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Le projet « engrais » de Guelma et les non-dits d'une option discutable
Publié dans El Watan le 20 - 04 - 2008

Des quotidiens nationaux, dont notamment L'Est Républicain et El Watan, ont récemment fait part de la réalisation imminente d'une « unité de fertilisants » à Bouchegouf, dans la wilaya de Guelma, sous la forme d'une « joint-venture » partenariale, apportant des milliers d'emplois à la clé.
Au-delà des euphémismes et du chiffrage émis, la question brûlante des pollutions et des risques exceptionnels attachés à cette industrie est totalement absente des présentations de presse ; ce malgré le sombre souvenir des nuisances durablement préjudiciables, à la santé des populations et de l'environnement, causées par le fameux complexe engrais de Annaba. Il faut savoir déjà que, de par le monde, l'industrie des engrais est considérée comme l'une des plus polluantes et, de ce fait, soumise à une des plus sévères réglementations. Actuellement, le recours même aux engrais industriels est remis en cause dans tous les débats relatifs au développement durable et de la préservation des biodiversités. Face aux risques prévisibles et aux dérives possibles, il est un devoir de prévenir des conséquences encourues et de leur étendue. Au vu des articles consultés, le projet consisterait principalement en la réalisation, dans un premier temps, d'une unité (ou atelier) de production d'acide phosphorique, intrant intermédiaire utilisé dans le complexe Asmidal-Annaba pour l'enrichissement des phosphates naturels en engrais super phosphatés. Il ne s'agira donc pas de production de fertilisants stricto sensu, mais d'un intrant intermédiaire ; d'ailleurs, lui-même obtenu par l'action d'un autre acide (sulfurique) dont l'origine n'est pas clairement identifiée. Il convient alors de rappeler que le complexe Asmidal-Annaba incluait à l'origine (1975) une telle unité de production d'acide phosphorique. Toutefois, la nature même des processus chimiques liés à la technologie choisie à l'époque par l'entreprise (Sonatrach), le faible encadrement scientifique et technique, l'organisation inappropriée de l'exploitation firent rapidement de cette unité l'une des plus gravement polluantes du pays ; tant pour la santé humaine que pour les écosystèmes environnants. Brièvement, notons que ces pollutions touchent à la fois les sols, les eaux et l'atmosphère et se présentent sous les aspects suivants :
accumulation de terrils de phosphogypse polyacide (sorte de plâtre sale) dans le paysage ; lessivage pluvial des principes corrosifs puis infiltration et ruissellement de surface ;
dégagement d'anhydrides acides dans l'atmosphère (sulfurique, phosphorique et fluorhydrique), puis dispersion et retombée des condensats en fonction des courants éoliens ;
dissipation calorifique dans les rejets de l'eau de mer utilisée pour le refroidissement des installations ; les réactions intervenant étant fortement exothermiques. Avec le temps, les effets pervers constatés, les alertes lancées par le corps médical et les services de l'agriculture, l'avènement d'une réglementation plus contraignante en matière de projets industriels dans les années 80, et enfin la mobilisation des associations de lutte contre la pollution parvinrent à sensibiliser les pouvoirs publics habilités. Des mises en demeure énergiques de l'autorité de wilaya placèrent le complexe dans l'obligation de se conformer à la réglementation en vigueur ou de stopper l'activité. Finalement, l'unité incriminée fut mise à l'arrêt dans les années 92/94 ; par la suite, Asmidal bénéficia d'un prêt de la Banque mondiale destiné à la mise à niveau des installations et au règlement des problèmes de pollution. L'appel d'offres international qui suivit portait sur « la réalisation d'un terminal maritime pour la réception de l'acide phosphorique » et indiquait par là l'option prise de substituer l'importation de l'intrant à sa production. En conséquence, et en toute logique, l'unité acide phosphorique du complexe serait actuellement remisée, sinon démantelée, depuis cette époque. Ce qui conduit à certaines remarques, questionnements et inquiétudes ; d'une part au regard des questions environnementales et de santé publique pendantes, et d'autre part au regard d'un procédé industriel par ailleurs désavoué mais à nouveau réhabilité pour la wilaya de Guelma, wilaya dont les potentialités agronomiques, cynégétiques et touristiques demeurent des atouts stratégiques précieux mais sensibles. Concernant le volet emplois « industriels », rappelons que la wilaya dispose d'unités et de complexes importants qui méritent une plus sérieuse attention pour d'éventuelles modernisation, revalorisation ou reconversion en partenariat : complexe cycles et motocycles ; complexe sucrier, unité levure de Bouchegouf. D'autres créneaux porteurs offrent des gisements d'emplois : agro-semence, transport ferroviaire, tourismes culturel et thermo-balnéaire, etc. Vu sous un autre angle, le projet annoncé ressemble à une solution de facilité, outrageusement coûteuse, consistant à transférer progressivement les activités polluantes du complexe actuel vers Bouchegouf, un site tellement fragile qu'il ne pourra jamais faire face aux impacts résultants. Les impératifs d'exploitation en révéleront rapidement les contraintes et les exigences qu'administrations et populations locales devront prendre en considération, notamment :
les besoins en eau du processus et les sources ;
les aires de stockage des minerais bruts et de décharge des résidus solides ;
le transport et la circulation des minerais à partir Djebel Onk (200 km) ;
l'accueil des compétences indispensables ;
les sécurités chimiques ;
les diverses infrastructures d'accompagnement. Il suffit de signaler pour l'exemple les problèmes posés actuellement par le transport du minerai de fer de l'Ouenza à El Hadjar (160 km). Il est réalisé, depuis plus de cinq années au moins, par une flotte de plusieurs dizaines de bennes semi-remorques (40 t), encombrant quotidiennement un tronçon routier montagneux en le soumettant à des dynamiques de charge destructrices, notamment aux points les plus sollicités (ponts, virages, descentes, traversées d'agglomérations). Cet état de fait, insupportable par l'infrastructure et les agglomérations traversées, en opposition avec la réglementation en vigueur relative au transport des pondéreux, en contradiction avec la rationalité économique élémentaire ou les impératifs de la sécurité routière plusieurs fois éprouvée par des accidents mortels, reste à prendre en considération par les pouvoirs publics. Cependant et a contrario, l'infrastructure ferroviaire existante, la seule spécialisée et électrifiée à cet effet, longtemps fierté des chemins de fer nationaux, se trouve progressivement délestée de ce transport et vouée à terme, sauf intervention de la part des plus hautes instances, au dépérissement inéluctable des installations et des équipements spécialisés, à la disparition définitive des savoir-faire ainsi qu'à la perte du peu d'emplois restants. Alors que l'un des articles fait déjà allusion aux obligations du Trésor public pour la prise en charge d'un dédoublement de la voie ferrée sur le seul tronçon nord (Bouchegouf-Annaba), il convient de préciser que la charge principale du trafic porte sur le tronçon sud (Souk Ahras-Bouchegouf), tronçon commun aux transferts des minerais de fer et de phosphates et qu'en réalité c'est tout le tronçon Tébessa-Souk Ahras-Annaba qui mériterait d'être rénové et doublé ; ce que justifient l'accroissement des trafics de marchandises pour la prochaine décennie, l'augmentation perceptible des mouvements suburbains et l'intégration accélérée des économies locales de l'arrière-port annabi. Ce qui précède montre bien que le projet considéré couvre des implications étendues dont les contours méritent d'être mieux cernés. De ce point de vue, les enseignements des expériences antérieures et le sérieux restent les ultimes recours. Espérerons que cette modeste contribution enrichira la réflexion relative à un développement efficient et au moins sans risque de répéter les erreurs du passé.


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