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Des familles accusent l'Etat de ne pas les avoir protégées
Après les événements de Berriane (Ghardaïa)
Publié dans El Watan le 20 - 05 - 2008

Quelque 300 familles mozabites passent leur deuxième nuit dans la rue. Elles se sont installées à la sortie de la ville de Berriane, après avoir perdu leurs maisons qui ont été incendiées. Elles réclament une enquête sur les événements et le report des examens de fin d'année au mois de septembre. Mêmes revendications du côté des sinistrés de la communauté arabophone qui se sont regroupés au centre-ville pour exiger l'indemnisation des 190 familles.
Berriane. De notre envoyée spéciale
Les habitants de Berriane ont passé leur première nuit dans le calme depuis jeudi dernier. La route nationale séparant désormais les voisins rivaux, Mozabites et arabophones, est occupée par un impressionnant cordon de sécurité. De nombreux camions transportant meubles et affaires personnelles continuent de traverser la ville, sous la protection des policiers et gendarmes. En attendant l'enterrement de la deuxième victime, un homme âgé de 67 ans, prévu aujourd'hui, quelque 300 familles mozabites des quartiers arabes (Kef Hamouda, Haï Mada et Haï El Moudjahidine), dont les maisons ont été saccagées et brûlées, ont passé leur deuxième nuit dans la rue, à quelques kilomètres de la ville de Berriane, sur la route de Gourara, non loin d'une caserne militaire. A peine une dizaine de tentes collectées par les scouts et les médecins de la région sont dressées à même la chaussée pour abriter les femmes et les enfants, qui partagent un espace très réduit et vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Des drapeaux et une immense banderole sur laquelle on pouvait lire : « Du terrorisme des montagnes au terrorisme de la ville » sont hissés pour dénoncer la « passivité » des autorités face à cette tragédie. « Comment voulez-vous que nous restions au milieu de ceux qui brûlaient nos maisons et saccageaient nos biens ? Les services de sécurité ne voulaient pas intervenir. Ils ont laissé la situation pourrir et voilà où nous en sommes arrivés », déclare une femme en pleurs. Elles sont sept mères de famille avec une quinzaine d'enfants à se regrouper autour d'un repas de fortune. Parmi elles, la mère de Lasaker et l'épouse de la victime tombée, lors des premiers événements, il y a deux mois. « Mon fils aîné a tout fait pour qu'il n'y ait pas d'autres morts. Durant deux mois, nous avons tenté de rétablir les ponts avec nos voisins, mais des personnes étrangères sont venues provoquer la fitna. Aujourd'hui, nous sommes chassés de nos maisons. Beaucoup d'entre nous n'ont même pas eu le temps de prendre leurs papiers ou leurs affaires. Ils ont fui les mains sur la tête », explique Mme Lasaker. Pour toutes ces femmes, la tragédie a été provoquée par des gens étrangers à la ville de Berriane. « Des gens qui n'arrivaient pas à accepter la cohabitation entre les communautés. Ils ont monté un plan machiavélique en profitant de l'absence de l'Etat. Ils ont semé la peur et la terreur dans les quartiers, avant d'entamer les attaques contre les plus récalcitrants d'entre nous. Nos nombreuses plaintes contre les agressions physiques, morales et verbales sont restées sans suite, ce qui a encouragé les ennemis de notre région à passer à l'étape de la violence », explique le père Lasaker. Son cousin intervient brutalement dans la discussion et nous lance : « Si on arrive au point où les femmes mozabites sortent dans la rue, c'est que vraiment le couteau est arrivé à la gorge. Les autorités locales sont les premières responsables de cette situation et il n'est pas question maintenant de revenir dans nos quartiers. Nous voulons juste récupérer ce qui reste de nos biens sans prendre le risque de se faire agresser. » Vers 15h. Des camions déchargent des vivres, des matelas et des couvertures collectés par des privés. « Vous voyez, c'est la solidarité entre les familles qui nous permet de survivre. Tous les commerçants nous aident selon leurs moyens, mais nous ne voulons plus revenir dans les quartiers arabes et l'Etat qui a failli à sa mission d'assurer la protection des biens et des personnes est dans l'obligation de nous trouver des gîtes », lance un sexagénaire. Pendant des heures, et sous un soleil de plomb, les sinistrés ne cessent de raconter dans le détail les nuits cauchemardesques qu'ils ont passées. « Nous préférons la chaleur de l'été, les tempêtes de sable comme celle de dimanche et les affres de la rue que de retourner vivre dans un quartier plein de haine », déclare un père de famille, dont les 5 enfants tous en bas âge ont dormi deux nuits consécutives à la pleine lune avec leur mère avant que les tentes ne leur soient attribuées.
