Quatre jours après l'attaque terroriste qui a coûté la vie à quatre gendarmes, la nouvelle Tunisie fait front. A l'appel du parti majoritaire, Nidaâ Tounès, des centaines de manifestants ont pris d'assaut le mythique boulevard Habib-Bourguiba, placé sous haute surveillance, pour clamer à l'unisson le mot d'ordre rassembleur de la « Tunisie libre, terrorisme dehors ». Cette revendication majeure trouve toute sa signification dans l'ancrage d'un modèle réussi de transition démocratique adossé aux institutions républicaines élues. Aux antipodes des dérives sectaires et sanglantes dramatiquement vécues par les autres pays qui ont emprunté l'aventure chaotique du « printemps arabe », la nouvelle Tunisie est rattrapée par la bataille sécuritaire. Elle est d'autant plus incontournable que l'exigence de la stabilité interne et le poids des menaces régionales, véhiculées par le passage à l'acte du Daech en Libye voisine, appelle à l'union sacrée, dûment contractée dans le gouvernement d'unité nationale associant tous les acteurs politiques influents, les représentants de la société civile et des personnalités indépendantes. Aux couleurs du pluralisme, le combat contre le terrorisme se doit ainsi de dépasser les vieilles rivalités, exhumées lors de la marche. Alors que le partenaire Ennahda, longtemps accusé de complaisance et de laxisme, a apporté son soutien actif, l'un de ses responsables, Abdelkrim Harouni, et un prédicateur islamiste radical, Adel Almi, ont été pris à partie par des manifestants en colère. Mais face au défi des apôtres de Daech, retranchés dans les monts de Chambi ou lançant des attaques contre les forces de sécurité, la guerre contre le terrorisme s'inscrit dans une démarche solidaire portée par l'acquis inestimable de l'expérience démocratique tunisienne prônant le rassemblement national pour vaincre le péril du démembrement destructeur. Tout aussi légitimement, elle est confiée au premier gouvernement élu de Habib Essid procédant, en Conseil des ministres exceptionnel tenu mercredi dernier au Palais de Carthage, au déploiement sécuritaire et militaire aux frontières, décidé de traquer les terroristes dans leurs derniers retranchements pour rétablir la sécurité dans toutes les régions tunisiennes. En tête des priorités, le projet de loi contre le terrorisme et le blanchiment d'argent, déposé par Essid et annoncé en conférence de presse par le président de l'Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur, requiert la mobilisation générale et sans faille. A la conférence des gouverneurs organisée hier à la caserne de la garde nationale de l'Aouina, le chef du gouvernement tunisien a rappelé que « le défi majeur auquel fait face la Tunisie est sécuritaire et exige une action ferme ». nLarbi Chaabouni