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Mahmoud Guettat, Ethnomusicologue et professeur à l'Université de Tunis : «La musique dite andalouse est d'abord maghrébine»
Publié dans Horizons le 05 - 10 - 2010

Photo : Fouad S. Grande figure de la musicologie maghrébine, éminent spécialiste de la musique arabo andalouse, maghrébin bon teint, et aux titres et aux publications multiples, le professeur Mahmoud Guettat dresse un bilan d'une rigoureuse précision, de l'état délétère dans lequel patauge, ce qu'il l'appelle «La musique classique maghrébine» otage, clame-t-il haut et fort, d'un contexte historique, politique, culturel qui n'a pas joué en faveur de son épanouissement. En marge des journées d'études sur le patrimoine culturel immatériel, organisées à Alger, dimanche et lundi derniers, par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, l'universitaire tunisien a bien voulu répondre à nos questions. Décryptage.
Vous appelez à la démystification des origines de la musique andalouse, pourtant connues de tous. Quels sont vos arguments ?
J'ai toujours affirmé que le mot musique classique est entièrement approprié à notre musique dite «andalouse», qui reste, à mes yeux, avant tout, une musique maghrébine. Dans le sens où cette désignation revendique une histoire, une théorie, une référence écrite. Une musique qu'on peut enseigner, qu'on peut également concrétiser par une histoire, par une théorie et par des manuscrits et autres documents historiquement prouvés.
C'est pourquoi, j'appelle à la démystification du terme andalou, très courant dans les pays du Maghreb. Comme si cette région ne possède pas sa propre musique. Autrement dit, on ne vivrait que d'un héritage andalou. En tout cas, ça reste une musique éminemment maghrébine, du fait que le Maghreb a été établi bien avant l'Andalousie. Sans parler du rôle fondamental joué par les Maghrébins dans la création de celle-ci. Je parle, évidemment, ici des armées de Tarek Ibn Zyad, constituées à 90% de soldats maghrébins. Donc, raisons, parmi tant d'autre, qui me poussent à dire que l'école andalouse s'est bâtie sur les fondements et les savoir-faire maghrébins.
Autrement dit, le «mythe» de Ziryab n'a pas lieu d'être…
Je crois qu'on a constitué autour de Ziryab un imaginaire assez diffus. Il est vrai que le bonhomme mérite tous les honneurs, mais cela ne devrait pas se faire au détriment de la vérité.
Il faut savoir que même Ziryab a puisé dans le répertoire maghrébin qu'il avait acquis au cours de son long séjour, dans la ville de Kairouan. Répertoire qu'il a d'ailleurs mis à profit à son arrivée en Andalousie, donnant, ainsi, le départ à son école fondée à la fois sur celle de Baghdad et celle de Maghreb. Pour autant, il est tort de passer outre, un certain Ibn Badja qui, lui, a joué un rôle plus important dans le développement de la musique andalou-maghrébine. Celui-ci dont la venue après Ziryab fut un tournant décisif dans l'évolution de la musique dite andalouse, que ce soit par la rénovation de la nouba, l'introduction du mouachah, les techniques de composition, d'interprétation…c'était à la fois un très grand musicien, un joueur de luth exceptionnel, mais aussi un poète extrêmement doué dont certains textes sont interprétés jusqu'à ce jour.
Pour en finir avec cette «mystification» qui a pris cette musique en otage, vous plaidez pour une approche académique…
Là, vous touchez, je dirai, à la nature humaine qui refuse de s'approcher de la vérité. Tout ce que je vous explique ici, je l'ai écrit dans un ouvrage paru en 1982, «La Musique classique du Maghreb», que j'ai, par la suite, enrichi et en fait, récemment, un autre ouvrage : Musique arabo-andalouse, l'empreinte du Maghreb, où je plaide pour la nécessaire démystification qui a pris en otage cette musique magrébine. Malheureusement, de nos jours, même convaincus de l'approche pour laquelle j'ai toujours milité, de nombreux confrères s'accrochent à l'imaginaire, et Dieu sait que la vérité y a été bel et bien établie. On a du mal à sortir du carcan de la nostalgie et de l'habitude.
Sur ce, comment appréciez-vous la situation actuelle de la musique classique maghrébine telle que vous l'avez définie ?
Je dirai que nous avons à lutter contre un certain nombre d'obstacles. En tant que Maghrébins, nous avons du mal à transcender notre complexe aussi bien vis-à-vis de l'Occident que celui nourri envers le Machreq (Orient). Je suis désolé, la culture arabo-musulmane n'est pas la propriété exclusive de l'Orient. Nous revendiquons notre part de contribution qui n'est pas moins importante. Si la langue arabe constitue l'un des ses principaux piliers, l'Islam a étendu cette civilisation jusqu'aux confins de l'Asie et de l'Afrique du Nord, et ouvert, par conséquent, la voie à tous ses peuples qui s y revendiquent avec autant de légitimité. De même que nombreux furent les juifs et les chrétiens, voire même des athées qui ont contribué à l'épanouissement de cette civilisation.
Alors, il est temps, pour nous Maghrébins, du fait de ce que nous avons subi à cause des colonisations successives, et par rapport au dénigrement dont nous sommes victimes de la part du Machreq, de lutter efficacement contre ce complexe. Ce qui n'est pas le cas hélas! A cause de ce complexe, nous sommes, aujourd'hui, en train de nous démarquer du Machreq et, donc, de cette civilisation arabo-musulmane, à telle enseigne que cette approche est l'objet actuellement de manipulations politiques visant à «désiquilibrer» le Maghreb, en le faisant sortir de son appartenance historique et civilisationnelle. C'est là aussi, et je m'en désole, une attitude portée, aujourd'hui, par de nombreux maghrébins qui sont tombés, inconscients, dans les rets de cette politique. Voilà ce qui constitue un véritable danger pour nous Maghrébins.
Dès lors, que faut-il pour rendre au Maghreb sa grande place culturelle ?
C'est par l'enseignement que tout s'acquiert. Il faut reconstituer ce travail de manière saine, et sur tous les plans, musicalement, culturellement et historiquement.


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