Ceux qui ont qualifié les rédacteurs et techniciens de l'ENTV de « soldats de l'ombre » n'ont pas tort. Car derrière la façade paisible et tranquille de nos écrans, c'est la bataille ! Bien organisée, cela dit ! Une bataille contre le temps. Ici, chaque seconde compte. Les JT ne pardonnent pas, ne tolèrent aucun retard, aucun écart dans le timing. C'est la course contre la montre. A l'intérieur de l'édifice comme à l'extérieur, les gens sont pressés, courent dans tous les sens. Les couloirs sont submergés, la rédaction et les studios sont surpeuplés. D'autant que les travailleurs de l'ENTV doivent être présents sur les deux fronts : le direct et les JT. « Tous les journalistes, les rédacteurs en chef et leurs adjoints sont mobilisés à l'occasion des élections. Une trentaine de journalistes ont été envoyés un peu partout à travers le territoire national pour couvrir l'événement, sans oublier ceux affectés dans les différentes régions de la capitale et ceux restés au siège de l'ENTV pour s'occuper du montage des envois de leurs collègues qui ne disposent pas de points d'injection », explique Nacima Belkessa, l'une des responsables du service reportage. A la rédaction donc, tandis que leurs collègues sont sur le terrain, les journalistes guettent la matière avant de se précipiter vers les cellules de montage. Tout doit être prêt pour le JT de 13h. Pendant ce temps, la rédactrice en chef et ses adjointes visionnent les envois avant de les envoyer au service de coordination pour une vérification technique et la fixation du timing de chaque sujet. « Le timing est très important si nous ne voulons pas tomber sur de faux plans ! », indique la rédactrice en chef adjointe. Jusque-là, le travail se fait paisiblement. Mais au fur et à mesure que l'heure du JT de 13h approche, c'est l'agitation. A 12h, la rédactrice en chef commence à montrer des signes de nervosité. « Je n'ai encore rien de concret », se plaint-t-elle en étudiant, pour la centième fois peut-être, la feuille de route de tous les sujets qui doivent passer au JT d'une façon chronologique. A 12h30, la tension se lit sur tous les visages. Les envois ne sont pas encore tous arrivés et les journalistes travaillent encore la matière brute, qui arrive au fur et à mesure. A 12h45, le coordinateur chargé du visionnage des envois suggère à la rédactrice en chef, Fatiha Djaider, de modifier la feuille de route ou plutôt de refaire la chronologie de certains sujets. « Nous ne pouvons pas tout prévoir à l'avance. Il arrive que certains sujets ne soient pas prêts à l'heure, nous commençons donc par ceux qui sont déjà ficelés », explique Mme Djaider. Cinq minutes plus tard, les bras chargés d'enregistrements, les responsables de la rédaction descendent dans le studio. Dans la régie, la scripte est déjà en place tandis que la présentatrice, Karima Maidi, prend place dans le studio, face aux caméras. UN PAROXYSME NOMME JT L'effervescence qui y règne est loin de calmer les nerfs. Au contraire, la tension monte chaque minute, atteignant son paroxysme à quelques secondes seulement du lancement du JT. Les ordres fusent de partout et tout le monde semble avoir des choses à dire... en même temps. La présentatrice est la seule qui offre une image sereine. Il faut dire que dans le studio, elle est bien à l'abri... ou presque. Car une fois le JT lancé, la pression qui circule dans la régie lui parvient via un petit micro relié au studio et par le biais duquel elle reçoit des instructions de dernière minute. « Il est tout à fait normal d'avoir le trac tout au long du JT, mais quand en plus de cela, il y a des changements de dernière minute, il devient très difficile de gérer. Dans ce cas-là, il faut des nerfs d'acier, de l'expérience et un don du ciel », confie-t-elle. Les envois continuent à affluer à la régie. La feuille de route ne cesse d'être modifiée, mais grâce à une bonne coordination, le JT se déroule le plus normalement du monde et s'achève au milieu d'un soupir de soulagement. La même effervescence semble contaminer les autres studios, quoique avec moins d'intensité. Au studio n°1, notamment où la diffusion est en direct. Tout le monde semble habité par cette pression qui n'arrive pas, cependant, à cacher la passion que les travailleurs ont pour leur travail. Le directeur de l'information, Lotfi Chriat, semble stoïque. D'un pas tranquille, il se balade entre les services, n'intervient que très rarement et d'une façon très sereine. « C'est simple. J'ai confiance en mes équipes. Je sais de quoi elles sont capables », assure-t-il. C'est ainsi que la première brigade ayant assuré le JT de 13h se retire pour céder la place à une autre équipe, pour les prochains JT et... rebelote !