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« Ce n'est pas tout de bâtir, il faut penser l'économie de la culture »
Zouaoui Benhammadi. Directeur de l'Agence nationale de gestion et de réalisation deses grands projets culturels
Publié dans El Watan le 20 - 07 - 2008

Une bibliothèque arabo-sud-américaine, le mélange des genres est pour le moins surprenant.
Soustraite du contexte de sa germination, l'idée peut paraître singulière, quoique originale. Mais il faut savoir qu'au départ, la création d'une bibliothèque arabo-sud- américaine est née de l'esprit du sommet qui a réuni les chefs d'Etat sud-américains avec leurs homologues des pays arabes à Brasilia, il y a déjà un peu plus de trois ans. Pour rappel, ce sommet coprésidé par le Brésil et l'Algérie a regroupé les 22 pays arabes et les 12 d'Amérique du Sud, du 10 au 12 mai 2005. Attention, nous ne parlons pas de l'Amérique latine mais du sous-continent sud-américain. Les responsables au plus haut niveau de ces deux ensembles, qui occupent deux sphères géoculturelles importantes du monde, avaient décidé, au-delà du redéploiement des relations économiques et commerciales, d'aller plus loin dans la découverte des uns et des autres en s'ouvrant aux cultures réciproques. Quoi de plus symbolique mais aussi d'impérissable que le livre pour mieux se connaître et s'apprécier ? Il apparaissait naturel pour tous de commencer par une bibliothèque qui recèlerait et rassemblerait le génie littéraire des deux civilisations et des deux cultures.
Comment le choix s'est-il porté sur Alger ?
Pour tout le monde, il coulait de source que la ville arabe qui devait accueillir la bibliothèque, était Alep. Pourquoi Alep me diriez-vous ?Pour la simple raison que beaucoup d'émigrants vers l'Amérique du Sud, lors des grandes vagues de la deuxième moitié du XIXe et du début du XXe siècle, sont parties de cette région de Syrie ou, je dirai, pour mieux nous situer dans le temps, de l'Empire ottoman. D'ailleurs, on désigne encore par raccourci ces immigrants du terme, évidemment impropre puisqu'ils ne le sont pas, de Turcs. Si Alger l'a finalement emporté, c'est que le président Bouteflika y a habilement mis tout le poids de l'Algérie pour que notre capitale puisse accueillir cette institution internationale.
Comment est née l'agence des grands travaux culturels ?
L'étude du projet, sa spécificité, les choix architecturaux et le suivi de la réalisation, nécessitaient logiquement la création d'une structure susceptible de prendre en charge les travaux, depuis les croquis conceptuels jusqu'à la livraison. A ce stade de la réflexion, le gouvernement décide d'inclure la bibliothèque arabo-sud-américaine dans un programme de constructions plus vaste qui intègre d'autres réalisations, toujours au bénéfice du secteur de la culture. Et c'est comme ça que, de fil en aiguille, à été formaté le décret portant création de l'Agence nationale de gestion et de réalisation des grands projets culturels (ANGRGPC) dont la direction m'a été confiée et le siège provisoire fixé ici à la villa Pouillon.
Quelles sont les autres réalisations programmées ?
Une feuille de route a été établie. Il s'agit, outre la bibliothèque arabo-sud-américaine, d'un Centre d'études et de recherche en archéologie arabe (CERAA). Le troisième projet consiste en une grande salle de spectacles d'une capacité d'environ 12 000 places dont les études sont également largement entamées. Jusqu'à présent, pour les grands concerts et autres manifestations d'importance, les organisateurs recouraient généralement à des salles de sport, que ce soit la Coupole du complexe Mohamed Boudiaf ou alors, plus rarement, la salle Harcha. Il faut dire qu'elles n'étaient pas conçues pour ce type d'activités, ne serait-ce que du point de vue acoustique. Cette salle sera construite à Ouled Fayet. Je reviens à la bibliothèque pour préciser qu'elle sera implantée à Zéralda sur la route de Mahelma, où cinq hectares lui ont été attribués. Y sont prévues aussi des résidences d'accueil pour poètes, philosophes, créateurs, écrivains linguistes, etc. qui viendront indifféremment du Monde arabe ou d'Amérique du Sud et qui y trouveront toutes les commodités durant leur séjour de création.
