C'est connu, il est très facile de porter un hidjab mais à l'inverse, très difficile de le retirer une fois qu'on l'a mis, pour retrouver une tenue vestimentaire « normale ». L'irréversibilité des valeurs rétrogrades est un fait ; une société ou un individu peut s'engager dans un rétrécissement des mœurs, mais il est toujours difficile de faire le chemin inverse. Il est plus facile pour une fille de passer de la jupe courte au pantalon que du pantalon à la jupe courte. De la même façon, les hommes qui ont mis la barbe – idéologique – ont beaucoup de mal à la retirer une fois que la conviction d'une foi proportionnelle à la pilosité a disparu ou s'est affaiblie. On peut se laisser pousser la barbe mais la retirer est considéré comme de l'apostasie, de l'hypocrisie ou entrant dans le domaine du « tarak essalat », le pire des délits dans le code pénal. Même chose pour la moustache, la plupart des gouvernants qui la portaient épaisse, touffue et fournie dans les décennies précédentes, n'ont pas réussi à la retirer, n'ont fait que la tailler, la gardant au minimum de son expression, sachant que celui qui la retire est considéré comme un homme qui s'ampute volontairement de sa virilité. De Boumediène à Bouteflika, tout le monde a taillé sa moustache, mais ne l'a jamais enlevée. Tous ? Non, il y a un cas unique, Chadli Bendjedid, qui en le faisant, s'est attiré ricanements et insultes. Coïncidence, c'est lui qui a offert à sa société le peu de libertés qu'elle a aujourd'hui. Y a-t-il un rapport entre son ouverture et sa lame de rasoir ? A première vue, non. Dans une seconde lecture, si. Les moustaches sont comme les acquis démocratiques, on peut difficilement les enlever. Même si actuellement, tous les tailleurs et coiffeurs travaillent à tout remettre en cause. Barbe MSP et moustache FLN-RND, alliance présidentielle. La chimiothérapie, seule solution.