Les sinistrés du quartier Est réclament une indemnisation
Toutes ces familles réclament une commission d'enquête « pour faire la lumière » sur ce qui s'est passé et situer la responsabilité de chacun dans cette tragédie. Elles demandent que l'Etat recense tous les sinistrés, ouvre une enquête sur les circonstances et les auteurs de ces actes pour les traduire en justice, indemnise les victimes, reporte tous les examens de fin d'année au mois de septembre prochain et enfin dépêche une équipe de psychologues pour suivre les enfants traumatisés. Ce sont là, précisent nos interlocuteurs, les principales et urgentes mesures à prendre pour calmer les esprits des uns et des autres. Les mêmes revendications sont avancées par les sinistrés de l'autre camp, qui se sont regroupés au centre-ville, à la limite de la route nationale qui sépare les deux communautés. Encadrés par de nombreux policiers et gendarmes, eux aussi reprochent à l'Etat de ne pas les avoir protégés lorsque les Mozabites brûlaient leurs maisons et les ont chassés de leurs quartiers. Pour eux, la crise est purement religieuse. « Les ibadites n'ont jamais accepté les malékites. Ils ne nous considèrent pas comme des leurs. Ils nous ont de tout temps rejetés et veulent que nous partions de la ville. Or nous sommes de la région et nous ne partirons pas », déclare Boudi Slimane. Originaire de Béjaïa, cela fait 17 ans qu'il habite parmi les Mozabites. Maître Zerouk Baya abonde dans le même sens et affirme qu'elle était très respectée, du fait qu'elle enseignait la langue française aux femmes mozabites. « Ils m'ont sollicitée pour apprendre aux femmes la langue française et je n'aurais jamais imaginé qu'un jour je pouvais être chassée de ma maison. Je n'ai eu que le temps de prendre la fuite, lorsqu'ils ont mis le feu à ma demeure. Comment voulez-vous qu'aujourd'hui je puisse reprendre une vie normale parmi eux ? », s'exclame cette femme, d'une cinquantaine d'années. Ferhala Mohamed, Belamri Abdelkader et tant d'autres sont résolus à ne pas réintégrer leurs domiciles situés dans les quartiers ouest et exigent des autorités une indemnisation, parce que, disent-ils, elles sont responsables de cette situation. « Les services de sécurité ont de tout temps été du côté des Mozabites. Ils n'ont jamais voulu assurer la sécurité et imposer l'autorité de l'Etat dans les quartiers. Aujourd'hui, nous sommes arrivés à un point de non retour. Nous sommes des citoyens de cette région et nous refusons de partir », lance un autre citoyen, avant que la discussion ne tourne au vinaigre entre nous. Les sinistrés deviennent virulents, lorsque nous leur avons expliqué que nous ne pouvons être les avocats des uns ou des autres. Ils versent alors dans des propos virulents, nous menaçant de ne plus nous autoriser à entrer dans leurs quartiers. Enfin, du côté des autorités locales, une cellule de crise installée par le wali, samedi, tenait sa réunion hier, dont l'ordre du jour a été consacré à la prise en charge de tous les sinistrés. Il est question de les recenser et de les loger et d'indemniser les commerçants. Néanmoins, il reste à régler un épineux problème, celui de faire accepter aux deux communautés le principe de cohabiter, comme cela a été le cas auparavant. Parce que, faut-il le préciser, les deux refusent catégoriquement de reprendre vie ensemble. Pourtant, Mozabites et arabophones reconnaissent qu'il n'y a aucun différend qui les oppose. C'est en fait la défaillance des institutions de l'Etat, chargées de la protection des biens et des personnes ainsi que du respect de la vie en communauté qui a fait que la haine s'installe progressivement. Les autorités ont très mal géré, pour ne pas dire laisser perdurer les provocations des uns et des autres, pour finir par provoquer l'effet boule de neige. Si un calme précaire règne sur la ville de Berriane, c'est uniquement parce que les services de sécurité ont assiégé les deux quartiers pour séparer les voisins rivaux. Mais jusqu'à quand ? Ni les uns ni les autres n'ont pu donner de réponse.


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