Décidément, les bouleversements climatiques des ces derniers jours auront des conséquences incalculables sur la campagne agricole en cours. Alors que l'on venait d'entamer les ultimes semaines du cycle de production de la pomme de terre, il aura fallu un brusque et méchant coup de froid pour que des champs entiers de pomme de terre soient irrémédiablement détruits. Cela s'est passé durant la nuit de vendredi dernier dans la région qui s'étale entre Fornaka et Bouguirat. Même certaines zones tempérées, comme Sirat, Mesra ou Souaflia, n'auront pas été épargnées. Dès les premières heures du jour, un linceul blanc commencera par couvrir le sol. Durant la matinée, les fellahs constatent les dégâts. Partout ce sera le désolant spectacle de ce manteau blanc qui couvrait les champs. Les cultures de pomme de terre, dont c'est la pleine saison, étaient les plus visitées. Alors que la campagne entamait son dernier virage, certains cultivateurs se préparant déjà à entamer les premières récoltes, les plantules étaient à leur apogée. En pleine phase de grossissement des tubercules, les plantes avaient bénéficié de toutes les attentions de la part des fellahs. Alors que le redoutable mildiou avait été fortement endigué par une série de traitements plus ou moins ordonnés, les paysans ne s'attendaient certainement pas à ce coup du sort. Alors que dans les champs situés sur la bande côtière et un peu vers l'intérieur, le gel ne tiendra pas longtemps face au redoux, il n'en sera pas de même pour les plaines intérieures. A perte de vue, les cimes des feuilles de pomme de terre subiront la loi du gel. Alors que les feuilles plus anciennes parvenaient non sans mal à résister, ce seront les tiges et les bourgeons les plus tendres qui cèderont sous l'effet du froid extrême. Là où la végétation était à son stade ultime, la mort des jeunes pousses aura des répercussions irrémédiables. Sur certaines cultures de la région de Sidi Charef, où l'on rencontre de véritables opérateurs économiques, les champs auront perdu leur luxuriance en l'espace de quelques heures. Dégâts A la sortie ouest de Bouguirat, ce sont certainement les fellahs les plus entreprenants qui se laisseront surprendre. Leurs immenses champs qui leur avaient coûtés de véritables fortunes en investissements divers, sont transformés en une immensité disparate qu'un vent persistant finira par défigurer. Dans un courage inqualifiable, ils se sont immédiatement mobilisés pour mettre en place les systèmes d'irrigation par aspersion. Avant la mi journée, alors que les jeunes feuilles commençaient à sécher sous l'effet conjugué du soleil et du vent, les immensités culturales étaient noyées sous une pluie artificielle. Ce sera l'unique réponse que ces ingénieux fellahs avaient trouvé pour réduire un peu les méfaits de la gelée. Un bien dérisoire moyen face à ce redoutable fléau naturel. Selon des estimations sommaires, la récolte pourrait chuter de 25 à 60%. Les superficies concernées représentent environ le 1/3 des surfaces plantées. Le phénomène qui est également signalé dans les plaines du Chélif devrait réduire les rendements durant la campagne. Les prix aux champs risquent de flamber à la suite de cette catastrophe naturelle contre laquelle une intervention de l'Etat est fortement souhaitée par les malheureux producteurs dont les récoltes seront fortement amoindries.
