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Nacer Djabi, sociologue, enseignant et chercheur à l'Université d'Alger
« L'échec du projet national fait ressurgir les conflits communautaires »
Publié dans El Watan le 23 - 03 - 2008

Un affrontement intercommunautaire mercredi dernier à Ghardaïa, entre Ibadites et Malékites, s'est soldé par un mort, 17 blessés. Comment expliquez-vous cette vague de violence meurtrière qui aurait été soulevée par un pétard ?
Mozabites et Chaâmbas sont deux communautés qui existent dans la région de Ghardaïa depuis des siècles. Elles sont différentes à tout point de vue, que ce soit au plan social, culturel ou encore cultuel. Les Mozabites sont sédentaires, aisés, commerçants, riches… Ils sont de rite ibadite. Les Chaâmba sont, quant à eux, de rite malékite dans lequel se reconnaissent d'autres ethnies vivant pas loin de la région. Leur rivalité est aussi vieille que l'histoire de cette région. Mais l'affrontement entre ces deux tribus, et même entre d'autres tribus ou communautés dans d'autres régions du pays, obéit à des facteurs plutôt exogènes liés à la conjoncture sociopolitique et économique. Autrement dit, les conflits éclatent lorsque la situation générale du pays est tendue pour diverses raisons en rapport direct avec la mauvaise gestion tant au niveau local qu'au niveau national. Les affrontements qu'a vécus mercredi et jeudi derniers Berriane ne sont pas étrangers à cette réalité sociopolitique et économique peu reluisante. Cela paraîtrait peut-être peu pertinent aux yeux de certains, mais ces frictions intercommunautaires nous renvoient inéluctablement à la situation générale du pays, marquée par une tension sociale due surtout à l'absence de perspectives d'avenir. Elle est, en quelle sorte, le reflet de cette crise dans laquelle patauge le pays.
Selon vous donc, cela est une autre forme d'expression du marasme social et de dénonciation de la mauvaise gestion du pays…
La société algérienne est dans l'impasse. Elle souffre d'un blocage, d'une absence de projet de société. Les jeunes sont sans horizons. Et chaque Algérien essaie tant bien que mal d'exprimer son mécontentement, sans angoisse, son désespoir, sa misère, sa colère comme il peut. Il y a ceux qui protestent à travers des grèves, ceux qui tentent une aventure périlleuse à l'étranger par voie maritime, ceux qui brûlent des pneus et qui font l'émeute... La coupe est tellement pleine qu'il suffit d'un rien pour qu'elle déborde de partout et provoque de terribles vagues de violence. C'est ce qui fait qu'un petit malentendu sur un pétard peut tourner au déluge. Et un échange inapproprié entre deux habitants appartenant à deux communautés différentes soulève une tempête et réveille les vieux démons. Si ces vieux conflits communautaires ressurgissent, c'est parce que le projet national est en crise. Et que par des pratiques révolues, on a réussi à maintenir, à confiner sinon à renvoyer la société algérienne dans son archaïsme du passé.
Certains spécialistes disent qu'en dehors des grands centres urbains, la société est « structurée » en communautés, en tribus. Qu'en pensez-vous ?
L'échec du projet national et l'absence de projet de société font que la population, surtout dans les régions rurales, s'est tournée vers tout ce qui est communautaire, tribal et régional. Rien n'a été fait pour que la société évolue. Et lorsqu'on n'avance pas, on recule. Lorsqu'on n'évolue pas, on régresse. Ainsi, au lieu que la société s'organise autour de partis politiques, de syndicats, d'associations…, elle se trouve coincée dans de vieilles structurations d'ordre racial, ethnique, confessionnel… Les partis, pour diverses raisons, n'arrivent toujours pas à jouer leur rôle de régulateur dans la société. Ce qui s'applique aussi aux associations qui ne disposent d'aucune influence sur la société. Les conflits sont souvent réglés par les chefs de tribu qui gardent toujours leur influence au point qu'ils sont sollicités par les hommes politiques à l'approche des élections, tantôt pour parrainer leurs listes, tantôt pour soutenir leur candidature.
On utilise donc les tribus pour se maintenir au pouvoir ou pour y accéder…
Il y a une gestion politique des archaïsmes de la société qu'on ne peut pas ignorer. On manipule les « points faibles » pour en tirer des dividendes d'ordre politique. Il y a un appel incessant vers le communautarisme et le régionalisme. C'est ce qui explique le retour en force des notables sur la scène nationale. On voit aussi l'importance accordée aux zaouïas au plus haut niveau de l'Etat. Le fonctionnement de l'Etat tant au niveau national que local est de nature à renforcer cet état d'esprit communautaire et tribal.


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