Photo : Slimene S.A. Si la hausse des salaires fait le bonheur des travailleurs qui espèrent améliorer leur pouvoir d'achat, ce n'est pas le cas des entreprises algériennes, celles notamment qui ne jouissent pas d'une importante capacité de productivité. «Il faut savoir qu'il s'agit d'une augmentation faramineuse, du jamais vu dans les autres pays du monde», estime Salah Mouhoubi, économiste et spécialiste dans l'entreprise algérienne. La hausse des salaires, fait-il savoir, doit être indexée sur le taux de l'inflation et le niveau de la productivité. «Pour la fixation d'une augmentation de salaires, l'équilibre entre ces deux facteurs est nécessaire. Or, la hausse des salaires, telle qu'annoncée, est plus basée sur le taux d'inflation que sur le niveau de la productivité. Ce qui met en péril l'avenir et la pérennité de l'entreprise algérienne, qu'elle soit publique ou privée. Car il ne faut pas oublier que la hausse des salaires est généralisée au niveau de tous les secteurs », explique-t-il. En effet, cette hausse, souligne-t-il, ne tient pas compte de la capacité économique de l'entreprise algérienne. Ce qui signifie, explique-t-il, que les entreprises à faible capacité auront du mal à faire face aux augmentations. «En conséquence, ces entreprises vont soit régresser en réduisant leur productivité, soit fermer», avertit-il. Par ailleurs, l'augmentation des salaires pourra également porter préjudice, ajoute-t-il, aux entreprises qui sont en difficulté financière. «Ces dernières sont confrontées à un vrai dilemme : les dettes d'un côté qu'elles ont du mal à éponger et d'un autre côté, l'augmentation des salaires qu'elles sont obligées d'honorer. La situation de ces entreprises s'en trouve davantage aggravée. Sauf pour celles que l'Etat a décidé de soutenir financièrement pour leur mise à niveau. L'Etat compte, en effet, dégager 333 milliards de dinars pour quatorze entreprises publiques et privées, dont la SNVI qui à elle seule a besoin de 65 milliards de dinars», souligne-t-il. Comme solution à ce problème, M. Mouhoubi appelle à ce que l'Algérie réfléchisse et adopte une véritable politique salariale ainsi qu'une stratégie pour la régulation du niveau du SNMG. «Les hausses des salaires ne doivent pas, en outre, être généralisées. Elles doivent faire l'objet de négociation entre les entreprises et les syndicats», précise-t-il.