Une espèce de villa Médicis…
Exactement ! La bibliothèque sera gérée par un organisme arabo-sud-américain. Par ailleurs, on devine aisément l'importance du Centre d'études et de recherche en archéologie, ne serait-ce qu'au regard des incommensurables richesses que renferme le Monde arabe. Je ne serai pas loin de la vérité si je disais que c'est aujourd'hui, probablement, la partie du monde la plus riche en vestiges historiques. Et pour que des pays comme l'Egypte ou l'Irak, qui recèlent à eux seuls l'essentiel des trésors de l'origine des civilisations humaines, approuvent que ce centre soit abrité par Alger, il y a de quoi se féliciter en espérant que cela va dynamiser la recherche et la culture de l'archéologie dans notre pays dont les richesses ne sont pas négligeables et qui sont encore enfouies. Ce centre va être édifié à Sidi Abdallah. Toujours parmi ces grands projets qui enrichissent le patrimoine culturel urbain, il faut compter l'Opéra d'Alger qui sera élevé du côté de la rue des Fusillés du 17 mai 1957, où la cour de justice d'Alger a déjà été construite et où il est prévu également, l'installation des bâtiments devant abriter les sièges du Parlement, c'est-à-dire l'APN et le Conseil de la nation. Juste après, nous attendons, d'ailleurs, le feu vert qui doit parvenir ces jours-ci, nous avons songé à un complexe de divertissements culturels à Tizi Ouzou. Cet ensemble combinerait une vaste salle de spectacles et plusieurs cinémas modulables pour leur donner des dimensions qui varient en fonction de l'importance de l'événement. Nous avons enfin, en ligne de mire la capitale de la culture islamique 2012. Le choix a été porté sur Tlemcen. Ses structures existantes ne sont pas de nature à recevoir une manifestation internationale d'une telle importance et à en assurer le succès. Nous réfléchissons donc à cette perspective. Voilà nos projets. Ils sont identifiés. Les études ont été faites pour certains, les terrains d'assiette sont disponibles et ont été dégagés.
Pour cela, il faut de l'argent et ce n'est pas au journaliste que vous êtes que je vais dire que l'argent n'est pas tout.
ça tombe sous le sens. Souvenez-vous, il y a eu Alger, capitale de la culture arabe 2007, honnêtement, beaucoup de choses ont été accomplies, et dans le domaine du durable. Cela a permis au secteur de sortir la tête de l'eau. Prenons l'édition, les crédits qui ont été consentis ont favorisé l'activité, encouragé un grand nombre de jeunes et fait éclore de nouveaux talents littéraires. Plus de 1000 titres sont tombés des imprimeries. C'est une première en Algérie. Le fait que le budget ait été reconduit pour 2008 est louable car cela engage une dynamique, cela structure et assoit le secteur, tout en le consolidant. L'argent n'est pas tout, c'est vrai, mais il demeure quoiqu'on puisse dire - pour reprendre un lieu commun - le nerf de la guerre. Il permet de se doter des structures essentielles et indispensables pour la promotion d'une politique de la production culturelle. Et c'est le second point sur lequel je voulais insister et qui me semble important : c'est la première fois que le ministère de la Culture se dote d'un outil de réalisation. Nous avions besoin de cet outil, aussi avons-nous créé une Epic pour disposer de la flexibilité suffisante afin de recevoir et gérer les fonds publics qui lui seront confiés. Je voudrais insister sur cet aspect outil, car c'est la première fois que ça arrive. La culture ne tombe pas du ciel. Il faut créer une économie de la culture. Je veux dire en cela fabriquer les instruments et réunir les conditions qui produisent de la culture.
Cela a ses contraintes, il ne s'agit pas seulement de concevoir un instrument, de le fabriquer, mais aussi de se projeter dans son utilisation.
Nous travaillons sur le contenant, à savoir l'architecture et la fonctionnalité des bâtiments, mais nous réfléchissons en même temps aux activités qui vont y être développées. Nous ne voulons pas livrer des murs mais délivrer des réalisations en état de fonctionnement. Dès que le projet est terminé, les équipes en charge de lui donner vie, entrent en action, avec une stratégie déjà réfléchie et élaborée. Et pour ce faire, nous nous entourons de tout ce que nous pouvons avoir de meilleur comme architectes, bien sûr, gestionnaires et surtout financiers, je dis surtout parce que, à mon sens, dans le secteur culturel, plus que dans tous les autres, la transparence est le garant du succès. Tout crédit est ruiné à la moindre défaillance et dans sa chute il entraîne tout le projet et tous les autres à venir. Il n'y a pas de place pour la magouille.
Quels sont les garants de la réussite ?
