Naïma Ababsa, l'auteure du célèbre tube à succès « Libaghi yaksi martou », a relaté, à travers son passage à la télévision algérienne, la contribution d'Abdelkrim Dali à la préservation et à l'enrichissement d'un art ancestral participant même à son « algérianisation » linguistique à travers des poésies et des mélodies ayant fait son succès comme « Rihla hidjazia ». « C'est un monument de la musique hawzi. Il a été formé par de grands cheikhs reconnus dans l'histoire musicale de notre pays. Il est important de savoir que Cheikh Abdelkrim Dali était un génie. Il a eu le sens de la musique dès son jeune âge, il jouait d'ailleurs à dix ans à la percussion. Il était rigoureux, il connaissait et maîtrisait par cœur le répertoire musical de notre patrimoine ». « Ce clin d'œil, a ajouté Mme Ababsa, donne également le ton à d'autres initiatives visant à perpétuer le travail de Abdelkrim Dali et à encourager les jeunes artistes à s'en inspirer et à prendre exemple sur sa persévérance et son souci de répondre aux attentes du public en lui offrant un produit de qualité, nourri essentiellement du quotidien de la société. » Elle poursuit : « Ce cheikh appartient à cette génération d'artistes algériens qui ont façonné la culture algérienne contemporaine. » Cheikh Abdelkrim Dali est né à Tlemcen en 1914 dans une famille de mélomanes. Il s'intéresse très jeune à la musique, et son talent a été découvert par cheikh Omar Bekhchi. Au cours de son long parcours musical, cheikh Abdelkrim Dali a côtoyé les grands maîtres de la musique andalouse et hawzi de Tlemcen, en l'occurrence Abdesslam Bensari, frère de Larbi Bensari, Bendali Yahia, cheikh Boudalfa, Cheikha Tetma et autres grands chantres qui représentaient l'école tlemcénienne de la musique classique algérienne. Cheikh Abdelkrim Dali, qui jouait de plusieurs instruments dont le luth et le violon, s'installe dès les années 1940 à Alger. Après l'indépendance, il se consacre à la composition de chants patriotiques et religieux et participe à plusieurs semaines culturelles à l'étranger. En 1976, deux ans avant sa mort (1978) cheikh Abdelkrim Dali accomplit le pèlerinage aux Lieux Saints de l'Islam, et à son retour il compose un grand poème symphonique intitulé « Rihla Hidjazia » qui est, avec sa fameuse chanson sur l'Aïd El Adha, le couronnement de plusieurs années de musique et de labeur et où l'on retrouve tout son savoir et son talent musical.