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Illoula Barhai Kidani (Du journal Soudan Vision)
« Les Djandjawid sont des gangs armés de plusieurs tribus »
Publié dans El Watan le 15 - 12 - 2004

Avec une carrière de plus de vingt ans dans la presse, Illoula Barhai Kidani est rédacteur en chef-adjoint au journal Soudan Vision. Il a fait près d'une cinquantaine de reportages sur le Darfour, où il a séjourné au moins une vingtaine de fois depuis le début du conflit. Dans cet entretien qu'il nous a accordé, il revient sur cette crise qui a fait des centaines de milliers de morts et plus d'un million de déplacés.
Comment la situation a-t-elle dégénéré au Darfour ?
C'est une situation inextricable avec des implications politiques, sociales, économiques et environnementales. A l'origine, cette situation a été la conséquence de la misère et du sous-développement. La sécheresse qui a frappé l'Afrique ces dernières années a grandement contribué à la raréfaction des ressources naturelles. Ce qui a engendré une lutte entre les bergers et les agriculteurs. Parallèlement, au moment où le nombre de la population et du bétail augmentait considérablement, les ressources vitales, notamment l'eau, baissaient. Politiquement, les origines remontent à l'époque du régime Djaâffar Numeri lorsque ce dernier a dissous l'administration civile, sans pour autant proposer une alternative. Il réglait les conflits tribaux avec des moyens traditionnels et souvent cela se faisait loin du règlement pacifique conventionnel. En même temps, la guerre au Tchad a engendré un exode massif de la population vers le Soudan, suivi d'une vaste prolifération d'armes, notamment celles subtilisées à l'armée libyenne. C'est pour vous dire que le conflit au Darfour n'est pas de type traditionnel avec des sabres ou des épées comme certains veulent bien le faire croire. La prolifération de kalachnikovs dans cette région a atteint un stade effrayant. La solution bien sûr ne peut être que politique. Actuellement, elle est étudiée à Abuja. Pour ce qui est de l'intervention humanitaire, jusqu'à maintenant, elle reste en deçà de la demande. A ce jour, il existe encore des problèmes d'ordre organisationnel. Chacune des deux parties, gouvernement et rebelles, accuse l'autre de poursuivre les attaques contre les civils.
Est-ce que le gouvernement est incapable de mettre un terme à ces tueries et de contrôler la situation ?
C'est très difficile. La superficie du Darfour équivaut à celle de la France et les forces gouvernementales ont du mal à contrôler la région.
Certains affirment que c'est le gouvernement qui a armé ces milices...
Pour certaines oui, c'est le gouvernement qui les a armées. Mais, il y a plusieurs autres parties impliquées dans la violence. Il est important de rappeler que le mouvement des Djandjaouid n'est pas nouveau au Darfour. Il est lié au banditisme armé. Il n'a pas de lien avec une quelconque tribu, mais plutôt avec les attaques de bandes armées. Djandjaouid renvoie à une histoire qui a eu lieu il y a très longtemps à propos d'un groupe armé composé de repris de justice spécialisés dans les vols, le racket, les assassinats et les viols. Cette appellation de Djandjaouid a continué à être utilisée au Darfour pour désigner des bandes armées qui pratiquent le gangstérisme. Par ignorance de la situation ou par volonté de laisser perdurer le conflit, certains journaux de la presse arabe sont allés jusqu'à affirmer que les ONG humanitaires qui ont intervenu au Darfour ont été sur les lieux dans le but d'évangéliser la population. Le Darfour est une région musulmane et il n'existe pas de population chrétienne. Ils ont voulu faire croire à l'opinion publique qu'au Darfour il ne s'agit pas de crise humanitaire mais plutôt d'un conflit entre les Arabes et les Africains. Pour eux, c'est l'identité arabe qui est visée. Contrairement aux médias occidentaux, la presse arabe a malheureusement très mal couvert cette crise qui a causé l'exode entre 150 000 et 200 000 personnes vers le Tchad sur un total de 2 millions de déplacés vers d'autres pays frontaliers. Il faut dire que même au Soudan, la presse a été très timide au tout début du conflit. Certains journaux ont été suspendus par le gouvernement parce qu'ils ont fait état des tueries, notamment des viols et des sévices sexuels commis à l'égard des femmes. Le gouvernement a accusé ces journaux d'avoir terni l'image du Soudan et d'avoir attisé le feu de la « fitna » dans un pays islamique. Les conflits tribaux et les questions de familles restent encore des tabous chez nous. La population du Darfour est entièrement musulmane et très attachée à sa religion. Il ne s'agit pas d'une guerre religieuse. Elle est d'origine politicosocioéconomique et environnementale. Le sous-développement a davantage accentué ce conflit armé.
Comment voyez-vous la solution ?
Elle ne peut être que politicoéconomique. Il faut tout d'abord engager le dialogue pour installer une paix durable et lancer rapidement les projets de développement afin de sédentariser la population. Il est important que les agriculteurs et les bergers puissent avoir accès à l'eau, et permettre le retour des personnes déplacées. Il faut dire que les projets économiques vont prendre du temps, mais en attendant il est urgent de trouver un accord de paix, pour arrêter la violence au Darfour parce que tant que les tueries se poursuivent, les civils refuseront de retourner chez eux. Il est important de sécuriser le Darfour et puis de trouver les moyens financiers pour aider les habitants à avoir accès à l'eau. Les négociations actuellement en cours à Abuja entre le gouvernement et les deux mouvements rebelles devraient aboutir sur un accord de paix, base sur laquelle devront être lancés rapidement les projets économiques destinés à cette région, comme par exemple celui présenté par la Hollande, appelé « Initiative de l'amitié avec le Darfour », d'un montant de 200 millions de dollars et soutenu par l'Union européenne.
Pensez-vous que les forces dépêchées par l'Union africaine sont suffisantes pour maintenir la paix au Darfour ?
Il est vrai que le nombre reste insuffisant par rapport à l'étendue de la région. Néanmoins, il est question de renforcer les contingents déjà sur place dans les tout prochains jours. La question est de savoir si effectivement l'Union africaine trouvera les moyens pour envoyer d'autres troupes sur les lieux. Il est important de renforcer cette présence afin de donner aux populations le sentiment de sécurité dont elles ont besoin pour revenir chez elles.


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