Il faut les réunir, et pour cela on ne passe pas par trente-six chemins. Il est impératif de recourir aux professionnels tant en amont qu'en aval. Des bibliothéconomistes, des bibliothécaires, des conservateurs, des commissaires d'expositions, des managers, des organisateurs de spectacles, des exploitants de salles, des faiseurs d'événements, des animateurs…chacun doit être le meilleur à l'échelon où il est situé. Il s'agit aussi d'associer, autant que faire se peut, dans ces grandes réalisations nationales, les collectivités locales. Parce que celles-ci créent l'environnement propice au succès de l'entreprise. On ne peut pas décider d'implanter un complexe culturel à Tizi Ouzou sans se tenir compte de la nature des besoins des gens de Tizi Ouzou. Les édiles, les élus, les associations et ONG doivent, tous être associés au projet et se sentir investis. Nous ne pouvons pas décider de construire un édifice à Tlemcen si les gens de Tlemcen ne se sentent pas concernés. Donc, il y a un appel direct, sincère et continu et un retour vers la collectivité locale pour que les racines de la culture prennent, pour ne pas créer quelque chose d'excentré par rapport à l'intérêt des citoyens.
Revenons à l'argent, qui assure le financement de ces grands projets ?
Le financement est à cent pour cent un financement sur concours définitif de l'Etat. Y compris la bibliothèque et le Centre d'études et de recherches en archéologie, l'Algérie a décidé de les réaliser. Ce qui importe ce n'est pas le concours financier de tel ou tel autre pays d'Amérique du Sud ou du Monde arabe, mais leur apport en valeur culture. Deuxièmement, nous voulons construire des édifices qui soient algériens et qui soient propriété de l'Algérie. Par exemple, pour le fonctionnement de la bibliothèque arabo-sud-américaine, il est prévu une gestion commune, avec un conseil d'administration mixte et un encadrement composite, plurinational si on peut dire, comme du reste tous les grands organismes internationaux. C'est une œuvre de longue haleine, un travail de plusieurs générations. Ce n'est pas une opération ponctuelle. C'est un programme ambitieux qui nécessitera des investissements à la mesure de ce que tout le monde attend.
Du point de vue de l'architecture, vous pensez à des concours internationaux ou alors …
Cela se fera bien évidemment par voie de concours internationaux. Pour la bibliothèque, par exemple, nous avons reçu, avec beaucoup de sympathie et d'enthousiasme, l'offre d'Oscar Niemeyer, désireux de nous dessiner cet ensemble. Un concours d'idées a déjà été lancé. Pour chaque projet nous lançons un avis d'appel d'offres d'idées. Ainsi en a-t-il été aussi pour l'Opéra d'Alger, il faut souligner que nous mettons à contribution tout ce qui existe chez nous en matière de conception. Il y a ensuite un jury qui débat, étudie, et soumet ses conclusions. Une fois que la configuration est arrêtée nous passons à ce moment là à la réalisation.
Dans un pays qui ne dispose pas d'un musée de l'histoire nationale, dans un pays où l'on utilise des sarcophages pour faire des baignoires pour des villas à quatre sous, une Algérie où le béton est utilisé comme un fertilisant, n'est-il pas prétentieux de créer un Centre d'études et de recherches en archéologie arabe ?
Cela peut être le début de quelque chose. Comme je le disais précédemment, sensibiliser les gens à une culture de l'archéologie. Et puis, actuellement, savez-vous qu'il y a plus de pièces de musée dans les caves qu'il y en a d'exposées ? Les réserves sont impressionnantes. A partir de quelques centaines de fragments, dans des pays comme l'Egypte, on ouvre un musée. Nous possédons des dizaines de milliers de pièces qui dorment dans des caves. Ce n'est que récemment que le ministère de la Culture a entamé, avec beaucoup de difficultés exogènes, le recensement de ces trésors. Nous n'avons pas encore d'inventaire. Et le manque d'inventaire ouvre la voie au trafic, favorise l'activité des mafias. Pour la première fois, on forme des gendarmes et des douaniers dans le domaine de l'archéologie. Regardez ce qui a été fait avec le Musée d'art moderne d'Alger (MAMA). Il a été retiré de la vocation de négoce pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. Il est perfectible certes, mais il existe. Tant qu'il était fermé, personne d'autre que les gens qui le convoitaient pour une bouchée de pain, ne le regardait.
Le Bon Marché, à côté, est fermé aussi. Qui en parle ?
Est-ce qu'on ne peut pas rêver de faire un centre-ville historique avec le Bastion 23, le TNA, l'Amirauté, Ketchaoua, La Casbah, le centre dédié à l'histoire que la wilaya est en train d'édifier à la rue Ben M'Hidi, la Cinémathèque, la Galerie Racim, l'Université Ben Khedda, le retour vers Zighout Youcef, ce splendide boulevard…avec toutes ces raretés architecturales de la rue Abane Ramdane, de la rue Tanger, Boumendjel, Asselah Hocine… Ne peut-on pas rêver un jour mettre de l'ordre dans tout cela, laver ces murs, leur rendre leur éclat, pour en faire un magnifique cœur historique et culturel d'Alger ?


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