mettant l'homme à l'abri du souci de son alimentation, elles jettent les bases de la civilisation universelle et accélèrent l'entrée de l'homme dans l'histoire.
A travers cette transhumance de vos personnages, vous peignez avec art et manière une fresque historique ?
Je tiens tout d'abord à souligner que le roman est une totale fiction car nous ne disposons pas pour cette période de témoignages écrits ; l'écriture ne sera inventée que bien plus tard pour consacrer la fin des temps préhistoriques et le début de l'histoire. Mais cette transhumance reste une réalité au travers des différents témoignages matériels légués par l'homme de cette période. En effet, nous sommes absolument sûrs que des communautés préhistoriques ont été amenées, devant les bouleversements du climat (entre autres), à déserter leur territoire pour d'autres horizons plus cléments. Les Tassili en particulier semblent avoir été justement cette koïnè géographique qui a accueilli cette population de pasteurs et d'artistes néolithiques. En ma qualité de naturaliste s'intéressant à la préhistoire, il allait de soi que je devais veiller aux détails de la fresque que je voulais peindre, tout en tentant de faire prendre conscience que ceux qui nous ont précédés avaient les mêmes préoccupations existentielles, qu'ils étaient capables d'aimer et de souffrir, que leurs angoisses étaient à la mesure de la grandeur de l'homme. Ils ont apporté des solutions à ces angoisses en fonction du stade de leur évolution technique mais également spirituelle.
Qu'ils soient civilisés ou préhistoriques, l'homme n'est-il pas, selon vous, un éternel nomade à la recherche d'une quête précise ?
Le terme de civilisé est un qualificatif que se donnent les sociétés occidentales (mais pas uniquement) par égocentrisme mais aussi par vanité, comme l'est le qualificatif de primitif dont ils affublent les sociétés moins avancées sur le plan technique et qu'ils ont très souvent colonisées. Mais ne nous trompons pas, l'homme est un et unique à travers toutes les latitudes. Sa plus grande qualité est d'être un éternel apprenti. Il a su trouver les réponses nécessaires à ses angoisses. Elles ne sont pas forcément pareilles, car elles sont filles de l'environnement que nous savons variables. Les innovations qu'imposent la vie sur la banquise ne peuvent être ceux de la vie au Sahara. Mais le dénominateur commun à ces deux milieux opposés est l'acteur dynamique qui sait traduire les difficultés en moyen de survie. Dans ce sens, l'homme se révèle un éternel nomade à la recherche de la félicité qu'il ne trouvera d'ailleurs nulle part, car la quête de celle-ci est le moteur de sa projection vers les horizons qu'il ausculte, qu'il visite et qu'il apprivoise pour son profit.
La femme, cette dépositaire de la mémoire, occupe une place de choix dans votre livre...
Oui, effectivement. De manière inconsciente, je me suis trouvée à écrire une histoire à travers non pas un héros, mais une héroïne. Mais ce n'est certainement pas fortuit, car, d'une part, en nous, la part de l'inconscient reste assez significative mais, également, de manière plus pratique dans la mesure où c'est à travers elle (la femme) que j'ai voulu traduire la force de la vie. La femme représente la moitié de la société tout en ayant enfanté l'autre moitié. Elle est également celle qui nous prend par la main pour nous faire traverser le tumulte de nos angoisses et de nos fantasmes ; elle assure nos pas par un apprentissage permanent ; et elle est la mémoire, celle, qui, tout en nous projetant vers le lendemain, nous montre les assises sur lesquelles ce futur est bâti. A cette héroïne, je lui ai fait porter un lourd fardeau, celui de montrer la voie quand tout semblait impossible, tout en prenant sur soi. C'est en fait une histoire qui se veut un hymne à la vie à travers cette héroïne : Rani.
Vos écrits regorgent de concepts...
Je voudrais souligner que cet essai de roman n'est pas terminé. Je voulais au départ une sorte de mémento préhistorique sous forme d'histoire romancée dans lequel j'insérerai le maximum de ce que nous ont permis de comprendre nos différentes investigations scientifiques. Le résultat, pour des raisons qu'il serait inutile de rapporter ici, est ce que nous avons entre les mains. Mais je promets une suite pour aller jusqu'au bout de mon projet. Revenons aux concepts ; effectivement, dans ce sens, mon ambition était de montrer que les sociétés dites « primitives » (préhistoriques) avaient déjà compris la portée d'une vie communautaire et son incidence sur l'individu et sur tout l'environnement anthropique et naturel. L'organisation de celle-ci était la clé de sa survie ; cette organisation était à la fois matérielle comme le partage social du travail, la hiérarchisation des tâches et des pouvoirs, mais également plus subtile car liée à la spiritualité naissante et à ses incidences sur l'autre pouvoir, celui qui fait appel à nos sens. Dans ce cadre, la cohésion du groupe, tout en étant inféodée au pouvoir d'ici bas, reste largement tributaire de l'autre pouvoir, intemporel celui-là et d'autant plus puissant qu'il interpelle notre angoisse profonde. Cet autre pouvoir se traduit au quotidien par celui qui l'incarne, le shaman (que nous retrouvons dans toutes les sociétés), mais également par les tabous, les interdits, les représentations de la vie et de la vie après la vie.
L'histoire se referme sur une note d'espoir, puisque après avoir surmonté une multitude d'épreuves, la vie a repris ses droits dans un autre environnement.
Oui, sans dévoiler la fin de l'histoire, la transhumance se termine sur l'autre rive après une multitude d'épreuves. La vie reprend ses droits dans un autre environnement, mais c'est déjà le départ d'une autre aventure ; car finalement, la grandeur de l'homme n'est-ce pas celle des défis, en tous lieux et en tous âges, ceux qui lui ont permis de vivre la folle aventure de l'esprit à travers ses grandes inventions depuis la pierre taillée jusqu'au plus sophistiqué des outils et des armes d'aujourd'hui, hélas. Nous sommes les héritiers de ces êtres fragiles mais doués d'intelligence. Mais, ne nous trompons pas également, nous avons en nous les clés de notre propre rédemption comme celles de notre destruction quasi-totale. L'homme détient en effet aujourd'hui un savoir énorme qu'il a su accumuler durant des siècles et des millénaires. Ce savoir, comme toute entité, se caractérise par sa bicéphalité, c'est-à-dire celle qui panse ses blessures mais également celle qui les occasionnent. A ce titre, il a le choix.


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